Dans cet entretien qu’il a bien voulu nous accorder au cours de son séjour Bamakois, l’enfant d’Ansongo, homme politique de son état, lève le voile sur la création des mouvements armés (Ganda-kohye et récemment Ganda-Izo) composés d’autochtones noirs des régions du nord face à l’irrédentisme de certains Touareg et dont il est fondateur. Aussi le Conseiller municipal de la mairie d’Ansongo parle également de la manière dont il a élaboré l’organisation de la flamme de la paix en conformité avec les souhaits de Koulouba et pour la quelle il a attendu deux ans pour voir la Libye et les pouvoirs publics maliens a travers le programme de désarmement et de réinsertion des combattants, le soutenir. Sans porter de gangs, l’homme politique avisé qu’il est, responsable politique des deux mouvements armés cités plus haut, fustige les comportements du Ministre Amadou Abdoulaye Diallo ainsi que celui de son camarade non moins Chef de la branche armée du mouvement Ganda-Izo et Ganda-Khoye, Amadou Diallo. Entretien.
Mali Demain : Pouvez-vous vous présentez à nos lecteurs ?
M. Seydou Ahmadou Cissé : J’étais un des responsables politiques du mouvement « Ganda-Khoye » (crée en 1994) au Ghana dans les années 1995 en tant que premier missionnaire. Cette mission m’a permis de renflouer les caisses de notre mouvement. Après le lancement de notre mouvement, quelques temps, nous nous sommes rendus compte que les premiers responsables ont trahi les jeunes. Ce qui a beaucoup déçu ceux-ci sur le terrain.
Mali Demain : Que s’est-il passé donc ?
M. Seydou Cissé : Après la cessation des hostilités, je suis resté pour gérer l’après « Ganda-Khoye » et celui du PAREN, de CARE-nord et l’ADN. Je suis resté toujours président de la Commission dépenses (de 1998 à 2008) pour la défense des intérêts des ex-combattants parce que les premiers responsables avaient échoué. Tenez-vous bien nos camarades Touareg qui se sont comportés de la sorte nous accusait que qu’ils oublient, l’article 7 du pacte National disait que c’est l’intégration de tous els fils du nord même si à l’époque eux rétorquaient que le « Ganda-Khoye » n’était pas crée. Ce qui est sûr, les premiers responsables ont monnayés l’intégration des combattants. Et compte tenu que je défendais mordicus les intérêts des sédentaires (Sonrhaï, Peulhs, Bozos…), j’ai été arrêté à maintes reprises par le gouverneur Amadou Baba Touré qui ne comprenait pas ma position. Le scénario qui avait été monté à l’époque est que nous voulions éliminer le gouverneur, le Consul sans munitions. Tenez-vous bien !
Mali Demain : Donc, c’est pour cela que vous avez crée le « Ganda-Izo » ?
M. Seydou Cissé : Oui ! Je m’explique. Malheureusement que ce scénario a échoué puisqu’il a coïncidé avec le départ de Ibrahim Ag Bahanga le 23 mai, la création d’une milice par El Hadj Gamou, nous avons donc jugé nécessaire de créer notre milice pour ne pas être surpris comme en 1992 où l’Etat a signé un pacte avec ces gens la. C’est comme cela que j’ai crée le « Ganda-Izo » parce que je ne pouvais plus collaborer avec certains traîtres qui fulminaient avec les Tamasheqs. Et puisque la preuve de la complicité de certains membres du « Ganda-Khoye » était établie. C’est ainsi que des frères, militaires et non les moindres ont décidé de nous appuyer parce que les « Idnane », les Arabes, ont crée leurs milices pour aider l’Etat à combattre l’insécurité.
Mali Demain : Pour quels objectifs et enjeux ?
M. Seydou Cissé : Les objectifs du « Ganda-Izo » étaient focalisés sur : – aider l’Etat et au moment des démobilisations, nos jeunes ne resteront pas en reste ; aider à protéger les animaux de nos parents qui sont toujours victimes d’enlèvements. En un mot, notre objectif principal, c’est aider le Président ATT à restaurer dans la paix dans cette partie du pays. Et pour cause, depuis l’avènement de la démocratie en 1991, donc du pluralisme, je suis avec cet homme. La création du Mouvement Citoyen m’a conforté dans ma volonté d’aider le Chef de l’Etat. Dieu merci c`est grâce a ATT que certains projets ont pu voir le jour tels que le pont de « Wabaria » ou la route Gao/Niamey. La création du «Ganda-Izo», n’avait pas pour but de tuer de paisibles populations même dans les marchés. Ce qui n`est pas notre ligne conductrice. Après maintes réflexions des camarades (qui occupent de hautes fonctions tant dans l’Armée que dans l’administration) et moi avons jugé de faire appel au Sergent Amadou Diallo. Sur ce, je lui ai envoyé un million de Franc CFA a Niamey afin qu’il nous rejoigne à Gao. Disons que Amadou Diallo était le responsable militaire et moi le politique. Entre temps, Diallo est reparti à Niamey où il sera arrêté. Cette nouvelle a fait que je suis venu à Bamako pour mobiliser toutes nos communautés (Tamasheq, Songhaï et autres) afin qu`il retrouve la liberté. Ce qui fut fait après beaucoup de démarches et tractations. Une démarche qui me rappelle les conseils de Sadou Diallo qui nous a toujours dit de travailler en communion et en synergie avec l`Etat face à l`insécurité. L’homme ne ménage aucun effort pour nous appuyer. Il faut savoir que les tueries de Hourara (4 personnes tuées sur le marché) n’étaient pas notre objectif. Et c’est à partir de là que nous nous sommes séparés de Amadou Diallo qui commençait à dévier de notre mission d’aider le Chef de l’Etat et protéger nos parents.
Mali Demain : Comment est arrivée l’idée d’organiser la flamme de la paix dans la région surtout dans le cercle d’Ansongo ?
M. Seydou Cissé : La flamme de la paix organisée par Akliknane m’a inspirée. Et c`est à partir de la que j`ai pense à en organiser. C`est ainsi que j`ai élaboré un projet dans ce sens que j`ai déposé au près des pouvoirs publics, de l`ambassade de la Libye et bien d’autres partenaires de notre pays afin que ce projet, le premier du genre, puisse voir le jour dans la région de Gao. C’est ainsi que le Consul Libyen m’a informé il y a un an, que le financement pour l’organisation de la flamme de la paix est acquit. Il se trouve que le Ministre du Commerce, M. Amadou Abdoulaye Diallo, voulait prendre la paternité en organisant cette fête à Ansongo. Ce que j’ai catégoriquement refusé puisque nous sommes opposés politiquement dans le cercle et puisque je suis Conseiller communal à Ansongo et président de la Commission de désarmement et de réinsertion des combattants depuis fort longtemps. Ainsi donc, j’ai fait savoir au Ministre Diallo qu’il ne peux et ne saura jamais organiser une telle fête ici sachant que nous sommes des élus à la base qui sont écoutés et respectés et lui, a été nommé. Mieux, il n’a jamais pris des armes, encore moins dire qu’il va les déposer! Pire dans la vision du Ministre, c’est le Président des Collectivités Territoriales, M. Oumarou Ag Mohamed qui devait être le parrain. Je lui ai dit qu’il n’est Pas question, M. Ousmane Issoufi Maiga est là. Il nous suffit et est bien représentatif.
Mali Demain : C’est ce qui explique l’entrée de Sadou Diallo dans l’organisation de la flamme ?
M. Seydou Cissé : C’est de là qu’est partie notre division des mois durant entre Amadou Diallo et moi et le Ministre aussi. J’ai fait un rapport dans ce sens qui a été envoyé aux autorités afin qu’elles s’assument. Ce qui ne tardera pas. Au cours du lancement du parti PDES le 17 juillet dernier, qu’un proche collaborateur du Chef de l`Etat et non le moindre, a approché le maire de Gao pour l’informer du choix porté sur lui pour organiser cette flamme de la paix. J’ai été aussi convoqué et sommé de rallier Bamako dans les quarante huit heures qui suivront. Le Collaborateur et Conseiller du Chef de l’Etat m’a fait savoir puisque vous n’arrivez pas à vous entendre, c’est Sadou Diallo qui va présider l’organisation de la flamme, sur ordre du Président de la République. Je lui ai répondu que le maire de Gao est un homme honnête, neutre et crédible. Avec lui, il n y a aucun problème surtout qu’il est capable de dépenser son argent pour vu que les choses aboutissent. Nous avons décidé que le Sergent Diallo va remettre les armes et moi j’étais chargé de faire le discours politique d’ouverture de la cérémonie afin d’expliquer les raisons. Nous avons fait appel à tous les Chefs des mouvements, Sergent Diallo en premier lieu qui a refusé de collaborer avec nous. Dix Chefs de groupes ont donc été crée afin de récupérer les armes. Ainsi, 466 armes ont été récupérées en quelques jours de moisson. Il faut savoir que le maire de Gao n’a jamais demandé à organiser une flamme de paix qu’il ne connaît pas et ne saurait l’organiser. Mais nous l’avons expliqué et aidés à relever le challenge. En plus Sadou H. Diallo est un homme social qui est toujours à l’écoute des populations. A Ansongo les jeunes le connaissent tout comme els groupements de femmes. C’est un homme du peuple qui se distingue par le travail. Surtout bien fait. Nous avons géré les 50 millions offerts par la Libye avec tous les acteurs. Le Maire de Gao a supervisé et n’a perçu un Kopeck. Le Maire de Gao a même dépensé son argent dans cette affaire. Ce qui se dit ça et là n’est que affabulations et intox parce que chaque Chef de groupe a perçu ses perdiems de mission pour ramener en contrepartie des armes. Même Akliknane, chef de groupe Tamasheq. Cette flamme a vu la présence de Tamasheq, Idoufane, Dawsakhs, Arabes, Touareg, Sonra¨, Peulhs. Cette composition a même surpris le Guide Libyen lorsqu’il a reçu la délégation de Gao qui est une première. Pour lui, c’étaient seulement des Sonrhaï qui venaient le voir ! C’est là où Sadou a dit qu’il fait la flamme de Fafa et non d’une seule communauté. Car l’insécurité concerne tout le pond et non une seule communauté. Cette flamme de la paix a été une réussite puisque 466 armes ont déposées.
Propos recueillis par Bokari Dicko