Confirmation: Iyad de nouveau en rébellion

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Dans notre précédente édition, nous écrivions en bas de la Une, en rouge pour montrer la gravité de la situation: «Dernière minute: Iyad Ag Aghali de nouveau en rébellion?» Nous disions ceci: «Le leader historique de la rébellion des années 1990, Iyad Ag Aghali, président du défunt MPA (Mouvement populaire de l’Azawad), aurait, semble t-il, repris le maquis. Il a été aperçu le mercredi 23 novembre dans l’après-midi, dans la zone d’Abeïbara, avec 7 véhicules contenant des hommes et un impressionnant arsenal de guerre. Alors, que s’est-il passé? Quelle mouche a dû piquer Iyad, censé être devenu apôtre de la paix?»

Eh bien! Le doute n’est plus permis. Iyad est bel et bien entré de nouveau en rébellion. Plusieurs sources proches de Kidal et, surtout, de sa communauté, nous ont confirmé cette information. Iyad est parti en brousse où il a troqué sa tenue habituelle contre le treillis des maquisards. Ses frères de l’Alliance du 23 mai pour le changement, en service dans la région de Kidal, ont déserté les casernes pour le rejoindre sur son site d’Abeïbara. Certains d’entre-eux sont sortis le jeudi 24 novembre, avec leurs frères d’armes du Sud, à la poursuite d’un soi-disant véhicule enlevé. Arrivés à Boureïssa, ils ont mis leurs compagnons dans un véhicule de transport collectif à destination de Kidal. Eux ont continué avec le véhicule de l’armée pour rejoindre Iyad Ag Aghali.

Le vendredi 25 novembre, deux notabilités de la région, Mohamed Ag Erlaf et Alghabass Ag Intallah, député de Kidal, ont fait le déplacement vers Abeïbara pour rencontrer Iyad et essayer de comprendre le bien-fondé de son attitude. Ils sont revenus à Kidal sans dire mot à personne. Certainement, le message d’Iyad a été transmis à qui de droit. Une fois de plus, il est en rébellion. Il n’a pas, pour l’instant, ouvert le feu. Il se positionne, profère des menaces, charge les plus hautes autorités, notamment le Président de la République. Il semble qu’il ait déjà envoyé une correspondance au gouvernement du Mali, qui aurait valeur de déclaration de guerre. Nous sommes activement à la recherche de cette missive.

En attendant, les proches d’Iyad Ag Aghali avec lesquels nous avons des contacts insistent sur le fait qu’«ATT n’a jamais respecté les nombreuses promesses faites à Iyad». Ensuite, ils disent «ATT est en train de militariser la région de Kidal, avec les réalisations d’infrastructures sécuritaires et militaires en cours, contrairement au Pacte national d’avril 1991, qui parle de la démilitarisation de la zone». De plus, il y a le «non respect de l’Accord d’Alger, qui prévoit la réinsertion socio-économique de 40000 jeunes non encore effectifs». Grosso modo, voici ce qu’Iyad reproche à ATT et qui explique vraisemblablement le retour de ce chef de guerre dans le maquis.

Ce qu’il faut savoir, c’est qu’Iyad est déjà en connexion avec des revenants de la Lybie lourdement armés. Ils avaient, semble t-il, un problème de leadership en leur sein. Le retour d’Iyad à ses vieilles amours a permis de régler cette situation, puisque tous reconnaissent en lui leur chef incontesté. Ils étaient ensemble chez feu Kadhafi. Ils avaient fui la sécheresse de 1973 et les répressions du CMLN pour gagner la Libye. Le Colonel ouvrit en 1980 ses camps d’entrainement militaire aux Touaregs exilés et les a utilisés dans plusieurs guerres, notamment au Liban et au Tchad. Dans les années 1990, Kadhafi a demandé à un groupe de rejoindre la mère patrie, le Mali, pour réclamer ses droits. Volontaires et engagés, Iyad  et plusieurs dizaines de personnes, débarqueront avec armes et bagages pour ouvrir les hostilités. Dans la nuit du 28 juin 1990, deux attaques furent lancées par un groupe de 50 hommes armés. Elles se solderont par la mort de 4 personnes à Tidermène et de 14 à Ménaka, dont 4 soldats. La suite est connue jusqu’aux évènements du 23 mai 2006. Il y a donc eu des hauts et des bas.

Récemment, en avril 2011, au lendemain de la composition du gouvernement Cissé Khaïdama Sidibé, Iyad et les siens avaient rédigé une déclaration intitulée «Manifeste pour la restauration du pacte d’honneur traditionnel de l’Adhagh», initiée par trois communautés tamasheqs, les Ifoghas, les Idnanes et les Taghat-mallet. Elles n’étaient pas contents du fait que, depuis l’avènement d’ATT, aucun Kidalois n’ait été nommé ministre. A l’époque, nous avions titré (N° 166 du lundi 18 avril 2011) «Kidal: Iyad reprend du service». Dans notre analyse, nous faisions remarquer «… En fait, les initiateurs de cette déclaration sont en train de concocter un scénario de déstabilisation du Nord-Mali, notamment de Kidal, dont ils prétendent défendre les intérêts. La première question que l’on se pose est de savoir pourquoi une telle déclaration en ce moment où la paix est en train de s’installer progressivement  à Kidal?». Entre temps, il y a eu des déclarations du MNA, devenu MNLA et, surtout, la guerre en Libye. Plusieurs facteurs venus s’ajouter aux ambitions malsaines nourries depuis fort longtemps par Iyad Ag Aghali. Fin stratège, il a saisi la «bonne opportunité» pour rejoindre le maquis. Le moins que l’on puisse dire est qu’il est un renégat.

Face à cette situation, l’Etat doit être plus fort que jamais. Pas de place pour des semblants de négociation. Le seul langage qui vaille avec ces hommes là, c’est bien celui de la force. A l’unisson, le peuple malien doit soutenir son armée et le chef suprême des armées, ATT, dans cette épreuve douloureuse. Les assassinats d’Européens sur notre sol sont loin de porter seulement la marque d’Al Qaïda. Ce sont les supplétifs des bandits armés de Kidal et de ceux qui s’apprêtent à attaquer le Mali qui en sont les vrais auteurs. Peuple du Mali, réveille-toi! L’heure est grave. N’accepte pas ce qui se dessine: la partition du territoire national. Unis, dans un même but, une même foi, nous vaincrons!. A suivre.

Chahana Takiou 

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