Traduisant sa volonté de prendre en main la résolution de la crise du nord du Mali, l’Algérie s’est donné le premier rôle en président les quatre groupes de négociation, qui ont commencé leurs travaux hier.
Ce sont les groupes : « Politique et institutionnel », « Défense et Sécurité », « Développement économique, social et culturel », et « Réconciliation nationale, Justice et questions humanitaires ». La vice- présidence ou le rapport est assuré par l’un des pays membres de la médiation qui comprend l’Onu, l’Union africaine, la Cedeao, l’Oci, et les pays de la région comme le Burkina Faso, le Niger, le Tchad.
Ce jeudi matin tout est allé très vite après plusieurs jours de démarrage difficile. Le groupe le plus difficile, selon bon nombre d’observateur, le groupe politique et institutionnel a été présidé par l’Ambassadeur d’Algérie au Mali, Noureddine Ayadi. Il y avait dans la salle, les représentants des groupes armés, ceux des communautés (société civile) et du gouvernement. Mais les intervenants étaient essentiellement la société civile.
Très vite, les différences d’appréhensions étaient perceptibles : tendance pour l’autonomie, et celle contre. Mais il n’y a pas eu d’écart de langage, sauf quelques contrevérités, quand un notable du nord a soutenu que l’expression ‘’kokadiè’’ utilisée à un moment donné de son histoire voulait dire « exterminer les touareg ». Ce qui est évidemment une mauvaise interprétation de notre histoire récente.
Selon Noureddine Ayadi, les interventions au sein des groupes thématiques visent à éclairer la négociation sur les expériences, les vécues des populations pour mieux percevoir les enjeux réels, afin que la médiation soit menée à bon port.
Le médiateur se veut être à l’écoute des propositions et suggestions, de façon équitable, de l’ensemble des représentants engagés dans le processus d’Alger. Les problèmes sont connus, dit-il, il s’agit maintenant d’apporter un meilleur éclairage pour aller vers les solutions.
Coordination de l’Azawad à travers ses intervenants, n’a pas hésité de dire son aspiration à l’indépendance. Les élections sont biaisées et on ne fait que mettre les gens du pouvoir. « Nous sommes pour l’indépendance, nous voulons gérer nous-mêmes nos affaires quelle que soit la manière », selon un intervenant.
Pour Fadimata Walet Aïbala, refugiée au Burkina Faso, le Mali a révélé depuis l’indépendance son incapacité à gérer ce problème. Des rebellions cycliques avec la dispersions des populations à chaque fois. Il est temps de trouver la solution dans l’intérêt de tout le monde. C’est devenu un problème multi-facial, avec le terrorisme, les bandits armés. Selon lui, c’est le gouvernement doit accéder à la demande d’autonomie pour laisser le peuple de l’Azawad s’autogérer.
Pour cet autre représentant de la société civile de la coordination signataire de la plateforme d’Alger : « nous voulons l’indépendance, la coexistence pacifique avec le Mali, pour sortir de l’ignorance, de la pauvreté. Il a également signalé l’existence de problèmes intérieurs graves, qui subsisteront même en dehors du Mali : des conflits entre tributs et dont le prolongement se trouve dans certains pays voisins qui se montrent amis.
On peut comprendre dans son propos que la solution des problèmes du nord n’est pas dans l’indépendance qui ne pourra pas résoudre certains problèmes internes aux populations du nord. Selon Muten Ag Ofen, « nous en face d’un problème de mal gouvernance ».
Mme Aziza député élue à Tombouctou en lisant un rapporteur s’est faite l’écho des femmes violées, des enfants égorgés, par les rebelles. « On ne peut que s’engager dans la paix, la reconquête de la dignité perdue.
Les populations du nord et au sud n’en peuvent plus et les populations n’attendent plus que la paix. Si nous voulons nous pouvons avoir la paix ici et maintenant », a-t-elle indiqué. « Nous proposons la régionalisation, le transfert des compétences, sauf celles qui relèvent du domaine régalien de l’Etat », a poursuivi cette porte-parole de la société civile.
Pour Azaz société civile venue de Gao, les populations de Gao ont une grande soif de la paix. Il faut s’entendre sur le contenu du statut politique. Donner la possibilité de s’autogérer qui ne sera pas contraire aux textes, tout en respectant le rôle régalien de l’Etat : défense nationale, diplomatie, monnaie etc..
« La police, la sécurité doivent être sous l’autorité d’un élu. Nous sommes tous des Maliens et il ne faut tenir des discours enfreignent à votre dignité », a-t-il sagement indiqué. Pour lui, régionalisation, fédération, autonomie, ce ne sont que des concepts, l’important, ce n’est que la mise en œuvre.
B. Daou