Crise sociopolitique : L’heure est à l’action et à l’anticipation

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Nul besoin d’être dans le secret des dieux, après le discours inconséquent du Secrétaire général de l’ONU sur la situation du Nord et les foyers de tension qui se multiplient au sud, pour se rendre à ces deux évidences : Primo, la solution au problème du Nord, au-delà des actions attendues de la communauté internationale et de l’implication des organisations sous-régionales, se trouve entre les mains des maliens. Secundo, la situation sociopolitique au Sud, au regard des frustrations qui vont crescendo au sein des populations, risque de se détériorer davantage si aucune mesure n’est prise.

De ces deux réalités résultent systématiquement deux conséquences à savoir la nécessité pour le Mali d’agir politiquement et/ou militairement en faveur de la reconquête du Nord et de la restauration de son intégrité territoriale, et l’obligation des autorités en charge de la transition d’anticiper toute grogne sociale afin de préserver la stabilité et la cohésion sociales à Bamako (seules gages d’une véritable union sacrée en faveur du Nord).

La position des Nations Unies, réconfortant celle des Etats-Unis, du Burkina et de l’Algérie, dans la résolution de la crise du Nord ne souffre d’aucune ambiguïté : ‘’Le MNLA et ANSARDINE ne sont pas des ennemis du Mali et l’intervention militaire, tant souhaitée, n’est pas la solution au problème’’. Bien qu’hostile ou relativement à cette position, le gouvernement malien se trouve aujourd’hui dans l’obligation de négocier avec ces deux mouvements et, le comble de l’ironie, sans déterminer au préalable sur quelles bases, pour quelles conditions et à quelles fins ?  Autant cette entreprise parait de prime à bord très peu crédible, du fait des nombreuses incertitudes et zones d’ombre qui l’entourent, de la même manière les compromis qui pourraient en résulter risquent de souffrir de l’adhésion du peuple malien compte tenu de la division de ce dernier sur certaines questions essentielles. D’où la question suivante : quelles sont les chances pour le MNLA et ANSARDINE de se faire accepter par le peuple malien, si ce dernier demeure lui-même divisé ? Ou du moins, quelles crédibilités pour une négociation politique avec ces deux mouvements si les risques d’une remise en cause par une partie de la population sont quasi réels ? Face à ces préoccupations, il revient au Mali de tirer toutes les conséquences et d’agir en tout état de cause. Le discours du secrétaire général des nations unies, au delà des inquiétudes non moins négligeables, est un aveu d’impuissance et l’expression d’une réalité cachée mais flagrante : celle de l’intérêt politique et économique pour la communauté internationale  d’engager une intervention militaire très couteuse dans un pays comme le Mali, où il n’y a ni pétrole ni café-cacao… Quant à la Cedeao, il faut dire qu’elle ne manque pas de volonté politique même s’il est évident qu’elle n’a malheureusement pas les moyens de sa politique. En d’autres termes, l’heure est à l’action pour le Mali. Que ce soit politiquement ou militairement, le Mali peut et doit pousser ses propres pions et être plus entreprenant en la matière. Lesquels ne devraient pas être, bien entendu, contraires à ceux de la communauté internationale, ni remettre en cause les acquis.

‘’Si gouverner, c’est aussi prévoir’’, il revient au gouvernement de transition d’anticiper et de faire preuve de concession afin d’éviter toute grogne sociale. Les ingrédients d’une instabilité à Bamako se rassemblent petit à petit, tandis que les écueils d’un ras-le-bol général vont crescendo. La crise scolaire actuellement en stand by, les dérives de plus en plus intolérables des agents de la sécurité routière, le ralentissement des activités, le chômage, les divergences de la classe politique, la paralysie récente du secteur du transport, le népotisme, l’impunité, la cherté de la vie, l’insécurité grandissante…sans compter la psychose générale résultant de l’occupation des 2/3 du territoire national : voilà autant de problèmes qui démontrent la fragilité actuelle de Bamako et la nécessité pour le gouvernement Cheick Modibo Diarra d’entrevoir de nouvelles perspectives plus difficiles et de prendre les dispositions y afférentes. En d’autres termes, Bamako risque de connaitre des soulèvements si des actions préventives ne sont pas prises et mises en œuvre pour freiner tout cas d’injustice ou d’écœurement généralisé.  Puisse le Seigneur, dans sa miséricorde, protéger le Mali et réconcilier les cœurs des maliens !

FOUSSEYNI MAIGA

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2 COMMENTAIRES

  1. Les Maliens qui ne sont pas plus belliqueux que d’autres, savent absolument tout de la négociation avec les dirigeants du MNLA et d’Ançardine pour l’avoir pratiquée jusqu’à l’indigestion depuis des décennies. Il est vrai que les rebelles d’alors – dont nombre sont toujours là – étaient engagés sous d’autres étiquettes, dans des configurations d’alliances différentes mais le résultat a été invariable : ni les accords, ni les concessions, ni la décentralisation, encore moins l’impunité tacite octroyée n’ont réussi à empêcher les mêmes protagonistes de tirer tout le profit possible des avantages concédés puis de reprendre les armes à la moindre occasion et de tuer pour imposer des vues de plus en plus maximalistes jusqu’à cette ultime fiction d’un Etat indépendant sur un territoire où ils sont ultra-minoritaires.

    Oui, l’armée malienne ne doit plus compter que sur ses propres forces pour récupérer à la sueur de son front, ce qu’elle aura perdu à la vitesse de ses jambes. Aide-toi, le ciel t’aidera a-t-on coutume de dire. C’est tout le Mali qui sera donc derrière son armée pour laver l’honneur souillé de la patrie. En déclenchant les hostilités face à ces illuminés jihadistes, le Mali ne sera jamais seul dans son combat. Des pays comme le Nigeria, le Niger et l’Afrique du Sud ne resteront pas insensibles à son combat.
    D’autres pays africains, conscients du mépris de la communauté internationale face au drame de tout un continent, sauront se mobiliser et nous aider. Mais on n’a plus le choix, malgré nos lacunes diplomatiques et communicationnelles, malgré la déchirure politique, malgré la crise de trésorerie, il nous faut nous résigner à aller au combat. Un combat pour l’honneur et la dignité retrouvée. Un combat qui fera que le Mali sera de nouveau respecté et craint.
    Avec le double langage diplomatique actuel, ne pas agir c’est accepter de fait la partition du pays. Attendre encore des mois, c’est permettre à cette énigmatique communauté internationale de nous amener vers des négociations biaisées qui consacreront la dislocation du pays pour aller vers un fédéralisme suicidaire. Armée malienne, la balle est dans ton camp. A toi de donner tort à tous ces spécialistes te décrivant comme moribonde et inefficace. A toi de te montrer à la hauteur de la grandeur de ce Maliba très mal en point.

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