Création de nouveaux groupes armés : Vers de nouvelles complications du processus de paix

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L’impasse du processus de paix conduit à la création d’une myriade de  mouvements politico-armés au Mali. 16 mois après la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali, les régions du Nord et du Centre du pays  sont, ainsi, devenus le nid, en plus des groupes terroristes, des groupes armés et des milices. Les alliances se font et se défont en fonction de la réalité du terrain et des intérêts du moment. Une situation qui compromet davantage le retour de la paix au Mali.

La situation du Mali est peu reluisante aujourd’hui. La paix tant souhaité par les populations civiles s’éloigne malgré la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation issu des pourparlers d’Alger le 20 juin 2015. Avant-hier, un nouveau mouvement armé, le Congrès pour la justice dans l’Azawad(CJA), est venu se greffer à la  myriade de mouvements  armés qui pullulent dans le Nord et le Centre du Mali. Selon ses initiateurs, l’ancien ministre Hama Ag Mahmoud et le Colonel Abass Ag Mohamed Ahmad,  au nom des Kel Ansar, son objectif est de « garantir la viabilité et la fiabilité de l’application de l’accord particulièrement dans les régions de Tombouctou et Taoudenni ». Le nouveau mouvement estime être exclu du processus de l’application de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali. L’absence de l’Etat malien dans certaines zones et l’amalgame dans la lutte contre le terrorisme favorise des replis identitaires. En juin dernier, Oumar Aldjana lançait l’Alliance nationale pour la sauvegarde de l’identité peule et la restauration de la justice (Ansiprj),  un mouvement politico-armé créé contre l’armée qui « instrumentalise les milices contre les peuls », selon Aldjana. Et 5 mois plus tard, son plus proche collaborateur, Sidi Bekaye Cissé claquera la porte pour créer un nouveau mouvement armé afin de rejoindre, dit-il, le processus de paix.  Aussi des leaders communautaires et hauts cadres du Mali mettent en garde contre des « thèses indépendantistes dans le centre du pays. »

Les ressortissants du cercle de Ténenkou, aussi, s’interrogent sur l’absence prolongée de l’Etat chez eux contrairement aux autres cercles de la région de Mopti. Selon Dr Tioulenta Timoré, un leader de la localité : «les conséquences de la crise sécuritaire sur la vie des populations du cercle sont incommensurables. Pourquoi la bande de terre comprise entre Nampala et Léré, limitrophe de la Mauritanie, ne fait-elle pas toujours l’objet d’une surveillance à hauteur des risques connus ? ».

L’ancien député à l’Assemblée nationale d’inviter « les acteurs de la paix à être attentif à la révolte intérieure, potentiellement porteuse de germes d’accointances plutôt explosives ». Le malaise profond viendra de la mise en garde de Ali Nouhoum Diallo. Le mois passé, l’ancien président de l’Assemblée nationale, dans un manifeste, a mis en garde les autorités : « Attention, si l’Etat ne fait rien, des groupes armés peuls peuvent très rapidement développer des thèses indépendantistes dans le centre du Mali ».

Quid des mouvements armés signataires de l’accord de paix ?

A Kidal, la tension est montée d’un cran le samedi dernier avec la mort de Cheick Ag Aoussa, le chef militaire de la Coordination des mouvements de l’Azawad(CMA). Le groupe armé s’interroge sur les circonstances de la mort de leur chef d’Etat major, une perte énorme pour les ex séparatistes qui ont signé l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali il y a de cela 16 mois. Selon la CMA, la mort de Cheick Ag Aoussa est tout sauf accidentelle. « C’est un assassinat ciblé ». Cette mort va –t- elle reconfigurer les rapports de force sur le terrain à Kidal ? Si tel n’est pas déjà le cas. Aujourd’hui, le Gatia, le groupe accusé d’accointance avec le pouvoir malien, encercle Kidal. La CMA est pratiquement cantonnée dans la capitale de l’Adrar des Ifoghas sans possibilité de sortir de la ville. Les différentes médiations pour trouver un compromis entre les deux groupes armés qui se disputent le contrôle de Kidal ont jusque là échouées.

Cette multiplication de mouvements armés n’augure rien de bon pour le processus de paix au Mali qui est déjà en grande souffrance.

Madiassa Kaba Diakité

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2 COMMENTAIRES

  1. TOUS les pays quelque choix ils sont capable de faire la guerre civile si je dis bien si les groupes criminels quelque choix les touarègues les arabes ou les peuls n’arrêtent pas les bêtises ils nous trouveront d’où qu’ils sont ces sont des voyous ..

  2. Tout ce qui se passe actuellement, est la conséquence logique du refus du Président I.B.K à convoquer les concertations nationales, qui doivent regrouper tous les acteurs de la société Malienne. Il fallait commencer par là, afin que toutes les couches de notre société soient représentées à ces assises qui concernent l’ensemble des Maliens. Les problèmes liés à l’avenir du pays, et aux intérêts bien compris de l’ensemble de la population Malienne, ne sauraient être l’affaire des seuls autorités étatiques. C’est ce que l’opposition, dès le début, a tenté de faire comprendre au Président ” je connais tout “. Voilà maintenant, l’impasse dans laquelle il a conduit le pays. Tout est bloqué. Nous allons directement vers une confrontation inter-communautaire. Les gens ont compris, que s’ils ne prennent pas les armes, personne ne les entendra. C’est effectivement, le sentiment qu’ont donné aux Maliens, ces entêtés qui détiennent le pouvoir. On ne gouverne pas un pays avec l’orgueil de ne pas se mettre à table avec les autres, pour discuter de ce qui nous concerne tous. Cette erreur, I.B.K va la payer cher. A force de vouloir se prendre pour le bon Dieu, il a plongé le pays dans une situation où, seul le bon Dieu, ou la prise de conscience collective peuvent sauver le Mali. En cherchant un faiseur de paix, nous avons trouvé Satan. I.B.K, s’il n’est pas freiné dans sa façon de faire, risque de faire exploser ce pays. Voyez par vous-même, ce qui se passe dans le pays. Ce n’est qu’un début, d’autres groupes seront créés, et le pays sombrera dans un chaos indescriptible.

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