Coup de gueule, coup de cœur à méditer, de feu Abdou Salam AG Assalatt (Président de l’Assemblée Régionale de Kidal en 2009), son dernier message à Zéidane Ag Sidalamine, pour la paix et contre la rébellion de 2012 qui se dessinait…
La sagesse universelle nous enseigne que les hommes se doivent de balayer la devanture de leurs cases avant de s’inquiéter de l’insalubrité chez le voisin. Autrement dit, un peuple qui n’arrive pas à faire son unité ne peut prétendre la réussir avec d’autres ; une société qui se détruit et détruit ce qu’elle a de plus cher : ses réalisations, son identité, ne peut certainement que manquer au rendez-vous de l’humanité. De toutes les ethnies qui composent la nation malienne, c’est vous seulement qui vous déchirez, entre-tuez, haïssez au nom d’une obsession bizarre et d’un tribalisme suicidaire. Non, cela ne devait pas y être et si nous avons un projet de société, acclamons-le haut et fort et déposons-le devant l’opinion nationale et internationale et que débats soient ouverts au lieu d’un perpétuel recommencement de tueries avec perturbation de la scolarisation de nos enfants, de nos réalisations économiques et de tant d’autres de nos projets. À l’heure de la mondialisation, nous nous reculons au lieu d’avancer.
Vous vous chassez pendant que d’autres vous courent après. Vous vous dénoncez pendant que d’autres vous médisent. Vous vous méprisez pendant que d’autres témoignent de votre stupidité. Vous refusez l’amour des vôtres et courtisez les autres en échange d’un privilège pendant que d’autres attisent la haine entre vous. Vous vous humiliez et vous croyez que vos malheurs viennent des autres. Comme on le dit en Tamasheq vous êtes l’ombre du palmier : les plus proches sont au soleil et les plus éloignés de l’ombre. Vous rejetez les idées des autres quand vous croyez seulement aux vôtres. Combien de Touareg ont été massacrés par des touareg ? J’en connais deux-cents en deux ans. Combien de Touareg ont été dépossédés de leurs biens par d’autres Touareg ? J’en suis un exemple en 1993 par le MPA entre Assamaka et Inabangaret.
Vous avez tout perdu quand vous croyez avoir tout gagné. Qui croirait à votre amitié, à votre humilité, à votre sympathie, à votre charité, quand de vos frères vous faites vos ennemis ? Que diront de vous les autres là-bas qui vous observent, assistent avec mépris, souvent avec consternation, parfois avec pitié, à l’acharnement pervers que vous avez les uns envers les autres ? Pourquoi continuez-vous à détruire au lieu de construire, à tuer au lieu de donner vie et débattre de votre sort ? Pourquoi perturbez-vous sans cesse d’année en année la scolarité de vos enfants ? Au nom de quelle victoire ? Pourquoi ? Pour qui ? Pour quel trône ? Pour quel Paradis ? Au nom d’un futur Etat ? D’une future autonomie ? D’un futur statut ?
Pourtant, je suis convaincu que pour tous ces cas de figure, ça ne se résoudra pas par la violence, mais par des débats pour lesquels il faut construire, et un suivi radical de la scolarisation de vos enfants, ceux-là mêmes qui débattront demain de vos erreurs et de vos projets ! De grâce, ne vous en prenez pas aux autres ! À la sécheresse ! à la faim ! à la soif ! Aux Sonrhaï ! Aux Bambaras ! Ayez le courage de chercher la vraie raison et même de vous accuser pourquoi pas ? De vous juger et de vous enfermer tous dans la geôle de la raison ! Vous en sortirez, certainement plus unis, plus solidaires ! Nous nous rendrons compte de la nécessité de construire et de cultiver notre jardin dans l’espoir que notre Touaregueté inspire notre unité.
Abdou Salam AG ASSALATT. Allah Yarhamhu. Amen
Je l’archive. C’est émouvant, toute une vérité. A ajouter aux leçons d’ I.C.M dans les classes. Nous n’avons qu’une seule patrie (le MALI) et nous ne formons qu’une seule communauté (MALIENS)
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