Crise malienne : Le Mali se bat-il contre des moulins à vent ?

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La crise qui maintient le Mali dans une situation plus forte qu’on ne le croit, a connu en ces derniers temps un essor ô combien salutaire avec le rapprochement des points de vue entre les autorités locales et l’institution sous-régionale, la Cédéao. Pour mémoire, le Mali s’opposait de manière martiale à un déploiement d’une force étrangère à Bamako, condition sine qua non d’une intervention proposée par ses interlocuteurs.
Avec cette nouvelle donne, le Mali se trouve ainsi entre deux possibilités pouvant mener au recouvrement de l’intégrité du territoire : les voies de la négociation et de la guerre. Une espèce de manichéisme dans lequel l’obligation s’impose à Bamako de puiser la solution idoine pouvant conduire à une paix civile, et sur lequel les avis sont loin d’aller dans la même orientation. Même dans l’arène politique la cacophonie s’est invitée et promet de donner, dans les jours à venir_ qui seront vraiment décisifs_ un os sur lequel se casser les dents.
Parlant de la crise au Nord, un ami journaliste, observateur tenace, m’a écrit de Paris les mots suivants : «  Je crains qu’il n’y ait rien à négocier avec les troupes qui occupent le Nord ». Une analyse de la crise, vue par ’un journaliste étranger, qui aura du mal à recueillir l’adhésion de bon nombre de maliens qui croient dur comme fer que la guerre seule est la voie royale pour la reconquête du Nord. Inutile de dire qu’en ce sens les négociations sont balayées du revers de la main. De plus, il y a une ombre au tableau qui est que les fondamentalistes islamiques, du haut de leur revendication d’une autre époque, ne veulent négocier que dans la mesure où l’Etat malien leur donne le feu vert pour l’application d’une « certaine » charia au Nord. Une volonté, certainement, de dicter les lois de la négociation à laquelle il serait inacceptable pour l’Etat malien de céder. Car « il faut être humble avec les humbles et plus fier que les orgueilleux » C’est ce que nous recommande le bon sens. Et, si nous aimons le pays dans lequel nous vivons, le prix à payer pour l’arracher des crocs des individus venus d’on ne sait quel univers, serait de renoncer aux concessions qui, il faut le dire, nous ont conduit dans cette irrésolution, plaçant du coup la continuité même de la nation sous une menace certaine.  Encore une fois, on ne doit négocier avec les fondamentalistes islamiques qu’en position de force. Si négociation il y a bien sûr ! A dire vrai, le duel Etat malien-groupes armés s’applique fort bien à un dialogue de sourd dont personne ne peut anticiper sur la conclusion, au risque de faire fausse route.  La situation déjà bien tendue promet de se corser dans les jours à venir.
Mais il demeure aussi une hypothèse qu’il serait digne d’ausculter. Celle d’une possibilité de fusion des différents groupes armés pour  faire front contre un ennemi commun : l’Etat malien. A mon avis, cette hypothèse ne mérite pas un si grand engouement, en considération des expériences vécues qui ont toutes montré que la fusion de ces groupes n’est finalement que le mariage de l’eau et du feu. Un mariage contre nature dont l’insuccès tient quelque part aux divergences qui existent dans les revendications.
Alors donc, il apparait clairement que le Mali a en face de lui des ennemis bien réels qu’il serait naïf de présenter comme réductibles. Des ennemis qui n’entendent pas se laisser marcher sur les pieds. Mais, comme on aime à le dire, l’histoire finit toujours par rattraper ceux qui croient la dompter. Le Mali ou du moins les maliens n’ont jamais été vaincus par personne. Ce pays est pareil à une pirogue qui tangue mais  qui ne va jamais chavirer. Tôt ou tard les fondamentalistes islamiques engagés dans un combat sans queue ni tête, finiront par entendre la raison. Il en est de même pour les irrédentistes touaregs qui sont déjà perdus dans leur combat de démagogie identitaire.
Boubacar Sangaré

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