Le Tombeau des Askia à Gao est l’un des monuments les plus emblématiques de notre riche patrimoine culturel. Construit en 1495 par Askia Mohamed, il symbolise la splendeur de l’Empire Songhoy. Il a été inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco lors de la 28ème session du Comité du patrimoine mondial tenue à Suzhou, en Chine, le 28 juillet 2004, soit 510 ans après sa construction. Pour prévenir sa dégradation, les habitants de Gao procèdent tous les trois ans à son crépissage. Mais cette opération n’avait pu avoir lieu depuis le déclenchement de la crise dans notre pays.
C’est finalement le jeudi dernier que la ville de Gao a décidé de lancer le crépissage du Tombeau. L’événement joue un rôle social fondamental en réunissant les communautés autour de cette tâche. Cette année, la rénovation du monument est plus que jamais symbolique, puisqu’elle permet aux habitants de renouer avec une pratique fortement ancrée dans la culture locale, qui avait été interrompue pendant le conflit. Les travaux se déroulent aussi dans les conditions particulières du mois de Ramadan et de début de la saison des pluies.
Le Tombeau des Askia est une construction massive de 17 mètres de haut, encadrée par deux bâtiments constituant une mosquée avec un espace de prière pour les hommes à l’Est, et un autre pour les femmes à l’Ouest. Il joue aussi le rôle de mosquée du vendredi et porte l’appellation d’Askia Djira (littéralement la mosquée de l’Askia). Jeudi dernier, le Tombeau des Askia, situé au quartier Gadeye, a été pris d’assaut par une foule composée d’hommes, de femmes et de jeunes. Tous voulaient participer aux travaux de rénovation de ce monument témoignant de la puissance de l’Empire Songhoy.
Le gouverneur de la Région de Gao, Oumar Baba Sidibé, a participé à la cérémonie de crépissage et fait un geste symbolique aux crépisseurs, comme le veut la tradition. Pour l’occasion, une forte délégation de la Minusma de Gao était aussi présente. La rénovation consiste en l’application régulière d’une couche d’enduit composé de terre de rizière mêlée à de la paille de riz. Elle concerne à la fois les toitures et les murs. La fin des travaux est prévue dans trois semaines.
Abdoulaye Boncana, le président du Mouvement des jeunes patriotes de l’association culturelle Alanga, explique : «La rénovation du monument est avant tout une affaire populaire ici à Gao. Nous nous donnons tous rendez-vous pour entreprendre les travaux ensemble. Le monument contribue à resserrer les liens entre les membres de la communauté autour d’un seul et même acte et a, par conséquent, un rôle social important. C’est notre fête, c’est notre histoire».
L’entretien du Tombeau des Askia est financé, cette année et pour la première fois, par l’Unesco avec la contribution de son Comité de gestion. «Depuis six ans, je suis chargé de coordonner toutes les activités liées à l’entretien du monument et j’en suis très fier. Son inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco était une immense joie pour moi, pour la population de Gao et pour toutes les filles et tous les fils du Mali», a témoigné Ali Bady Maïga, président du Comité de gestion du Tombeau des Askia.
Réalisé lorsque l’état de dégradation des enduits est jugé sérieux, surtout à l’approche de la saison des pluies, l’entretien est longuement préparé par plusieurs équipes ayant des compétences complémentaires. Oumar Tiénogo, gardien et guide au Tombeau des Askia, s’est dit très satisfait de l’évolution des travaux en cours. «À ce jour, notre monument totalise 518 ans et 6 mois. Le Tombeau des Askia est aussi la mosquée du vendredi de Gao. À ce titre, il joue un rôle identitaire et fédérateur pour la population de Gao qui se concrétise par une forte participation aux travaux de crépissage organisés tous les trois ans, et l’organisation des grandes fêtes religieuses sur la grande esplanade qui lui est adjacente», confie le gardien et guide du monument.
Les terres sablonneuses qui se déposent à chaque pluie tout autour de la mosquée forment un talus. Ces vestiges du combat pour la conservation du site diminuent sensiblement la hauteur des murs, mais contribuent à donner au site un effet d’ensemble singulier. La tour pyramidale est aussi rénovée. C’est le lieu qui accueille les grandes prières publiques organisées à l’occasion des fêtes de Tabaski et du Ramadan. Les Gaois voient en ce Tombeau des Askia un site qui est à la fois un centre d’attraction touristique, d’audience nationale et internationale, et un lieu de rassemblement des croyants pour les prières.
Pour rappel, la Minusma est la première mission de maintien de la paix à avoir un mandat sur la protection du patrimoine culturel. C’est dans ce cadre que l’unité Environnement et Culture travaille à mettre en œuvre cet aspect à travers plusieurs activités : le soutien aux autorités et en collaboration avec l’Unesco pour protéger le patrimoine culturel, notamment dans le cadre du programme de réhabilitation du patrimoine culturel des régions du Nord ; la formation du personnel civil, policier, et militaire de la Minusma à respecter et à faire respecter le patrimoine malien ; le soutien à des activités support de cohésion sociale à travers la culture.
(Source : MINUSMA)