Crise alimentaire : Le Sahel dans la tourmente

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« Nous ne pouvons attendre que la prochaine crise frappe, avant de tirer les leçons du passé. Nous devons investir maintenant dans les programmes qui aident les populations à être résilientes, face aux défis de leur environnement. Si nous continuons d’attendre, nous invitons les crises qui elles, détruisent les vies et les moyens de subsistance des gens, et ainsi le Sahel ne pourra jamais mettre un terme au cercle vicieux de la pauvreté et au delà à la faim. Mais les solutions sont là si nous sommes prêts à penser différemment et à agir intelligemment», a précisé le responsable de la Sécurité alimentaire d’Oxfam en Afrique de l’Ouest, Al Hassan Cissé.

Cette révélation a été faite lors de la présentation du rapport par le Groupe de Travail sur le Sahel, une coalition d’ONGs internationales évaluant les réponses aux crises alimentaires régionales  de 2005 et de 2010. Conclusion majeure: «Le sahel est dans un état permanent de crise».Ce qui nécessite dans la prévention d’une répétition de  crises similaires dans la région,  un investissement plus rapide et mieux ciblé. 

Selon les experts, avec les premières indications de récoltes insuffisantes et une montée des prix des denrées alimentaires, le groupe de Travail sur le Sahel met en garde sur la nécessité de tirer les leçons du passé maintenant,  afin d’éviter de sérieux impacts en 2012 et au delà. Le rapport souligne que la réponse à la crise de 2010 qui a affecté dix millions de personnes au Mali, au Tchad et au Niger a été meilleure comparée à 2005, et on convient que l’intervention ait été tardive et pas substantielle pour sauver les vies et les moyens d’existence de millions de personnes. Le Groupe de travail demande qu’au lieu d’attendre que les crises frappent avant d’agir, le rapport recommande que tous les acteurs investissent continuellement dans la vie des communautés les plus pauvres,  pour corriger les facteurs de base qui font qu’ils sont chroniquement vulnérables aux chocs externes.  

Le fait que 300,000 enfants meurent en saison normale de causes liées  à la malnutrition est en soi un scandale, mais cela démontre aussi que cette région est chroniquement vulnérable à ce genre de crises qui ont affecté beaucoup de personnes en 2005 et en 2010.”, a déclaré la confédération des pasteurs ouest-africains,  Dodo Boureïma de Bilital Maroobé,

A les en croire, au cours des derniers mois, la fragilité de la région a été mise à rude épreuve  avec l’impact du conflit en Libye où les pertes de revenues envoyés de l’extérieur par les travailleurs immigrés, forcés de fuir le pays, a eu des conséquences économiques dans certaines régions du Mali, du Tchad et du Niger. Etant donné que les populations sahéliennes dépensent plus de 60%  de leurs revenues sur les marchés locaux, la montée des prix de denrées alimentaires a été un défi majeur pour les familles alors que les pluies insuffisantes dans des régions du Burkina, du Tchad, du Mali  et de Mauritanie menacent à la fois les récoltes et les pâturages.

Le rapport souligne également qu’il y a encore des faiblesses dans l’efficacité du système d’alerte rapide, le timing des réponses, le choix des cibles, et la capacité  d’anticiper et de répondre spécifiquement  et efficacement aux problèmes rencontrés par les éleveurs.

Le groupe de travail sur le Sahel, recommande à tous les gouvernements, les acteurs humanitaires de changer fondamentalement leur façon de penser et de répondre  aux crises alimentaires au Sahel, en se projetant au delà des définitions sur ce qu’est une « Urgence », mais en pensant plus aux mesures préventives pour régler les causes profondes de la vulnérabilité à long terme.   

Une telle approche, inclus d’investir dans les petites exploitations agricoles, dans la réduction des risques de désastre, et en développant des programmes de protection sociale visant les pauvres, et  tout cela serait plus avantageux et plus efficace dans la sauvegarde des vies, au lieu d’attendre le début des crises avant d’y répondre. L’ancien directeur des Nations Unies pour les affaires humanitaires, Jan Egeland, a affirmé qu’avant la crise de 2005, le coût pour prévenir la malnutrition chez un enfant était d’un dollar, mais une fois que la crise était déclarée, ce coût par enfant montait à 80 dollars.    

 

 

 

Destin GNIMADI

 


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