Les crises récurrentes au Mali constituent un chapitre douloureux marqué par des événements qui heurtent la sensibilité humaine. Le tissu social et économique a été profondément ébranlé. Ces crises graves ont laissé des traces au sein des populations, surtout au plan moral. C’est pourquoi, elles ont besoin d’être pansées, soignées, afin d’accéder à une réconciliation nationale de toutes les filles et de tous les fils du Mali, et à un vivre-ensemble.
Le vivre-ensemble est-il encore possible après les crises récurrentes que notre pays a connues ? Pour répondre à cette question, nous avons approché deux spécialistes pour avoir leurs points de vue.
Selon le Coordinateur des chefs de quartiers de Bamako, Bamoussa Touré, la perception des Maliens du vivre-ensemble était une perception assez simple avant ces crises récurrentes. Car, quand il n’y a pas de problème qui oppose les communautés, le vivre-ensemble se porte très bien entre ces communautés. Avant ces crises, les communautés du Mali, celles du Nord comme du Sud, vivaient ensemble dans une totale harmonie. «Les relations étaient basées sur les réalités historiques, sociales et culturelles qui régissaient la vie de l’ensemble des Maliens», a-t-il expliqué.
Selon lui, c’était des relations de fraternité, de convivialité et d’amitié entre les différentes communautés. «Nous avions des comportements qui sont respectueux l’un envers l’autre et basés sur certaines de nos valeurs sociétales et traditionnelles, qui faisaient que chacun a de bonnes raisons de respecter ses semblables. Donc, s’il n’y avait pas de crise, ça veut dire que les rapports étaient au bon fixe entre les communautés», a déclaré Bamoussa Touré.
«Quand on dit crise, on parle toujours de situation exceptionnelle. Car les crises que nous avons connues sont des crises très graves qui ont déchiré le tissu social et économique et ont laissé des traces dans les populations, tant au plan de la santé que du moral…», a-t-il poursuivi. Et d’ajouter que ce sont des crises qui ont besoin d’être pansées et soignées. Mais pour cela, explique le Coordinateur des chefs de quartiers de Bamako, «il faut savoir quelles sont d’abord les circonstances qui ont amené ces crises. Quelles ont été les conséquences sur les populations ? Quels sont les mécanismes et les institutions qu’on peut mettre en mouvement pour qu’ils se penchent sur ces crises afin de trouver des solutions idoines et durables ?»
Selon Bamoussa Touré, c’est ce qui nous a amenés à mettre en place des institutions comme celle de la Commission Vérité-Justice-Dialogue-Réconciliation. «Cela veut dire que lorsqu’il y a des perpétrations de crimes , il y a des victimes et si l’on veut ressouder ce tissu social , il faut absolument que l’on fasse la vérité sur ce qui a été fait et qui l’a fait, pourquoi il l’a fait ; sur qui il l’a fait et rendre cette vérité non seulement à toutes les parties prenantes, mais surtout au peuple malien qui doit savoir ce qui s’est réellement passé», a-t-il proposé. À ses dires, en restaurant la vérité, on donne raison à celui qui a raison et tort à celui qui a tort. «Après cette restauration de la vérité, il faut passer à la phase de restitution de droit à ceux qui ont été lésés. C’est une phase indispensable pour que ceux qui ont été lésés se rendent compte que ce qu’ils ont subi, a été reconnu et réparé», a martelé Bamoussa Touré.
Après ces différentes phases, estime le Coordinateur des chefs de quartiers de Bamako, «nous nous retrouvons maintenant dans le vestibule de la réconciliation. Quand on a dit la vérité, restitué la vérité et réparé le tort, celui qui a eu cette réparation de tort peut être amené à pardonner. Au final de toutes ces opérations, il s’agira surtout d’améliorer les relations, au mieux, entre l’Etat et le citoyen, c’est-à-dire, faire la réconciliation entre l’Etat et le citoyen. Cela va dans le sens du renforcement de l’Etat, de la démocratie, de la laïcité de la République et met aussi le citoyen dans ses droits les plus fondamentaux vis-à-vis de l’Etat», a déclaré Bamoussa Touré.
Par ailleurs, il a indiqué que le vivre-ensemble est possible, mais qu’il faut y croire, quand on engage une action de bienfaisance. «Nous sommes des Maliens et tous ceux que nous venons de dire comme conditions aux retrouvailles, si toutes ces conditions sont réalisées, nous allons nous pardonner. Donc, chacun de nous est dans une situation morale capable de l’amener à accepter l’autre. Si toutes ces conditions sont réunies, il n’y aura aucun doute que le Mali va retrouver sa belle unité nationale d’antan», a-t-il conclu.
Quant au président de l’Association malienne des droits de l’Homme (Amdh), Moctar Mariko, il a souligné au cours d’un séminaire international sur la justice transitionnelle et la réconciliation nationale, tenu le 6 novembre 2014 à Bamako, que la réconciliation nationale et la paix durable ne peuvent être obtenues que par un traitement adéquat et équitable des cas de violations des droits de l’homme et par une lutte sans concession contre toute impunité. «Cette lutte ne peut se permettre aucune mesure d’amnistie qui risquerait de créer des sentiments de frustration chez les victimes et de conduire inévitablement à une recrudescence de la violence à travers la vengeance et la justice de la rue», a-t-il déclaré. Avant d’ajouter que le droit à la justice, à la vérité et à la réparation contribuent à soigner la plaie en profondeur.
Diango COULIBALY
Il va y avoir de la méfiance entre les citoyens
CES BANDTTS NE REPRESENTENT PAS LA COMMUNAUTE TOUAREG.
LES BRAVES POPULATIONS DE KIDAL SONT D’ALLEURS PRIS EN OTAGE PAR CES CRIMINELS TRAFIQUANTS………………
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