Conflits communautaires au Mali : Trois zones ravivent la vedette

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Au Mali, trois régions sont reconnues comme grands foyers de conflits communautaires à cause du caractère cosmopolite de leurs populations et de la diversité des activités économiques concomitamment menées sur les mêmes espaces : le Sahel Occidental (une partie de Kayes et de Koulikoro), le Delta Central du Niger et le Nord-Mali. Cela ne veut pas dire que dans les autres régions, il n’y a de conflits.

           

Mais dan ces zones, il y a, soit une homogénéité, voire une intégration des populations en raison de leur histoire commune, soit une intégration des activités réalisées par des populations sédentaires. Selon les organisations de la société civile au Mali, chaque région a cependant un type de conflit prédominant.

           

Les conflits nés de l’exploitation et la gestion des ressources naturelles sont les plus nombreux. Les conflits intracommunautaires sont les plus nombreux et généralement les moins violents. Les plus violents sont les conflits religieux et ceux qui opposent des communautés différentes.

           

En effet, un conflit entre agriculteurs et éleveurs est facile à circonscrire et à prévenir s’il est intracommunautaire, car les mêmes populations sont en même temps agriculteurs et propriétaires d’animaux. Les modes traditionnels de gestion deviennent alors efficaces.

           

Par contre, lorsqu’il s’agit d’agriculteurs sédentaires et d’éleveurs nomades ou transhumants, les velléités montent à cause des différences culturelles et sociologiques qui donnent un tout autre caractère au conflit et le rendent violent.

           

Les modes traditionnels de règlement ne sont alors plus efficaces car les parties au conflit ne partagent plus les mêmes valeurs, les mêmes réfèrent culturels. On aurait pu penser que les référents religieux seraient un outil efficace de règlement et de paix dans un pays à 90% musulmans. A la vérité, bien souvent, les personnes les ignorent totalement.

 

MODE DE REGLEMENTDE CES CONFLITS

En plus des préalables factoriels, pour la résolution d’un conflit, certaines connaissances et aptitudes sont nécessaires sur les techniques, mais aussi des outils à utiliser qui sont entre autres : la médication qui est la facilitation par un tiers, d’un processus de règlement d’un conflit entre eux parties. La médiation ne doit pas être confondue avec la conciliation, l’arbitrage ou le compromis qui sont apparentées à la médiation ; la négociation est un élément, un étape d’une médiation réussie.

           

C’est l’avant dernière phase de la médiation avant la collaboration (pour la prévention). Elle met en présence et en contact les protagonistes. Au Mali, les modes de gestion privilégies des conflits communautaires sont de trois ordres : le règlement coutumier, le règlement étatique et la gestion par la société civile.

           

Primo, le règlement coutumier présente l’avantage d’être d’accès facile, économique et surtout rapide. Il est adapté aux réalités des terroirs et fait intervenir l’ensemble des communauté dans la recherche de solutions. C’est le mode de règlement le plus durable, lorsqu’il est bien mené. Il présente cependant l’inconvénient d’être parfois dominé, voire manipulé par des intérêts familiaux ou claniques.

           

Secundo, le règlement étatique est le plus utilisé lorsque le mode coutumier n’a pas donné les résultats escomptés. Il s’opère à travers les tribunaux les représentant de l’administration. Ce mode présente l’avantage de laisser une trace, voire une mise en exécution par la force publique. Il a pour lui, l’inconvénient d’imposer couramment ses décisions, d’arrêter le conflit sans résoudre le litige et parfois même de l’exacerber.

           

 En effet, la simple saisine du juge par l’une des parties créé une tension parce qu’elle est en déphasage avec les us et les coutumes. L’intervention de décisions de justice durcit généralement le climat de cohabitation entre les protagonistes. Il s’y ajoute les lenteurs de procédure, les coûts trop élevés de justice pour des plaignants souvent démunis et, enfin, l’existence parfois de nombreux arrêts contradictoires sur le même conflit qui pose souvent la question de la crédibilité de ces décisions.

L’évolution tend à restreindre la compétence administrative en matière de règlement des conflits communautaires au profit des conciliations et des tribunaux. De nos jours, l’administration intervient essentiellement par voie de conciliation des parties, d’actions de prévention des atteintes à l’ordre public, de mesures conservatoires avant le règlement au fond.

           

Tertio, le règlement par la société civile fait intervenir des ONG, des groupements associatifs ou des personnalités influentes. Il se bâtit sur la sensibilisation et l’information de toutes les partise par rapport aux conséquences du conflit sur collectivité et le pays. Il crée l’avantage d’être peu coûteux et peu procédurier.

           

L’inconvénient réside sans l’absence de reconnaissance légale qui fragilise les solutions issues de cette voie.

Mamoutou DIALLO

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