De l’insurrection de Kidal à l’Accord d’Alger : comment ATT a piégé Iyad

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Près d’un mois après la signature à Alger de l’accord pour la  restauration de la sécurité et de la paix à Kidal, entre le gouvernement et les insurgés de cette localité, l’heure de l’application a sonné. Chronique d’une crise désamorcée. Alger, 4 juillet 2006 : le général Kafougouna Koné, ministre de l’Administration territoriale et des Collectivités locales, au nom du gouvernement de la République et Ag Bibi, ex-chef des opérations du MPA (Mouvement populaire de l’Azawad) et actuel bras droit de Iyad Ag  Ghaly, signaient un accord sous le parrainage des autorités algériennes.

Pour y parvenir, que de tractations entre Bamako, Alger et Teghargat  (base montagneuse des insurgés). Auparavant, l’attaque de deux replique montres de luxe garnisons militaires à Kidal le 23 mai dernier a fait planer le spectre de la violence sur le septentrion  malien. En réalité, le coup de Iyad était simple : attaquer Kidal avec un  groupe de fidèles pour ensuite bénéficier d’un ralliement massif des intégrés  de l’armée et des autres corps de sécurité. Ils sont au total 2000 ex-combattants "intégrés", qui ont rejoint les rangs de l’armée et des forces de sécurité suite à la signature, en 1992, du Pacte national. Au finish, Iyad n’a réussi à entraîner dans son Imitation montre de luxe aventure que 180  intégrés qui servaient à Kidal.


Après cet échec, Iyad et ses hommes n’avaient d’autre choix : la négociation. D’où leur appel dans ce sens après leur retrait de Kidal.  Ils saisiront fin mai les autorités algériennes pour jouer le rôle de négociateur.

Entre-temps, le chef du gouvernement installe à Bamako une Cellule de crise comprenant les ministres de l’Administration territoriale, de la Communication, de l’Economie et des Finances, de la Promotion des Petites et Moyennes entreprises. Côté militaire, le chef d’Etat-major  Particulier du chef de l’Etat et le chef d’Etat-major général des armées siégeaient  au sein de ladite Cellule. Au début de la crise, la Cellule se réunissait tous les jours au  ministère de l’Administration territoriale pour analyser la situation militaire  sur le terrain et élaborer en conséquence des stratégies pour y faire face.

Le chef de l’Etat était régulièrement informé de la situation, notamment celle militaire. Dispositif de combat Justement dès le 23 mai, la hiérarchie militaire avait déployé à Kidal et dans d’autres localités du Nord près d’un millier d’hommes. L’opérationn "Djiguitougou" était en marche. Dans replique montre suisse un premier temps, l’ordre donné  aux militaires était précis : sécuriser Kidal et d’autres zones sensibles  du Nord, notamment Ménaka, Tessalit et Aniffis.


Pour  l’ensemble des opérations, un commandement opérationnel est placé  à Gao, sous la direction du chef de l’Etat-major général adjoint des  armées, le Colonel Lassine Koné. Plusieurs officiers de l’armée y siègent. A Kidal, un poste de commandement est mis en place. Il est dirigé par le Lieutenant-colonel El Hadj Ag Gamou,  commandant de la 1 ère région militaire (Gao). Ce PC  (avancé) dirige les opérations sur le terrain à Kidal. L’ensemble des garnisons militaires du Nord ont reçu au même  moment des renforts envoyés à partir de Sévaré (Mopti), Kati et même du  Bataillon des para-commandos de Bamako, chargés de sécuriser la ville de Kidal.  Le dispositif en hommes est appuyé par un impressionnant arsenal de  guerre.


Pour soutenir financièrement cet "effort de guerre", l’Etat, en  seulement un mois a débloqué, un demi milliard de F Cfa. Somme destinée au  paiement de primes des soldats, à l’entretien et au ravitaillement des engins, ainsi qu’à l’alimentation des troupes.


La stratégie de Iyad


En dépit de ce déploiement de force, l’armée ne pouvait pas passer à l’action à Kidal. Et pour cause, un affrontement à l’intérieur de la  ville pouvait aboutir à un carnage. Iyad, en fin stratège, le savait. Alors,  la seule option maillot de basket nba pas cher militaire qui restait était d’aller chercher les insurgés dans les montagnes de Teghargat, situées à une centaine de kilomètres  de la ville et à quelques kilomètres de la frontière algérienne. C’est dire que l’option militaire était sérieusement envisagée à  Bamako.


Seulement, fallait-il analyser tous les contours d’un affrontement armé entre l’armée et les insurgés. Dans cette optique, Iyad et ses hommes face à la supériorité (en  effectif et en matériel) de l’armée ont fui vers une zone qui leur est  favorable.

La région de Kidal abrite en effet de nombreuses zones montagneuses et accidentées qui peuvent constituer des bases sûres pour n’importe quel groupe armé. En 1990, Iyad et ses hommes s’étaient installés dans les montagnes de Taïkaren. Et ce n’est qu’en 1994 que l’armée a finalement démantelé cette base qui, deux ans durant, avait résisté à tous les assauts.


Hier, Taïkaren, aujourd’hui Teghargat, la hiérarchie militaire ne  pouvait
que prendre en compte les liens entre la rébellion des années 1990 et l’insurrection de 2006, toutes deux déclenchées par un même homme :  Iyad Ag Ghaly.

Et dans l’hypothèse d’un affrontement, Iyad et ses hommes, tout comme  en 1990, étaient décidés non pas à un combat direct avec l’armée, mais à  une guérilla avec des attaques surprises qui risquaient de toucher d’autres localités. En 1990, ce fut d’abord Ménaka, ensuite tout le Nord s’était embrasé.

A Bamako, la hiérarchie militaire en a conscience. Alors fallait-il  ouvrir les hostilités avec le risque d’une dégradation de la situation comme celle connue en 1990 ? La question était à l’étude tant au niveau du ministère de la Défense, de la Cellule de crise qu’à la présidence de  la République.


Iyad piégé


A vrai dire, seul le chef de l’Etat et chef suprême des armées, Amadou Toumani Touré, devait décider entre la solution militaire et la voie du dialogue. Il a finalement choisi la deuxième solution. Et pour  paraphraser un diplomate étranger en poste à Bamako : "ATT a géré intelligemment la crise".

En effet, le chef de l’Etat a eu pour premier réflexe d’éviter tout chaussure de football pas cher affrontement à Kidal. Un officier supérieur de l’armée confesse : "si l’armée était entrée en action à Kidal, ç’allait être la catastrophe.


La ville allait être détruite".


E
n réalité, ATT a déjoué le plan des insurgés qui misaient sur une réaction "aveugle" avec toutes les conséquences que cela comportait en termes d’image pour le pays. Une telle réaction ne pouvait que grossir  les rangs de l’insurrection et mettre en péril d’innocentes populations de Kidal, voire d’autres localités du Nord. En 1990, face aux représailles  de l’armée, d’honnêtes citoyens avaient finalement rejoint les rangs de la rébellion. C’est pourquoi, le chef de l’Etat dès le 23 mai avait  demandé aux Maliens d’éviter l’"amalgame entre ceux qui ont tiré à Kidal et  tous les autres intégrés qui sont restés fidèles à la nation". En évitant,  une réaction de l’armée, Amadou Toumani Touré a, en réalité, piégé Iyad Ag Ghaly . Celui-ci une semaine seulement après l’attaque, a pris contact avec l’ambassadeur d’Algérie au Mali Le diplomate algérien a été prié d’intervenir auprès des autorités maliennes pour l’ouverture de négociations. Entre-temps, les autorités nigériennes et mauritaniennes ont apporté Leur soutien aux autorités de Bamako pour éventuellement traquer les  insurgés

au cas où ils s’aventuraient sur leurs territoires respectifs. Face au déploiement militaire, dans le septentrion, l’agitation et la  peur ont gagné le rang des insurgés. Certains chefs de l’insurrection, notamment Hassane Fagaga fait le déplacement en territoire algérien  pour y rencontrer des responsables de ce pays, en début juin. Les Algériens voulaient obtenir des gages de la part de Iyad avant de contacter officiellement les autorités maliennes. Iyad envoya à Alger une série  de revendications dont le point principal portait sur le statut  particulier de la région de Kidal – Alger indique son opposition à toute  revendication portant sur l’intégrité du territoire malien. Aussitôt Iyad abandonne cette revendication, malgré l’hostilité de certains éléments radicaux

de son groupe.


A Alger, des instructions sont alors données à l’ambassadeur d’Algérie  au Mali. Le diplomate est chargé de contacter le ministre de  l’Administration territoriale, le général Kafougouna Koné qui, entre-temps, avait été désigné par le chef de l’Etat de piloter le dossier. Bouteflika presse C’est ainsi que le Président de la République a été informé de la  décision
des Algériens de s’impliquer dans le dossier. Dès lors d’incessants déplacements ont eu lieu entre Bamako et Alger  d’une part et entre Teghargat et Alger d’autre part.

Au cours de cette navette, le chef des services spéciaux algériens (service secret), le général Rachid, a été aperçu à plusieurs reprises  à Bamako. En réalité, c’est lui qui, dans l’ombre pilotait les  négociations.


De son côté, le général Kafougouna Koné, après avoir reçu les premières revendications des insurgés le 15 juin, informa depuis Alger, le  président Amadou Toumani Touré. Celui-ci indique à son ministre la voie à suivre  "voyez si cela est conforme au Pacte national. Dans le cas contraire,  ne négociez rien". A Alger,  les dix premières moutures du projet d’accord présenté par  les insurgés seront rejetées par le général Kafougouna Koné. Manipulation  de

l’opinion ? Un des négociateurs du côté des insurgés  diffuse début juillet sur le site "Kidal – info", la neuvième mouture rejetée à  Alger.

Le projet d’accord définitif est ensuite élaboré par les négociateurs. Après consultation du Président de la République, Kafougouna Koné donne son aval. La date de signature est fixée au 4 juillet (veille de la  date d’anniversaire de l’Algérie). Coup de théâtre : les insurgés rejettent  cet accord. Informé, Abdel Aziz Bouteflika manifeste alors son irritation.   Il menace les insurgés de retirer son pays des négociations et de fermer  la frontière algérienne, s’ils n’acceptaient pas les termes de l’accord définitif. Et Bouteflika instruit aux négociateurs algériens de lui présenter l’accord définitif avant son voyage à Banjul où avait lieu le dernier sommet de l’UA. Et le 4 juillet, ce fut l’Accord d’Alger.


Près d’un mois après, le plus important a été fait : faire adhérer les Maliens à ce document qui évite au pays une aventure dont nul ne peut présager des conséquences, au moment où d’intenses travaux de  recherches pétrolière sont en cours dans le Nord du pays. Des recherches qui, du reste, sont prometteuses de l’avis des sociétés déployées sur le  terrain.


Il s’agit maintenant de passer aux actes : mise en place d’un Conseil 
De suivi, création d’unités spéciales afin de sécuriser davantage la  région et la restitution des armes emportées par les insurgés.

Ainsi, de nombreux combattants et notables qui avaient rejoint les insurgés ont commencé à retourner à Kidal. Et les autorités maliennes s’apprêtent à entamer les autres volets de l’accord d’Alger. Dans ce cadre, l’on annonce la création d’une Cellule technique au niveau du gouvernement en vue d’honorer les engagements pris à Alger. Alors place aux actes.


C.H Sylla

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