Tout semble indiquer que l’accord politique de Ouagadougou, qui avait pourtant suscité tous les espoirs pour un retour à la paix au Mali, n’aura été que le fruit d’une vaine discussion et une perte de temps en plus de la feuille de route d’Alger qui était censée baliser le terrain. Les efforts déployés, les sacrifices consentis et leurs acquis sont en train de fondre comme du beurre au soleil dans le bras de fer que se livrent les protagonistes des pourparlers à Alger.
Les six mouvements armés du nord du Mali, invités par Alger, n’arrivent pas à parler d’une seule voix, pour faire bouger les choses. Le point d’achoppement est le débat entre ceux qui veulent parler de fédération et ceux qui préfèrent le mot large autonomie. Face aux mouvements, les autorités maliennes semblent avoir préparé une proposition de régionalisation poussée. Mais elles n’ont encore rien dévoilé et cela fâche certains responsables des groupes armés comme le Mnla.
Aucun camp n’entend lâcher du lest. Ce qui n’augure pas un bon lendemain. Les Maliens commencent à scruter l’horizon pour voir le bout du tunnel. Exactement comme au début de la crise. Autre fait remarquable, qui rappelle la période de 2012, c’est le repli sur soi dans les deux camps. Les positions ont changé, les discours aussi.
Cette situation risque d’exacerber les positions au niveau des militants des deux camps, et de réveiller les vieux démons. Les discours haineux, les manifestations de protestation qui ont longtemps entretenu cette crise, pourraient reprendre, faisant ainsi voler en éclats, si ce n’est déjà fait, les amitiés créées ou recollées dans le cadre de l’Accord de Ouagadougou. Des couleuvres ont été avalées au nom de la paix, mais elles ne semblent pas mortes. Et depuis Alger, pour les pourparlers directs afin de trouver une issue de sortie favorable à la crise, l’on semble être sur le chemin du retour à la case départ.
Paul N’GUESSAN