La ville de Kidal a vibré, hier mardi, au rythme de la marche des jeunes et des femmes pour commémorer l’anniversaire du mouvement de libération de l’Azawad. Cette marche intervient à un moment où sévit la sécheresse dans certaines poches de la région et où les combattants pro-Kadhafi d’origine touareg ont pris leur quartier dans le septentrion malien avec armes et bagages.
Chose promise, chose faite. Annoncée depuis le week-end dernier pour commémorer l’anniversaire du mouvement national de libération de l’Azawad, la marche des kidalois a finalement eu lieu. Autrement dit, la promesse des fleurs a tenu celle des fruits.
Malgré, l’interdiction des autorités de la région, les populations ont marché. Sur les banderoles on pouvait lire: « Azawad veut la Liberté », « respect des droits de l’homme ». Bien plus, il y avait la cartographie des trois régions du Nord Mali à l’appui. Une manière pour les marcheurs de réclamer la création de leur Etat.
C’est face à la détermination des populations de Kidal à marcher, coûte que coûte et quoiqu’il en coûte, que Le gouverneur de la région, le colonel Major Salifou Koné, a pris des dispositions pour la tenue de cette marche.
« Nous sommes là pour la marche. Nous marchons aujourd’hui pour célébrer l’anniversaire du mouvement de libération de l’Azawad. Parmi nous, il y a des jeunes, des hommes mariés, des femmes avec leurs bébés. Tout le monde est là et il est difficile d’estimer le nombre exact des marcheurs, mais nous sommes plusieurs centaines à partir du centre ville jusqu’à l’aéroport de Kidal », nous répond à l’autre bout du fil un jeune qui se trouvait dans le cortège des marcheurs. C’était, aux environs de 9 heures du matin.
Un agent de sécurité que nous avons contacté déclare : « nous avons estimé le nombre des marcheurs à deux cents (200) personnes, mais il est difficile de donner le nombre exact des marcheurs car ce nombre augmente. A chaque fois qu’ils passent dans une ruelle, les habitants du secteur les accompagnent ».
En effet, la marche a commencé depuis le centre ville de Kidal et plus précisément au niveau du rond point de la ville en passant par la route qui mène à l’aéroport avant de replier. Les marcheurs scandaient des slogans en langue tamasheq comme ‘’Azawad wer inaz’’ (Azawad ne se vend pas) tout en brandissant le drapeau du mouvement nationale de l’Azawad comme un trophée de guerre en signe de victoire.
« Le gouverneur, le colonel major Salifou Koné, nous a dit de marcher pacifiquement et de ne pas transformer la marche en casse. Du coup, chacun s’est responsabilisé et personne n’a commis un acte de violence », nous confie un autre jeune de Kidal après la marche aux environs de 11h.
Les populations comptent revenir à la charge le 5 novembre prochain : « cette fois-ci, les marcheurs jurent de planter le drapeau de l’Azawad en lieu et place des couleurs nationales », nous indique cette même source sécuritaire qui a participé à l’encadrement de cette marche. Avant de poursuivre : « avec cette marche, nous croyons que nous allons enfin voir qui se cache derrière ses jeunes et ses enfants et qui les poussent aussi à marcher. Mais pour le moment, aucune personne connue ne s’est vraiment déclarée comme leaders du mouvement. Nous voyons des hommes qui se tiennent à l’écart de la marche et qui suivent attentivement tout ce qui se passe, mais nous ne sommes pas sûr vraiment qu’ils sont à la tête de ce mouvement ».
Cette marche ne surprend personnes aujourd’hui à Kidal, car les populations depuis une semaine, assistent à des descentes dans la rue des jeunes, mais en petit nombre.
En effet, le mercredi 26 octobre dernier, aux environs de 17h, des écoliers sont allés au marché de la ville de Kidal pour crier partout : « Azawad liberté ! ». Le vendredi 28 octobre, un autre groupe de jeunes s’est donné rendez-vous près de l’aéroport de la ville de Kidal pour chanter et danser au nom de l’Azawad.
Pour le moment, le gouvernement malien joue à la prudence avec ces mouvements, mais une action rapide pour trouver une solution est primordiale sinon nécessaire.
Aujourd’hui, tous les accessoires sont réunis pour une nouvelle rébellion. Selon plusieurs ONG travaillant dans le septentrion malien, les prix des denrées alimentaires ont connu une hausse de 30%. S’y ajoute, une année moyenne pour ne pas dire faible sur le plan agricole. Et comme pour ne rien arranger, les combattants pro-Kadhafi d’origine tamasheq sont venus en grand nombre, avec des armes lourdes. Et pendant ce temps, le mouvement national de L’Azawad est sur l’offensive.
« Tout dépendra de la manière dont le gouvernement malien va gérer la crise », déclarait un élu de la région de Kidal il y a deux semaines. Une chose est sûre : c’est qu’ATT est une fois de plus devant l’histoire et a la lourde tâche de faire en sorte que la paix règne dans une localité où les populations meurent de faim et de soif.
A bon entendeur salut !
Baba Ahmed