Coup de gueule de l’Amdh et d’Amnesty : “Il y a démagogie et hypocrisie dans la gestion de l’aide humanitaire”

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Le président de l’Association malienne des droits de l’Homme et le coordonnateur juridique d’Amnesty international n’ont pas fait dans la dentelle ce samedi contre le gouvernement malien et le Haut conseil islamique à propos de l’envoi des vivres dans les trois régions occupées du Nord. Dans une zone, disent-ils, contrôlée par des bandits, les convois humanitaires ne contribuent qu’à renforcer l’ennemi et à les préparer à attendre l’armée malienne de pieds fermes.

Me Mocatar Mariko, président AMDH

La presse malienne avait tiré la sonnette d’alarme sur la question. Mais elle avait été catégoriquement  démentie par le président du Haut conseil islamique, Mahmoud Dicko, dans une interview sur la chaîne de télévision publique l’ORTM.

Mais un mois après, les masques commencent à tomber. Et ce sont l’Association malienne des droits de l’homme (AMDH) et l’organisation internationale de défense des droits humains, Amnesty International, qui viennent de mettre le pied dans le plat. Au cours d’une conférence de presse tenue samedi dernier au siège de l’Association malienne des expulsés (AME) sur les droits des migrants, les deux organisations ont dénoncé ce qu’elles qualifient d’inadmissible au nord en matière de violation systématiquement des droits des populations sur place.

Amnesty International, qui estime à 300 000 personnes le nombre de déplacés en fin avril, a attiré l’attention sur l’urgence humanitaire à accorder à ces victimes de guerre. “Il faut se mettre en colère contre la gestion des couloirs humanitaires vers le Nord. Les populations ne sont libres, et les critères pour bénéficier de cette aide contrôlée par des maitres des lieux, restent à définir. Car, il faut le dire, dans certaines familles, pour bénéficier de cette aide, le chef doit céder sa famille en ‘mariage’  aux djihadistes ou encore son fils à enrôler dans la guerre auprès des islamistes. Il faut trouver un autre mécanisme pour aider nos compatriotes au nord, autre que passer par le Haut conseil islamique. Il y a véritablement une connivence qui ne dit pas son nom”, a asséné le coordinateur juridique d’Amnesty International au Mali El Béchir Singaré.

Il a regretté que la question du Nord soit gérée aujourd’hui de manière démagogique et hypocrite. “On semble amener tous les vivres au nord, alors que l’Etat ne contrôle plus ces zones. Et les déplacés qui sont repartis aujourd’hui entre Bamako, Sikasso, Ségou Mopti, etc. sont presque laissés pour compte. Bref, il faut donner une autre forme de gestion à cette aide vers le Nord”, a recommandé le militant des droits de l’Homme, qui en a appelé à la responsabilité du gouvernement malien et du Haut conseil islamique.

Cette dénonciation du militant d’Amnesty Mali a été confirmée à la conférence débat par des dizaines de déplacés des régions du Nord, notamment de Gao. Ces familles, prises en charge par l’Association malienne des expulsés depuis leur retour, attestent que les aides envoyées au Nord ne sont que de la poudre dans les yeux. Pour ces familles, c’est le gouvernement qui assure l’approvisionnement des groupes armés en envoyant des vivres.

Abondant dans le même sens, le président de l’AMDH a enfoncé le clou. Selon Me Moctar Mariko, il faut dire les choses telles qu’elles sont : l’aide envoyée au Nord n’est pas destinée aux populations cibles. “Nous avons des enquêteurs qui nous ont apporté avec preuves à l’appui que l’essentiel du premier convoi humanitaire acheminé au Nord a été dirigé vers le désert profond. Seulement 25 kilos par famille et par mois ont été attribués aux populations. Le reste des vivres a disparu. Il n’y a pas de doute que les groupes armés renforcent leur stock d’approvisionnement pour attendre l’armée malienne de pieds fermes”, a déclaré le président de l’AMDH.

En clair, selon Me Moctar Mariko, tant que ce sont les groupes armés qui contrôlent le Nord, l’aide acheminée ne profitera jamais aux populations. Mais à renforcer la présence des bandits sur le territoire.

I. F. Sissoko

 

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1 commentaire

  1. Le Mali en bébé éprouvette: Pourquoi la Cedeao a raison

    Début avril 2012, “Nous demandons l’aide des amis du Mali”, c’était l’aveu d’impuissance des soldats agités de la garnison de Kati qui ont balayé le régime corrompu des généraux du “repli tactique” pour “incompétence” à faire face à la rébellion au nord, quand ils ont battu tous les records de contre-performances militaires au nord en perdant 5 et non 3 régions du nord ( Kidal, Ménaka, Gao, Tombouctou et Taoudenit) en 3 jours dans une fuite éhontée, sans commune mesure en Afrique contemporaine, en laissant d’importants arsenaux de guerre à la merci de l’ennemi.

    Pour masquer cette déculottée, la junte militaire s’essaie à la pirouette, pour faire diversion, au lieu de jeter les bases d’une réelle reconquête militaire du terrain perdu par l’armée malienne dont elle a, au contraire, contribué à déstructurer et à démobiliser (hiérarchie cassée, commandement inexistant, manque de visibilité sur la logistique, communication de guerre désastreuse, inopportunes rivalités intestines…) 

    Les troupes en position avancée au nord, comme celles du Colonel Gamou, sont donc restées orphelines, armes aux pieds, seules, face à un conglomérat du terrorisme international, et ne doivent leur salut qu’au génie stratégique du colonel major pour se retrouver au Niger.

    A Kati, coeur névralgique du pouvoir militaire, passés maître dans l’art de la pirouette, on continue a expliqué que des élections n’auraient jamais eu lieu sans le coup d’état, que la classe politique n’est pas acte à diriger le pays, que les soldats sont devenus experts en constitution du 25/02/1992, que les armements sont bloqués aux ports africains alors que Sénou est sous leur contrôle et que tous les vendeurs d’armes du monde ont une logistique de livraisons aériennes (prouuuuuuu), que les “mercenaires” sont dans toutes les rues, que la garnison de Kati peut valablement se substituer à la justice malienne en arrêtant arbitrairement de citoyens ordinaires, hommes politiques et journalistes avec son lot d’humiliations, d’intimidations et de violences gratuites reléguant complément le problème du nord non pas au second mais en troisième position car la deuxième après la gestion des arrestations arbitraires c’était la gestion de la transition après les 40 jours.

    Le monde entier a alors compris, que la solution du nord n’est pas à Kati, et que le coup d’état n’était pas dirigé contre ATT, mais contre la démocratie malienne dont on jette l’opprobre sur toute la classe politique avec l’aide d’opportunistes à grandes poches largement ouvertes.

    Alors pour réussir le crime parfait, on “tord le bras” au président intérimaire en visite à Kati, après son retour au Mali suite aux événements des 21 et 22 mars 2012, on l’impose un astrophysicien, gendre du général déçu en mars 1991, comme premier ministre, ayant “plein pouvoir” au détour d’un accord-carton-vide, appelé accord-cadre, pour endormir un peu la Cedeao et sa médiation, et leur faire croire que l’ordre constitutionnel normal est en marche désormais. 

    C’est promis et c’est juré!
    Paroles d’officiers subalternes.

    Cet astrophysicien met en place un gouvernement d’amis et de “grins” familiaux à la sauce Cnrdre et Udpmiste (pour que l’ambiance soit conviviale loin des “démocrates” devenus les “baudets” des temps modernes injuriés jusque devant l’assemblée nationale alors qu’ils sont élus par les maliens c’est à dire plus légitimes que les ministres et leur premier ministre) qu’on peut valablement appeler, le ” Grinvraiment” de Cheick Modibo Diarra dont les seules décisions en conseil de ministres sont: nominations de copains, lois d’amnistie pour putschistes, nominations de membres de famille, loi de transformation du Cnrdre et non sa dissolution comme demandée par la Cedeao, et nominations de proches.
    Et Again and again…. 

    Et le nord dans tout cela?
    Le haut conseil islamique s’en chargera avec ses convois humanitaires, et on croise les doigts pour voir si la magie va fonctionner, si Iyad Ag Ghali et associés ne vont pas détruire la ville sainte de Tombouctou et si le Mnla va cesser par lui même les vols et les viols à Gao.

    Peine perdue, une trentaine de mausolées de Saints de Tombouctou sont parties à jamais, perdues pour l’humanité dans la furie islamiste contre l’immixtion de l’Unesco dans leurs “affaires intérieures”, et un enseignant fut tué à bout portant à Gao parce qu’il a exprimé son raz-le-bol face à l’occupant Mnla.
    Tous mes respects, brave enseignant, nous ne t’oublierons jamais.

    Et l’armée malienne où est elle partie?

    Le premier ministre de la “guerre qui met fin à la guerre” n’ose même plus parader à son côté, il préfère désormais les chasseurs traditionnels ” les donzos” comme du temps de Da Monzon et Bakarydjan, en bon ségovien, ça fait chaud au cœur, mais ce n’est pas suffisant pour faire face au Mujao et au Boko haram, respectivement dérivée première de l’Aqmi et son avatar nigérian.

    On tourne en rond, comme d’habitude, d’Alger à Rabat en passant par Ouaga, Abidjan et Paris pour faire coucou à Dionconda Traoré et lui rappeler que finalement il n’est pas mal loti au Pullman Montparnasse Hôtel, même si l’air de Koulouba est meilleur.

    Alors pour venir en aide aux populations du nord qui est-ce qui s’en occupe?

    Les braves jeunes de Gao et de Tombouctou ainsi que les adorables femmes de Kidal qui osent affronter les mains nues les fous de Dieu, paient souvent au prix de leur vie, sans que le grinvraiment de Cheik Modibo Diarra ne bouge d’un iota.

    Alors la Cedeao formule une requête auprès de la CPI pour engager des poursuites contre les crimes de guerre et stationne 3000 hommes prêts à intervenir dès qu’il y aura un gouvernement légitime à Bamako.

    En effet, elle ne peut pas faire du légal (intervention militaire dans le cadre du droit international de mandat onusien dont les prémisses sont la résolution 2056) sur de l’illégal ( dans et au profit d’un pays dirigé par un Grinvraiment de Cheick Modibo Diarra qui est un groupuscule de copains et de liens familiaux pour faire plaisir à Kati en violation de la constitution en vigueur au Mali). 

    Elle somme le “grinvraiment” à s’élargir à toute la classe politique avant le 31/07/2012 parce que le jeu politique démocratique se fait avec les formations politiques d’un pays et non par le copinage d’état en “grins familiaux”.

    Si ces formations politiques sont médiocres et corrompues alors que ceux qui ne le sont pas, créent des partis politiques, conformément aux lois en vigueur, et font la preuve de leur popularité en rassemblant le maximum de militants à leur cause.

    Ils rentreront aussi au gouvernement d’union nationale.

    Ça s’appelle la démocratie, c’est la seule exigence de la communauté internationale pour aider le Mali à recouvrer son intégrité territoriale et sa stabilité politique.

    La Cedeao en a même fait un “protocole de bonne gouvernance et de démocratie” qu’elle a appliqué, par le passé, au Niger et à la Côte d’Ivoire bien avant le Mali, pays membre signataire dudit protocole, dans leur escapade putschiste et leur virée de crise postélectorale.

    Nous ne valons pas mieux que la Côte d’Ivoire et le Niger dans l’espace communautaire, nous devrions revenir à la démocratie, et on a tout intérêt sinon face aux défis qui se dressent devant nous, nous ne sommes pas loin d’un bébé éprouvette.

    Quelle régression! What a chrinking country!

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