Dégradation de la situation sécuritaire au nord : L’accord de paix foulé aux pieds !

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Mali: les enjeux de la signature de l'accord de paix
Des rebelles du MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad), ici photographiés à Kidal dans le nord du Mali
AFP PHOTO / KENZO TRIBOUILLARD

Les récents affrontements entre les combattants de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et de la Plateforme du 14 juin 2014 d’Alger ; les assassinats sauvages de nos soldats à Tombouctou ; les enlèvements de véhicules sur le trajet Goundam – Tombouctou ; et les agressions et pillages à Echelle et sur le tronçon Goundam-Bintagoungou ; sont loin d’être des actes isolés. Ils sont, sans doute, la conséquence d’un accord de paix imposé par la communauté internationale à Bamako et aux groupes rebelles. Qui n’ont jamais souscrit à une quelconque dynamique de paix, pourtant, souhaitée par l’écrasante majorité des populations. C’est pourquoi, les rebelles de Kidal ont décidé de fouler aux pieds l’accord de paix, pompeusement signé à Bamako, les 15 mai et 20 juin 2015.

La signature de l’accord de paix entre le gouvernement et les groupes armés du nord, ne présageait rien de bon pour les Maliens. Depuis la signature en fanfare du document final à Bamako, en mai et juin derniers, les parties ont multiplié les actes de sabotage et de violation afin d’anéantir tous les efforts tendant à stabiliser le Mali. Il ne pouvait en être autrement dans la mesure où de part et d’autre, cet accord (très contesté) a été imposé par la communauté internationale, à travers l’Algérie et la France. Pendant qu’on tordait la main au gouvernement pour qu’il « cède » une partie de sa souveraineté, les rebelles de Kidal sont caressés dans le sens du poil pour accepter un document qui ne correspondait pas à leurs aspirations voilées. C’est dans ce tohu-bohu que le gouvernement a paraphé l’accord de paix, le 1er mars 2015. Il a fallu 45 jours de réflexion aux rebelles de la CMA pour qu’ils acceptent de parapher, à leur tour, le document. Un paraphe fait sous conditions. Car la médiation a ouvert des négociations parallèles avec la CMA afin d’aboutir à un compromis favorable à celle-ci, notamment un accord bis. Qui prend naturellement le contre-pied du principal accord. Car l’accord bis, appelé relevé des conclusions de l’accord de paix d’Alger, ouvre la voie à une forme d’autonomie de gestion. Il offre à la CMA des entités (trois régions : Kidal, Taoudéni et Ménaka) et un territoire (l’Azawad), que personne ne doit accéder (y compris le gouvernement) sans l’autorisation expresse de la CMA. Voilà le plan machiavélique issu du complot international contre notre pays. Les combattants de la plateforme ayant compris le manège, ont voulu en découdre avec ceux de la CMA, qui ont commencé à harceler toutes les personnes qui s’avisent à ne pas respecter la volonté des rebelles de Kidal. Ils ont engagé des combats pour non seulement mettre fin à ce harcèlement, mais aussi récupéré leur territoire.

 

Des rebelles « protégés »…

C’est ainsi que depuis, le 17 août dernier, l’accord de paix issu du processus d’Alger est violé par les parties signataires du document, notamment la Coordination des mouvements de l’Azawad. La situation sécuritaire s’est dégradée de façon générale sur l’ensemble du territoire national et particulièrement au nord du Mali. Des rebelles « protégés » par les forces onusiennes, ne cessent de créer la psychose au sein de la population.

Depuis, le 20 Août 2015, l’on déplore régulièrement des enlèvements et autres agressions sur l’axe Goundam-Tombouctou. Des informations faisaient état de la présence d’une quarantaine de véhicules de la CMA positionnés sur ce tronçon. Des hommes lourdement armés qui n’épargnent ni les organisations humanitaires, ni les civils, encore moins l’armée malienne qui se trouve cantonnée partout au nord du Mali au nom de la paix.

Le jeudi dernier, la localité d’Echelle (commune rurale de Tonka), a été la cible des bandes armées, qui n’ont pas hésité à piller les maigres ressources de commerçants et violenter les populations civiles.

Le lundi 31 Août, des passagers venant de Bintagoungou pour Goundam, ont été dépouillés de tous leurs biens par deux bandits armés sur des motos. Ces violences se déroulent dans le cercle de Goundam où la Minusma a un détachement. Mais comme si de rien n’était, la force internationale fait fi de ces violations successives de l’accord de paix d’Alger. Que les civils ne sont protégés que lorsqu’il s’agit des populations (rebelles) de Kidal.

Que dire des populations de Ménaka, Tabankort, Kidal, Anefis et d’autres localités qui se battent au quotidien pour préserver le semblant d’unité du Mali. Ce sont elles que la Minusma doit protéger contre leurs agresseurs : les combattants de la CMA et leurs complices.

Comment ne pas mettre en doute la bonne foi de la Minusma, lorsque des soldats maliens sont sauvagement assassinés aux portes de Tombouctou. Deux militaires ont été tués par des « individus non identifiés », selon un communiqué du Gouvernement. Alors que la réalité est tout autre. Ce crime est certainement l’œuvre de ces bandits de la CMA qui rôdaient, depuis plus d’une semaine, autour de Tombouctou.  Cette ville sainte et toutes les villes du nord du Mali, doivent aussi bénéficier d’une zone de sécurité sur 10 ou 20 kilomètres à la ronde, à l’instar de Kidal, Ber, Ménaka et d’autres localités détenues par les combattants de la CMA et protégées par les casques bleus. La CMA est consciente des actes qu’elle pose contre l’accord de paix et contre la République. Et cela au vu et au su de la Minusma, qui visiblement, ne fait pas grand-chose pour éviter que l’accord de paix d’Alger ne vole en éclats.

Idrissa Maïga

 

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