Contrôle d’une partie du Mali par la rébellion : Les Touaregs, les islamistes et Aqmi se disputent la victoire

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Le nord du Mali est depuis plusieurs semaines sous le contrôle d’une mosaïque de groupes, aux revendications et intérêts divergents. Les  Touaregs de Mnla en lutte pour l’indépendance des régions nord qui  constituent 75 % du territoire national, les  islamistes, trafiquants de drogue et autres criminels profitant du chaos politique que connait le Mali depuis le 22 mars 2012 suite au coup d’Etat militaire.

Des rebelles en patrouille dans le désert du Mali (photo New York Times)

Après la prise des régions du nord à l’intervalle de trois jours par des rebelles touaregs  de Mnla, les islamistes, à la faveur du chaos créé par le coup d’état militaire du 22 mars, une crise de leadership vient de naître entre les différents groupes armées pour le contrôle des villes, notamment  Tombouctou qui serait désormais aux mains de groupes islamistes Ansar dine (l’Armée de la religion).

Ansar Dine et le Mnla ont combattu ensemble contre l’armée malienne  dans des localités du nord-est, Tessalit, Aguelhok et Kidal ces deux derniers mois. Mais une lutte de leadership existe actuellement entre eux. Et maintenant qu’ils ont atteint la limite sud du secteur revendiqué dans la région, sous le nom d’Azawad par les Touaregs, leurs intérêts vont diverger. Le Mnla revendique un Etat touareg dans le Nord  tandis qu’Ansar Dine dirige par   Iyad Ag Ghaly se bat pour l’instauration de la charia dans la totalité du territoire malien.  Cette divergence entre les différents groupes est devenue une source de tension qui se traduit aujourd’hui par des combats entre les deux groupes dans la région de Tombouctou où   Iyad Ag Ghaly  et ses éléments veulent rester maîtres des lieux.

Mais rien ne permet de dire aujourd’hui que le Mnla est débordé par cette offensive  islamiste. Il reste très majoritaire avec le contrôle de la plupart des grandes villes, même si Ansar Dine a parfois aussi participé à leur conquête.

Face à cette situation, le Mnla va sans doute d’abord chercher à consolider ses positions, mais il n’est pas exclu qu’il lance, à moyen terme, l’offensive contre Aqmi qui constitue un handicap pour les indépendantistes auprès de la communauté internationale.

Que sait-on de ces groupes et pourquoi cette division? 

Le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (Mnla), la principale composante, est celle qui avait revendiqué la prise de Tombouctou le dimanche dernier. Le Mnla qui se veut laïque, revendique l’indépendance du nord du Mali (Kidal, Gao et Tombouctou) soit 75 % du territoire national qu’il dénomme l’Azawad.

Le mouvement islamiste Ansar dine, (l’Armée de la religion), est l’un des autres groupes armés de la région  dirigé par Iyad Ag Ghaly, principal artisan de la prise de Kidal, dont il est originaire. Celui qui fut le principal chef de la rébellion touareg des années 1990, aurait subi l’influence des islamistes pakistanais. Ansar dine serait composé de jeunes radicalisés au contact d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Il aurait joué un rôle d’intermédiaire avec la complicité de ATT dans les prises d’otages par Aqmi.

Un nouveau groupe islamiste a fait irruption en décembre 2011, le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). Se présentant comme une dissidence d’Aqmi, il serait dirigé par des activistes maliens et mauritaniens. Il avait revendiqué l’enlèvement des trois humanitaires européens dans un camp de réfugiés sahraouis. Ce groupe revendique sa participation  à la prise de Gao, le samedi dernier.

Pourquoi Aqmi dans le nord Mali?

Aqmi est formé par d’anciens  salafistes de l’Algerie.

Ce groupe terroriste est particulièrement présent dans l’Adrar des Ifoghas, un massif à cheval sur le Mali et l’Algérie. C’est là qu’il retient ses otages occidentaux dont 6 Français. La nébuleuse Aqmi est organisée en petites cellules (katibas) répandues entre le Mali, la Mauritanie et le Niger, dont celle de l’Algérien Mokhtar Belmokhtar, revenu dans le nord du Mali, après un séjour en Libye, selon des sources sécuritaires régionales. Ils sont estimés à un millier.

En plus des anciens salafistes, le groupe est composé également des jeunes touareg Il s’agit essentiellement de jeunes chômeurs, dont la plupart ont très vite regagné le MNLA au lancement de la dernière rébellion le 17 janvier 2012.

D’où viennent les moyens de ces groupes armés?

Outre les armes ramenées de Libye à la chute du régime Kadhafi, les moyens matériels des rebelles proviennent en partie des rançons récupérées lors des échanges d’otages, mais aussi de divers trafics dont celui de la drogue.  Les moyens dont dispose les différents groupes ne sont que le résultat du laxisme de Amadou Toumani Touré avec sa participation dans la libération des otages et surtout en utilisant le Nord de  notre pays comme la base arrière du guide de révolution, Kadhafi.

Nouhoum  DICKO

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