Coopération militaire au Sahel : Les enlèvements au Mali illustrent l’échec de la coopération militaire au Sahel

0




Cinq enlèvements et un meurtre d’Européens en moins de 48 heures dans le nord du Mali, illustrent l’échec de la coopération militaire entre les pays de la bande sahélo-saharienne face aux activités des groupes armés, dont la branche maghrébine d’Al-Qaïda.

En avril 2010, quatre des pays les plus touchés par les actions d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et d’autres groupes criminels armés (Algérie, Mali, Niger, Mauritanie) ont créé un Comité d’état-major opérationnel conjoint (Cémoc) basé à Tamanrasset (sud de l’Algérie).

Doublé d’un centre de renseignement à Alger, l’objectif du Cémoc est de mieux coordonner les actions des quatre armées dans la lutte anti-terroriste et d’arriver à mener des opérations conjointes dans chacun des pays affectés.
Opérations d’autant plus urgentes que le retour au Mali et au Niger de milliers de combattants lourdement armés ayant servi l’ex-régime libyen de Mouammar Kaddafi – en grande partie touareg – a renforcé l’insécurité dans cette vaste région difficile à contrôler.
Attentats, tentatives d’attentats, enlèvements, trafics: en 17 mois depuis la mise en place du Cémoc, les activités d’Aqmi se sont intensifiées dans les quatre pays concernés.

Jeudi et vendredi, deux Français, puis trois touristes européens, ont été enlevés
à Hombori et Tombouctou où un quatrième touriste, un Allemand qui avait résisté à son enlèvement, a été froidement abattu d’une balle en pleine tête. Au total, neuf Européens, dont six Français, sont désormais retenus en otage dans le Sahel.
Les chefs des armées du Cémoc se réunissent tous les six mois,
sans jamais jusqu’à maintenant être parvenus à mettre sur pied des patrouilles conjointes.

Or, souligne Gilles Yabi, responsable à Dakar de l’ONG International Crisis Group (ICG), "tout le monde réalise que cette coopération (devient aboutir à des opérations conjointes) est nécessaire pour porter un véritable coup aux groupes armés".
Un temps "assez clairement critiqué comme le maillon faible de la lutte anti-terroriste", le Mali, où Aqmi a depuis plusieurs années implanté des bases d’où elle "rayonne" dans la région, a désormais "une réaction plus claire", souligne-t-il.

Bamako a vigoureusement réagi aux derniers enlèvements et au meurtre du touriste allemand, dénonçant une "action terroriste" considérée comme "une attaque perpétrée contre la sécurité et la stabilité de notre pays".
Rapts et meurtre au cœur de la cité historique de Tombouctou, ancien haut lieu du tourisme du Mali, portent un coup dur à l’économie de ce pays pauvre.
L’armée malienne, sans gros moyens, mais épaulée par des militaires français implantés dans la région, a été mobilisée pour tenter de retrouver la trace des otages, dont les dernières informations indiquent que certains ont été emmenés dans le grand nord malien, vers la frontière algérienne.

"Champ libre aux terroristes"
En marge de la dernière réunion du Cémoc à Bamako, le 21 novembre, c’est l’Algérie qui a été désignée comme un frein à la coopération militaire régionale.

Un délégué nigérien a noté que "l’armée algérienne, à elle seule, a plus de moyens que les armées nigérienne, malienne, et mauritanienne" réunies, ajoutant: "Je ne comprends pas pourquoi elle ne va pas sur le terrain pour nous aider à lutter contre Aqmi".

L’Algérie s’oppose à la volonté de certains de ses voisins d’élargir la lutte anti-terroriste à son rival marocain et apprécie peu l’intervention de la France, ancienne puissance coloniale dans tous les pays concernés, avec laquelle elle a des relations complexes, note-t-on de source diplomatique.
"En ne faisant rien en commun contre Aqmi, les pays du Sahel laissent le champ libre aux terroristes", a estimé à Bamako un responsable mauritanien dont le pays est celui qui s’est le plus impliqué, n’hésitant pas en 2

JA

Commentaires via Facebook :