Entre les combattants revenus de Libye, rien ne va désormais. Sur font de crise tribale, les ex- officiers libyens se crêpent allègrement le chignon. Chacun joue des coudes pour un meilleur positionnement face aux autorités militaires du Mali acculées jusque dans leur dernier retranchement. En tout cas, selon nos sources, des dissidences ont déjà éclaté entre hauts gradés. Une situation qui menace dangereusement le processus engagé par le président Amadou Toumani Touré et son homologue Algérien.
L’arrivée des ex-soldats de Kadhafi constitue un véritable casse-tête pour les autorités militaires et politiques de notre pays. Le ballet diplomatique entamé par le chef de l’Etat, Amadou Toumani Touré, lui-même depuis plus d’une semaine, démontre l’importance et l’attention accordée à ce dossier au plan national et même international. Mais, malgré l’engagement des plus hautes autorités, certains officiers, pour des intérêts de leadership, viennent d’engager un bras de fer avec la branche pacifiste.
Le Colonel Waki Ag Ossad (qui était à l époque le malien le plus gradé dans l’armée Libyenne) et le Colonel Awanzak, tous proches du Colonel Gamou, chef d’Etat-major particulier adjoint de la Présidence, font l’objet d’attaques systématiques. Ils sont accusés d’être des «vendus du régime» pour avoir accepté de désarmer et d’être cantonnés. Les radicaux qui n’avaient pas pris part à la cérémonie officielle de remise d’armes à la délégation ministérielle, ont vraisemblablement des arrière-pensées peu visibles pour l’instant. Parmi eux, on peut citer le Colonel Mohamed Najim, le Colonel Ag Amakadaye (de la 34ème division de Baní Walid) et un grand nombre d’officiers dont on a perdu les traces hommes et armes et dont on ignore les vraies intentions. Ces derniers possèderaient un arsenal très important dont des missiles de longue portée, des explosifs très puissants, des centaines de véhicules et un millier d’hommes. Ils auraient été aperçus pour la dernière fois dans les environs de Tanaynayte.
Selon des sources proches du dossier, le Colonel Mohamed Najim et beaucoup de combattants «mécontents» auraient déjà rejoint le groupe d’Ibrahim Ag Bahanga. Une information confirmée par le porte-parole du MNLA, Hama AG Sidahmed, au quotidien algérien Al Watan. Selon plusieurs autres sources que nous avons contactées, le nombre de ces combattants «dissidents» est plus important que les «cantonnés» de Takalote et qui ont reçu la visite des Ministres. Ceci s’explique aisément par des tensions tribales qui ont longtemps divisé la communauté touareg.
Aujourd’hui, la dissidence est profonde entre les pros Gamou et les pros Iforas. Une situation aggravée par l’envoi de renforts militaires dans la zone. Les «radicaux» redoutent une malicieuse intention du Gouvernement de préparer la répression. Pour ramener la cohésion au sein des différentes tribus, une mission a été diligentée sur les lieux le 27 octobre 2011. Cette mission est composée de plusieurs personnalités dont Iyad Ag Agaly (chef politique et militaire de la rébellion des années 1990) et Mohamed Ag Erlaf (Coordinateur du PSPSDN. Croisons donc les doigts en attendant le retour de cette importante délégation.
Mohamed Ag ASSORY et Abdoulaye NIANGALY