Crise au Nord-Mali :Pourquoi ATT n’a pas ramené d’otages

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La problématique des otages de Bahanga – Fagaga taraude aussi bien à Bamako que dans le reste du Mali, depuis que le chef de l’État malien est revenu pratiquement bredouille de son séjour algérien. Aussi les inquiétudes sont-elles d’autant justifiées que la diplomatie malienne s’en est tirée avec une déconvenue qui rend plus pessimiste qu’elle ne rassure, quant au sort de compatriotes retenus de nombreux mois déjà.


Parti au pays de Abdel Aziz Bouteflika pour faire d’une pierre plusieurs coups, Amadou Toumani Touré, connu pourtant pour son habileté dans les éclats diplomatiques, aura manifestement plus réussi dans l’accessoire que dans l’essentiel. Sa récente visite en Algérie voisine vient en effet d’arracher l’une des dernières pousses d’espoir chez les Maliens désireux d’accueillir sauf le restant des compatriotes – et non moins symboles de l’État – malmenés depuis plusieurs mois par l’infernale entente Bahanga – Fagaga. La trentaine de malheureux otages n’étaient peut-être pas la motivation la plus apparente du séjour de Amadou Toumani Touré. À en juger par les sources officielles, il était surtout question d’une re-normalisation des relations de plus en plus glaciales entre le Mali et l’Algérie, deux pays qui avaient jadis cheminé sur la scène diplomatique comme deux larrons en foire. Le passage du président ATT devait ainsi déboucher sur une confirmation voire un renouvellement de la kyrielle d’engagements réciproques et de mutuelles promesses dans des domaines variés : de la sécurité à la coopération culturelle en passant par l’exploitation minière, entre autres. Mais normalisation implique logiquement relâchement, un phénomène auquel nombre d’observateurs imputent la résurgence de insécurité au septentrion, curieusement moins coûteuse pour le puissant protagoniste que pour le Mali qui en fait les frais par des atteintes à répétition aux symboles de la République, le minage des zones, les massacres humains suivis de prises d’otages, etc.


En tout état de cause, la libération des militaires maliens, sans être le dessein le plus perceptible de la visite présidentielle en Algérie, n’était visiblement pas une mineure préoccupation des hautes autorités maliennes. Pourquoi ATT est revenu d’Alger avec le désir inassouvi d’en soulever la coupe diplomatique ? Les supputations vont bon train sur la question. Selon des rumeurs de plus en plus persistantes et les moins invraisemblables, la trentaine d’otages ne se trouvaient ni en territoire malien ni en Algérie pendant le séjour de ATT. Ils seraient, selon les mêmes sources, entre les mains d’un groupe de rebelles pris en embuscade et encerclés par l’armée nigérienne. D’autres explications non moins vraisemblables font attribuent l’ajournement de la remise des otages à une volte-face du pays hôte, l’Algérie en l’occurrence, qui se serait finalement ravisée de les remettre pour ne pas avoir à confirmer des présomptions de complicité dans la crise au Nord-Mali. Quoi qu’il en soit, pour avoir raté cette occasion de s’illustrer et de redorer son image, la diplomatie malienne a pris un coup d’autant plus sérieux qu’elle perd en confiance et en notoriété auprès de bénéficiaires taraudés par l’amer paradoxe ci-après : le pays qui a fait des merveilles dans la libération d’otages étrangers se montre étonnement inapte quand il s’agit de ses propres citoyens.

 

A Keïta

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