CRIS d’orfraie de droits-de-l’hommistes sur la libération de terroristes : Une vocation tardive

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Alger: autorités et groupes armés maliens entament les discussions
Mardi 15 juillet, une quarantaine de prisonniers touaregs étaien relâchés par le gouvernement en échange de quarante soldats.
REUTERS/Adama Diarra

Plusieurs associations et institutions des droits humains ont manifesté hier à Bamako pour dénoncer la libération politique de 23 éléments du MNLA et HCUA par le gouvernement du Mali en octobre 2013 ainsi que celle des 42 éléments des groupes armés intervenue le 15 juillet dernier. Cette initiative des défenseurs des droits humains est une vocation tardive, car il a fallu que la Cour pénale internationale menace d’annuler leurs mandats à la prochaine Assemblée générale pour qu’elles se découvrent.

 

Pour s’insurger contre la libération politique des 23 éléments du MNLA et HCUA par le gouvernement du Mali en octobre 2013 ainsi que celle des 42 éléments des groupes armés le 15 juillet dernier, une vingtaine d’associations et institutions des droits humains ont battu le pavé ce jeudi, à Bamako.

Loin d’être une menace pour les négociations politiques en cours, les manifestants ont salué la reprise des pourparlers entre les protagonistes, la création de quatre groupes de négociation thématiques, dont celui relatif à “la réconciliation, justice et questions humanitaires” prévues par la feuille de route des négociations signée à Alger par les parties le 24 juillet dernier, afin de parvenir à un “règlement définitif du conflit”.

Pour les organisateurs, il ne peut y avoir de réconciliation juste et durable au Mali sans que soit apportée une réponse effective au besoin de justice dans le strict respect des droits aux recours et à un procès équitable.

“Cela passe par la lutte contre l’impunité parce que l’impunité est l’une des causes des différentes rébellions que le Mali a connues, ayant pour corollaire de nombreuses et graves violations des droits de l’Homme. Cette lutte est l’un des éléments essentiels d’une véritable réconciliation nationale et un gage de prévention de la vengeance”, a expliqué Me Moctar Mariko, le président de l’AMDH. Il a rappelé que les principes de base de la feuille de route ne prennent pas en compte la question des droits de l’Homme et de la lutte contre l’impunité en général.

La lutte est noble. Et le verbe est dans le discours. Mais visiblement, nos défenseurs des droits humains se découvrent, un peu sur le tard : un message qui aura du mal à passer malgré les services utilisés par Me Mariko.

En bon défenseur des droits humains, ils ne se sont contentés que de communiqués lorsque le président de la République violait l’indépendance du pouvoir judiciaire garantie par l’article 81 de  la Constitution qui stipule : “Le pouvoir judiciaire est indépendant des pouvoirs exécutif et législatif. Il s’exerce par la Cour suprême et les autres cours et tribunaux”.

Mais ils ont du mal à expliquer au peuple la Constitution qui est l’expression la plus solennelle de la volonté du peuple sur son être et son devenir, elle a vocation à survivre aux chefs d’Etat. Ceux-ci lui sont nécessairement subordonnés, dans la mesure où elle détermine la nature de leur pouvoir et trace le cadre d’exercice de leurs fonctions.

C’est le contrat par excellence entre les défenseurs du droit et les citoyens, qu’ils doivent user tous les moyens d’action pour dénoncer les violations des principes juridiques. Les libérations des détenus rebelles au nom des “mesures de confiance” entre l’Etat malien et les groupes armés, condition préalable à une reprise du dialogue entre les différentes parties constituent une violation flagrante de l’indépendance de la justice. Mais les organisations n’ont mené aucune campagne.

Selon une indiscrétion, la Cour pénale internationale aurait décidé de prendre le taureau par les cornes en décidant d’annuler les mandats desdites associations. Si toutefois des campagnes ne sont pas engagées avant l’Assemblée générale. C’est pourquoi ils ont organisé tambour battant cette marche pour dénoncer toute amnistie pour les crimes internationaux y compris les violences sexuelles et l’enrôlement d’enfants soldats, conformément au Traité de Rome auquel le Mali est partie.

Le combat est noble, mais il aurait dû être lancé depuis octobre 2013, lorsque le gouvernement procédait à la libération des 23 détenus rebelles au nom de l’application de l’Accord préliminaire de Ouagadougou du 18 juin 2012.

Bréhima Sogoba

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