Du 5 au 6 mars dernier, une délégation du Conseil de Sécurité des Nations Unies a séjourné dans notre pays. L’objectif de cette mission était de constater de visu le chemin parcouru et de donner une nouvelle impulsion aux parties signataires afin de traduire en actes les engagements consignés dans l’Accord. Au terme de cette visite de terrain, la délégation a réaffirmé non seulement son soutien au Mali, mais aussi appelé les parties à accélérer la mise en œuvre de l’Accord. C’était lors d’une conférence de presse que la délégation a animée au quartier général de la Minusma.
Durant deux jours, les quinze membres du Conseil de Sécurité, conduits par l’Ambassadeur permanent de l’Angola à l’ONU, Ismaël Abraão Gaspar Martins qui assure la présidence tournante, ont sillonné quelques villes de notre pays, à savoir Bamako, Tombouctou et Mopti. Au cours de ce périple, la délégation a eu à rencontrer toutes les couches de la société malienne afin de s’imprégner de l’évolution de la situation sociopolitique après la signature définitive de l’Accord.
Rencontrant la presse pour restitution, Ismaël Abraão Gaspar Martins a indiqué que l’objectif de cette mission était de rencontrer les principaux acteurs de l’application de l’Accord. « Vous le savez, le Mali est un pays sur l’agenda du Conseil de sécurité qui suit de très près le processus de paix et nous sommes venus au moment où nous tenons à faire un peu le bilan, faire le point de comment ça marche, comment ça évolue, comment arriverons-nous à la paix et à la mise en application de l’Accord qui a été signé», a-t-il souligné.
François Delattre, représentant permanent de la France à l’ONU, précisera que cette visite de terrain a un message central qui est d’encourager l’ensemble des acteurs maliens, afin de donner un coup d’accélérateur à la mise en œuvre de l’Accord.
Par ailleurs, François Delattre rappellera que la délégation a eu un entretien utile avec le Président de la République, le Gouvernement, l’opposition et la majorité présidentielle, la CMA et la Plateforme et d’autres acteurs à Bamako Tombouctou, Gao et à Mopti. « Et donc, mon message c’est que ce propos central que nous avons tenu unanimement au nom du Conseil de sécurité a eu un écho unanimement positif. Moi j’étais très frappé, le Président a été très clair dans son engagement, ainsi que le Premier ministre et les membres du Gouvernement. L’expression ‘’hâter le pas’’ a même été employée. J’ai été frappé aussi de voir combien, chez nos interlocuteurs, la mise en œuvre de l’Accord était une priorité » a-t-il soutenu.
Partant, il a noté quelques actions prioritaires dont le Conseil souhaite la traduction en actes, notamment le processus de décentralisation, l’organisation des élections locales, l’opérationnalisation des nouvelles régions, la nomination des représentants de l’Etat et des nouveaux exécutifs locaux, entre autres.
S’agissant du sentiment partagé par les populations face à la lenteur du processus, Fodé Seck, Ambassadeur du Sénégal à l’ONU, dira qu’ils ont rencontré certaines autorités politiques et administratives au Nord qui expriment un sentiment d’abandon de l’Etat. « Le maire de Tombouctou estime qu’il ne sent pas l’autorité de l’Etat. Celui de Gao affirme que l’Etat les a abandonnés », a-t-il fait remarquer. Partant, il fera savoir que la lenteur dans le processus s’explique par le fait que les femmes et les jeunes n’en sont pas encore pleinement impliqués. «Nous l’avons dénoté dans les différents comités, les différentes commissions, il n’y a pratiquement pas de femmes. Or sans les femmes en Afrique, très peu de choses se feront », a-t-il signalé.
La menace terroriste au premier rang de nos priorités
A la question de savoir si le Conseil a en projet, dans le cadre du renouvellement du mandat de la Minusma, de lui donner plus de moyens afin de lutter efficacement contre les terroristes, François Delattre a laissé planer le doute. Selon lui, la menace terroriste est au premier rang de leurs priorités. « Et là je sais que je parle pour l’ensemble des membres du Conseil de sécurité. C’est dans cet esprit que la France avait lancé dans le contexte que vous connaissez l’opération Serval. C’est dans cet esprit que la Minusma a pour mission, et c’est même une de ses missions principales, la protection des civils. Et qui dit protection des civils, dit bien sûr protection des civils contre la menace terroriste», a-t-il précisé. Partant, il a rendu un hommage aux 3500 éléments de la force Barkhane, déployée dans cinq pays du Sahel dont le Mali. A l’en croire, C’est l’opération, de par son ampleur géographique, la plus large que la France ait menée depuis la seconde guerre mondiale. «Donc en réponse à votre question, oui la lutte contre le terrorisme est et reste plus que jamais au premier rang de nos priorités», a-t-il conclu.
Boubacar SIDIBE