Crise du Nord : Péril sur la présidentielle d’avril

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Le chef de la diplomatie malienne est un professionnel reconnu de la communication. Par conséquent, ses propos d’hier  prêtant à notre constitution de s’être pourvue contre le vide institutionnel, laissent déduire que la présidentielle prévue peut ne pas se tenir en avril.  Ce qui n’est qu’une probabilité pour Soumeylou Boubeye Maiga  est de plus en plus considéré comme une quasi certitude, selon des sources crédibles de la sous-région. Péril donc sur l’échéance d’avril fixée par le gouvernement.  En effet, même s’il est fait fi  du cauchemar logistique dont la question centrale du fichier électoral pas encore disponible, on voit mal comment à soixante-dix jours de distance, le scrutin pourrait être organisé au Nord, c’est-à-dire dans l’entièreté des régions de Tombouctou, Kidal, Gao.

Soumeylou Boubèye Maïga, ministre malien des Affaires étrangères.

Entièreté voulant dire sortir des capitales régionales qui elles ne semblent pas poser de problèmes pour l’instant. Entièreté impliquant aussi que les candidats puissent battre campagne dans  la majeure partie des circonscriptions de cette zone. Entièreté impliquant enfin tout autant le retour de nos  compatriotes réfugiés – c’est idéal mais pas obligatoire- que le retour de la sécurité donc d’une ambiance propice aux campagnes électorales. Or de ces données, nous sommes encore loin. Il reste à l’armée à reprendre, au nom de l’orgueil national et la cohérence tout court, les positions qu’elle a notoirement perdues.

Or des batailles sont en cours dont celle de Tessalit, un verrou stratégique que plus d’un spécialiste considère comme un tournant pour le projet indépendantiste du Mnla ou la reprise en main des affaires du Nord par l’Etat. Une présidentielle sans le Nord ou  limitée aux capitales régionales –dont sans l’essentiel des circonscriptions locales reste une possibilité et une possibilité d’autant plus envisageable qu’il commence à se dire que l’électorat total de ces régions n’est guère plus important que celui de trois communes du District. C’est peut être vrai mais le Nord c’est d’abord la signification politique et celle-ci prend nettement plus d’importance dans le contexte actuel de visées sécessionnistes.

Or la décision politique de sortir le Nord partiellement ou totalement du scrutin  est tout aussi improbable que le retour à la normale suite à un dialogue inclusif et décisif dans les délais qui nous séparent de l’échéance  de la présidentielle d’avril. Ce n’est pas très réjouissant comme perspectives. Mais il faudra sortir la tête du sable : les chances que le 8 juin, Att remette le témoin à un président élu sont plus que faibles. Cesse t-il d’être président ce jour là pour autant ?  Le juge constitutionnel nous le dira. Mais le président a dit à plusieurs occasions qu’il s’en ira quoi qu’il arrive. Même si dans le contexte actuel, il ne sera pas parti de la façon la plus historique possible ?  Tout ce qu’on peut dire, c’est que les signes d’agacement et de lassitude qu’il montre sont ceux d’un homme pressé de passer la main.

A qui ? Dioncounda Traoré, président de l’Assemblée nationale et en tant que tel dauphin constitutionnel. Pas pour longtemps, car il a moins de deux mois pour tenir la présidentielle retardée  Deux grandes questions se poseraient alors qui ne trouveraient leur réponse que dans un fétichisme constitutionnel susceptible ou d’un contournement consensuel de l’acte fondamental. L’un accepterait que le président intérimaire puisse être candidat à la magistrature suprême comme l’est Dioncounda Traoré en ce moment.

Ce qui veut dire que lui et son parti seront surveillés comme jamais quelqu’un ne l’a été et patatras à la moindre erreur. L’autre intégrera l’argument d’un Nord revenu à la paix et celui de se donner le temps d’avoir des élections les meilleures possibles. En déniant au président transitoire que le dauphin constitutionnel sera devenu entretemps candidat à la présidentielle qu’il doit organiser. La force et la faiblesse des deux schémas sont avec le président intérimaire. S’il dit non à l’intérim, il faudra recourir à l’arbre à palabre, notre  fière constitution ne prévoyant pas explicitement le double empêchement.

Adam Thiam

 

Boubèye Maiga hier sur RFI:

Soumeylou Boubèye Maïga, chef de la diplomatie malienne, contre «tout partage du territoire»

Après les révélations concernant la tuerie d’Aguelhoc, le 24 janvier, au Nord-Mali, faite sur RFI par le ministre français de la Coopération, Henri de Raincourt, à son retour de Bamako, c’est au tour du ministre malien des Affaires étrangères, Soumeylou Boubèye Maïga d’expliquer ce qui s’est passé. Et pour la première fois, il évoque un possible report de la présidentielle du 29 avril prochain. Il était l’invité de Christophe Boisbouvier, ce mardi 14 février 2012.

Soumeylou Boubeye Maiga, (concernant) le massacre d’Aguelhoc, le 24 janvier dernier, on parle de plus de 60 militaires maliens faits prisonniers et exécutés, est-ce que vous confirmez ?

Soumeylou Boubeye Maiga : Oui, je confirme qu’à Aguelhoc, il y a eu plusieurs dizaines de soldats qui ont été faits prisonniers, qui ont été ligotés les mains derrière le dos, et achevés par une balle dans la tête. Il y avait là, clairement, la signature des groupes salafistes qui se trouvaient donc impliqués aux côtés du mouvement qui prétend se battre pour l’indépendance de l’Azawad. Et donc, nous avons envoyé une commission d’enquête, qui est en train de recueillir différents témoignages et rassembler, compléter, les preuves que nous avons déjà, pour voir quelles suites judiciaires éventuellement réserver à cette situation qui est totalement inacceptable au plan national comme au plan international.

RFI : Alors le MNLA reconnaît avoir attaqué Aguelhoc le 24 janvier, tout en affirmant qu’il n’a tué aucun prisonnier.

S.B.M. : Ce que moi je relève, c’est d’abord les massacres qui ont eu lieu. Et je relève aussi que le MNLA ne s’est pas démarqué de ces atrocités. Tous ces groupes, en fait, sont imbriqués les uns dans les autres et passent d’un théâtre à un autre et s’unissent pour combattre l’Etat.

RFI : Les rebelles touaregs du MNLA affirment qu’ils n’ont rien à voir avec les salafistes d’al-Qaïda au Maghreb islamique, Aqmi.

S.B.M. : Vous savez, ce sont des affirmations qui sont toujours faciles à tenir. Ce que moi je relève, c’est ce qui se passe sur le terrain. Maintenant, il est évident que la lutte contre Aqmi a été présentée comme un prétexte pour solliciter des soutiens ici et là, et prétendre qu’eux, ils pourraient combattre les salafistes mieux que l’Etat, et que cela a pu leur bénéficier à un moment ou à un autre. Mais aujourd’hui, je pense que tout le monde réalise la dérive.

RFI : Donc pour vous, le discours anti-al-Qaïda des rebelles touaregs du MNLA, c’est pour séduire les occidentaux, notamment les Français, mais que cela ne tient pas la route ?

S.B.M. : Mais cela ne tient pas du tout la route ! Vous savez qu’il y a des équipes comme ça, qui peuvent tirer profit du drame des otages. Mais ça ne tient pas la route ! Et l’explosion de la violence que nous connaissons, n’aurait jamais été possible s’il n’y avait pas eu l’arrivée sur notre sol, d’éléments et de matériel venus d’ailleurs.

RFI : De matériel venu de Libye?

S.B.M. : Venu de Libye en particulier, oui. D’ailleurs, ceux qui agissent aujourd’hui au nom du mouvement en question, sont des personnes venues de Libye, avec la prétention même de conduire une révolution armée sur le sol malien.

RFI : Depuis les années 1960, les rebelles touaregs n’ont jamais massacré des militaires maliens faits prisonniers. Pourquoi le feraient-ils aujourd’hui ?

S.B.M. : C’est dû au fait, aussi, que c’est une revendication qui ne repose sur aucune base populaire. Et probablement qu’un des calculs, c’était d’entraîner aussi les forces gouvernementales dans des actions de violence contre les populations. Dieu merci, jusqu’à ce jour, il n’y a aucune bavure de la part de l’armée malienne contre des citoyens maliens.

RFI : Vous avez envoyé sur place une commission d’enquête. Est-ce que ces exécutions sommaires ne risquent pas de créer des tensions entre communautés ?

S.B.M. : Non, ces responsables ne sont pas des communautés. Les responsables sont connus. Donc le moment venu, une fois que les résultats de cette commission seront à la disposition du gouvernement, nous verrons les suites judiciaires, au plan national comme au plan international.

RFI : Donc vous ne craignez pas de représailles contre l’Etat ?

S.B.M. : Non. Vous savez, il y a eu des manifestations autour de Bamako, en particulier à Kati qui est ville-garnison dans le nord d’où venaient la plupart des militaires, ceux qui ont été victimes. Ces manifestations-là ont été circonscrites. Malheureusement, cela a pu donner lieu aussi à des débordements qui ont été clairement condamnés par le gouvernement. Et cela peut, malheureusement aussi, conduire plusieurs de nos compatriotes à céder à la propagande et à céder à la panique. Et aujourd’hui, nous essaierons de faire en sorte que tous nos compatriotes qui se retrouvent en dehors des frontières, puissent revenir dans la confiance. Et ceux qui sont déjà revenus, ont pu constater qu’il n’y avait pas de ressentiment, parce que la force de notre nation, c’est l’unité dans sa diversité.

RFI : Mais tout de même, le sujet n’est-il pas très sensible ? Et n’est-ce pas pour cela que vous avez retenu l’information d’Aguelhoc pendant plusieurs jours ?

S.B.M. : Oui, sur ces questions, on attend toujours ce type de communication. Mais nous, nous avions voulu préserver la divulgation de ces faits, jusqu’à en avoir une maîtrise totale, et jusqu’à pouvoir informer les familles, après avoir identifié les victimes. Or, malheureusement, vous savez qu’aujourd’hui il y a plusieurs canaux de communications possibles, et les images ont circulé en dehors du contrôle du gouvernement et nous avons dû, après, agir pour rattraper les débordements qui pouvaient être liés à ces images-là.

RFI : Est-ce que l’élection présidentielle est toujours fixée à fin avril ?

S.B.M. : Oui, pour le moment, même si aujourd’hui, la priorité pour nous c’est de ramener la sécurité. Et dans tous les cas de figure, même si d’aventure les dates que nous avions déjà fixées n’étaient pas possibles pour telle ou telle raison objective, notre Constitution nous offre assez de clés pour la poursuite des procédures démocratiques.

RFI : C’est-à-dire que le premier tour qui était fixé au 29 avril pourrait être repoussé de plusieurs semaines ?

S.B.M. : Je ne le sais pas. En 1992, nous avions connu la même situation. Et à un moment donné, nous avions dû repousser de quelques semaines les élections législatives. Cette fois-ci, je pense que le moment venu, tous les acteurs concernés feront l’évaluation de la situation. Mais il n’y a aucun risque parce que les dispositions de notre Constitution nous offrent assez de marge de manœuvre pour éviter toute rupture constitutionnelle.

RFI : Après la tuerie d’Aguelhoc, est-ce que le dialogue est encore possible ?

S.B.M. : Oui, nous restons ouverts au dialogue. Oui, pour le dialogue et pour tout ce qui peut toucher au partage du pouvoir et sur des bases transposables à l’ensemble du pays, mais non à tout partage du territoire.

Par Christophe Boisbouvier, RFI.fr –  mardi 14 février 2012

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22 COMMENTAIRES

  1. l article 50de la constitution donne l autorisation au president de la republique de poursuivre son mandat en ca d attaque a l intégrite du pays

  2. C’est marrant tout ça, ceux qui sont au pouvoir ne veulent pas le quitter et ceux qui veulent venir sont pressés!!! Hum la politique, ils s’en foutent du Mali sinon on ne serait pas là!!! Qu’ils dégagent tous vous etes tous coupables de ce fiasco en ce moment!!! 🙁 🙁 🙁

  3. Soumeilou, vous êtes Ministre aujourd’hui et vous suggerez un possible report et j’imagine, lorsque vous etiez au chomage vous n’allez pas penser comme ainsi?Par ailleurs,je pense que nous devons nous battre pour tenir ces elections à la date indiquée c’est ce qui fera du Mali un grand pays capable de surmonter tous les desseins malsains des diables.

    • Entièrement d’accord avec toi. Il faut que les élections se tiennent. Nous savons par ailleurs que l’entourage du Président est minée de partisans d’une transition aventuresque. Ils ont été démasqués et le peuple et son armée ne se laisseront pas faire. UN PEUPLE UN BUT UNE FOI 😐 😳

  4. ATT A TRAHIS CE PAYES AVEC LA COMPLICITE DE LA CLASSE POLITIQUE. Nous vous pardonnerons pas pour cela. Tout ca est fait parce que le T.R.A.I.T.R.E Pré ne veut pas quitter le pouvoir mais inch Allah sa marchera pas. Nous exigeons une transition pour mettre à l’écart t.o.u.s l.e.s t.r.a.i.t.r.e.s du pays…
    Que Dieu maudisse tous ses apatrides !

  5. “vison-2012” j’attends ton commentaire sur le sujet AQMI/MNLA; Car je crois que SBM lui il fait clairement état de connivences entre les deux groupes.

  6. Baba Ahmed ami des bandits change de ton, vite envois aussi ce que tu viens d’ecrire à RFI 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 Pour denigrer notre armée, il dit aider par les mercennaire Ukraniens. Il faut que des poursuite soit engagé contre type dans ce pays pour atteinte à la securité nationale. Encore qu’il soit meme à Bamako ccomme il le dit depuis Bamako!!! Maintenant c’est le tour de Menaka, bande de salaups!!!!

  7. Franchement est ce que c’est le plus important pour notre pays avec votre bidon? La nation est attaquée par des bandits mon ami!!!!

    • Comment ça, ce n’est pas important pour notre pays? Il ne faut pas qu’ATT reste au pouvoir comme ça!!! “Mon bidon” vaut mieux que votre non proposition: un pays est fait pour que les gens réfléchissent pas pour véhiculer la haine!!!

  8. Il faut ouvrir une transition de 2 ans où Modibo SIDIBE sera président, avec l’accord de tous, sans possibilité de se présenter en 2014…faire la guerre aux terroristes et organiser des élections transparentes…

  9. Comment peut-on distraire le peuple en parlant d’élections quand son existence est en jeu ?
    Faut-il entendre que la partie du pays soumise aux exactions de renégats ne participera pas aux élections ?
    Non, le grand et noble peuple malien ne mérite pas une telle forfaiture !
    Il est temps que les institutions jouent pleinement leur rôle et assument leurs responsabilités.
    « L’Assemblée Nationale doit interpeler le gouvernement pour l’entendre sur la guerre en cours », et les dispositions prises et à prendre pour la gagner.
    Il est certain que le gouvernement actuel n’aura pas de réponse satisfaisante, l’Assemblée devra promouvoir un gouvernement dont le mandat sera de faire la guerre et d’organiser les élections en temps opportun sur l’ensemble du territoire national.
    Une majorité à l’Assemblée Nationale devra se construire autour de ce programme. Pour une fois, la constitution sera mise en œuvre conformément à son esprit : Un chef de gouvernement émanant d’une majorité parlementaire.
    La fin du mandat du chef de l’Etat ne pose pas de problème, un intérim sera assuré par le Président de l’Assemblée Nationale jusqu’à ce que la situation sécuritaire permette des élections qui expriment le choix réel du peuple souverain qui aura gagné la guerre.

    • LES MALIENS NE FONT QUE PAYE L´ERREUR OU LA BETISE DE PRENDRE ATT COMME PRESIDENT SANS PARTI POLIQUE SANS PROGRAMME TOUT LE MONDE A VU COMMENT IL A GERE LA TRANSITION MAIS ON L´A PRIS QU´EN MEME IL A GERE LE PROBLEME DU NORD COMME SI C´ETAIT UN PROBLEME DE SA FAMILLE IL REGNAIT EN MAITRE ABSOLUT DE LA SITUATION VOILA MAINTENANT QUE LE MALI A ETE HUMULIE DEVANT LA FACE DU MOMDE ENTIER

  10. quels sont les mécanismes de la Constitution qui permettent de faire ce qu’il dit? …..ce discours n’est pas convaincant…..

    • l article 50done l autorisation au president de la republique de poursuivre son mandat en ca d attaque a l intégrite du pays

  11. Il faut faire preuve de sérénité et de maturité, car l’ennemi veut destabiliser et affaiblir les institutions en place. Le but de tous les bandits et terroristes c’est de semer la panique, la peur et le mécontentement général.

  12. En tout cas frere Lynx22, att doit demissionne avec son gouvernement comme tu l’a si bien dit les partis politiques a l’ecart et former une transition neutre, vraiment neutre et repartir du bon pied.

  13. Le Mali a imperativement besoin d’une nouvelle transition sans les acteurs du CONSENSUS………………….point ❗ ❗ :!:………avec dissolution de tous les partis politiques,les compteurs doivent etre remis a ZERO et nous repartirons sur des bases saines… 😐 😐 😐 😐 😐

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