Crise du Nord : Menaces sur le nord Mali / Convoitises et collusions mafieuses

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L’espace sahélo-saharien est désormais reconnaissable à la description d’une situation interne alambiquée et confuse, caractérisée par l’extrême étendue des territoires, la circulation de tonnes de drogue, d’armes de toutes sortes, mais aussi d’Aqmi. La rigueur du climat se conjugue avec un faible peuplement et des frontières inexistantes mettant en cause l’effectivité de la souveraineté des Etats et nourrissant des velléités de revendications irrédentistes.                              

Le contexte ainsi décrit se prête à la criminalité transnationale organisée, alimentée par l’immigration clandestine et le transit d’environ 50 tonnes de cocaïne par an, selon l’ONU. Dans ces zones arides du Mali, de la Mauritanie, du Niger etc, la pauvreté n’a fait que conditionner et exacerber  les complicités locales, aboutissant à « l’accroissement de la menace terroriste marquée par l’enracinement du terrorisme djihadiste incarné par AQMI ». Le nord Mali, l’espace saharo-sahélien de façon générale, connait aujourd’hui une situation que seules des convoitises de tous genres et des collusions mafieuses peuvent expliquer.

Comment sortir nos Etats de cette impasse à l’heure des nouvelles menaces dues à la crise libyenne, et de la connectivité Boko Haram ? Résoudre cette équation relèverait de la géopolitique à l’explication de laquelle s’était prêté Soumeylou Boubeye Maïga, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, lors du lancement de la filière des sciences politiques de l’Université Amadou Hampaté Bâ, le 14 novembre dernier. Les réponses à ces défis internes et transnationaux sont « nécessairement globale, multidimensionnelle (sécurité, développement, gouvernance) et multinationale », concède le ministre malien. Pour la mettre en œuvre il faut : instaurer la sécurité et contenir les facteurs de désordre, mettre en œuvre une politique de développement visant une récupération sociale du territoire par le redéploiement de la puissance publique et une offre de service de base et apporter une réponse institutionnelle pour garantir plus de participation, plus de responsabilité, plus d’expression des particularismes sans remise en cause du pacte républicain, selon Soumeylou Boubèye Maïga.                     
Le ministre qui fait de la coopération régionale et internationale son cheval de bataille pour une mutualisation progressive des capacités, saura-t-il de concert avec ses homologues de l’Algérie, de la Mauritanie et du Niger mener à bien cette géostratégie de la bande sahélo-saharienne ?                                             

En tout cas, à travers, le CEMOC (Comité d’état major opérationnel conjoint) et l’UFL (Unité de fusion et de liaison), les pays du champ disposent d’instruments géostratégiques de leur convenance pour endiguer les défis ou des menaces qui sont déjà à nos portes avec l’arrivée de centaines de militaires libyens lourdement armés au nord Mali. L’élargissement au cours d’une rencontre, en décembre, des pays du champ au Burkina Faso, au Nigéria et au Tchad et la rencontre annoncée avec l’UMA (Union du Maghreb Arabe) notamment la Libye, le Maroc et la Tunisie sont des pistes géostratégiques de sortie de crise pour une région qui ne manque pourtant pas d’imprévus pour à chaque fois bouleverser ou remettre en cause les dispositifs mis en place.                                                                                                   

  B. Daou

 

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