La recherche et la promotion de la paix sont deux aspects sans lesquels le monde ne se saurait avancer, car un monde sans paix est toujours sujet de graves tensions. Tension en Afghanistan, tension en Iraq, tension au Nigeria, tension au Niger, Tension au Mali. On ne sait plus à quel saint se vouer et la jeunesse est l’acteur principal, mais aussi la victime de ce désastre. Il va de soi qu’à l’entame, nous demandions à Allahou Soubhana Wa talla, de faire descendre sa clémence, sa miséricorde et son pardon sur Tombouctou, sur le Mali, sur l’Afrique et sur le Monde, pour que le temps d’une vie, les foyers à tensions se rafraîchissent, que la paix règne et que les frères soufflent dans la même trompette (la jeunesse du Monde en a besoin). Encore le temps d’une vie. Sachant que chacun de vous a dit Amine ou Amen, selon sa religion, je vous dis merci et que Dieu vous bénisse.
On nous parle tantôt des défis d’une jeunesse bien éduquée et bien formée, depuis les écoles classiques jusqu’aux ateliers d’apprentissages de métiers en passant par les écoles coraniques. Cela est bien réel mais il ne faut pas non plus oublier que nous sommes dans un monde en perpétuel changement, où le meilleur serait le plus rusé, celui qui accepte défier le temps, lui tordre la main et lui retirer ce dont il a le plus besoin quel qu’en soit le moyen mis en œuvre. Un retour des jeunes vers les bibliothèques de manuscrits, ce trésor qui dort et qui subit, à cause du poids de l’âge, des intempéries et de ses conditions de conservation, ce retour ne saurait se faire par une jeunesse laminée par la recherche du gain facile, une jeunesse qui passe son temps à quémander, une jeunesse qui veut être payer avant de faire son devoir, une jeunesse qui connaît ses droits, mais ignore complètement ses devoirs.
Malheureusement, cette jeunesse-là, c’est nous ! N’ayons ni honte ni peur de le dire car c’est la vérité. Aujourd’hui, rares sinon quasi inexistants sont ceux parmi nous qui ont le courage de claquer la porte parce que rien ne va ou parce que ce qui se passe n’est pas de l’intérêt commun. Nous préférons plutôt subir et ne rien dire juste pour être retenu où nous sommes (un poste de subalterne), c’est cela notre concurrence, c’est cela notre fierté, c’est de cela dont on se contente. Nous sommes en train de bafouer, de traîner dans la boue, le travail que des hommes qui ont passé des années à battre. Si nous avions le pouvoir de donner le souffle de vie ne serait-ce que le temps d’une prise de décision, la Maman Bouctou aurait honte de nous, Ahmed Baba aurait préféré encore être déporté au Maroc ou n’importe où que rester parmi nous. Mohamed Bagayogo aurait souhaité n’être jamais des nôtres. J’en passe volontiers, car les exemples sont nombreux tant Tombouctou en regorge. De qui sommes-nous et que voulons-nous réellement ?
N’avons-nous tant vécu que pour cette infamie ?
La vieille Bouctou n’a-t-elle créé cette belle cité que pour voir en une génération flétrir tant de lauriers ? Tombouctou qu’avec respect toute la terre a admirée et convoitée depuis le XIe siècle est aujourd’hui traitée avec de tant de haine, de mépris et de désolation par ses enfants, ceux-là même qui doivent pourtant la chérir. Aujourd’hui, nous subissons l’influence des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC) qui font la pluie et le beau temps de ceux qui les maîtrisent et qui les utilisent à bon escient à travers le monde, mais nous jeunes de Tombouctou, au lieu d’en profiter et vendre à travers le monde une belle image de notre Tombouctou, notre amour, ce qui doit être notre fierté commune, nous les utilisons pour comme le disent les jeunes rappeurs «nous clacher».
Hamadoun Tandina, poète de son état, natif de la région, s’interrogeait dans son «Index de l’an 2000», je cite : «De quelle source jaillira la lumière ? Quel navire nous apportera le bonheur ?» fin de citation. De mon côté, je me demande bien tant que nous n’aurons pas changé, si un jour, nous verrons cette lumière ou si nous connaîtrons le bonheur et vous me répondrez certes que jamais, tant que la jeunesse n’a pas fait une rétrospective. Il est temps de couper court à la recherche de la facilité, au suivisme, je dirais au «béni-oui-ouisme». Il est temps de se donner les moyens de dire non. De savoir le faire pour soi, pour l’autre, pour l’histoire. Il est temps que l’on s’engage, que la jeunesse tire des leçons de tout ce qui s’est passé. Tenez ! Nous avons connu des rebellions, une occupation, des déportations, des tueries… mais jusque-là, qu’avons-nous fait (la jeunesse) pour que tout cela ne soit pas, pour que tout cela s’arrête, pour que tout cela ne soit plus ? Quelle fierté pour la jeunesse d’aujourd’hui quand on sait quelle contribution et de quelle qualité elle a apporté pour le rayonnement, le fleurissement, l’embellissement de la cité qu’elle dit tant chérir ?
Le passé et le présent de la jeunesse de Tombouctou, voire celle du Mali entier, ne riment plus alors que nous devons laisser un héritage à ceux qui viendront après nous. Lequel sera-t-il ? Demain, l’histoire va nous juger et donc faisons en sorte que l’on parle bien de nous, car si nos aïeux avaient été aussi égoïstes que nous le sommes aujourd’hui, nous n’aurions pas été fiers d’eux, nous n’aurions pas vécu aussi heureux que nous sommes en train de le faire, nous ne serions pas aussi fiers d’eux que nous le sommes. Il est temps pour nous de prendre notre destin en main.
Youssouf CISSE (Réseau des Jeunes Leaders de Tombouctou, Blogueur-activiste)