Conférence des cadres du COREN : “L’appellation Azawad est une imposture et une source de division du peuple”

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Les membres Coren
Les membres du Coren (photo archives)

L’accord pour la paix et la réconciliation issu du long processus d’Alger dort encore dans les tiroirs pour être fraichement signé à Bamako le 15 mai prochain avec ou sans les groupes rebelles de Kidal. Mais en attendant, il continue encore de faire couler beaucoup de salive au sein des organisations de la société civile. Le weekend dernier, c’était au tour de la principale organisation des ressortissants du nord (COREN) de partager ce qu’elle pense du fameux accord, notamment le mot ”Azawad” qui est ressorti du document.   Pour le collectif, cette appellation constitue tout simplement une ” imposture “, une ” source de division ” du peuple malien et est ” porteuse de germes réels d’une séparation imminente “. En effet, affirme Me Malick Ibrahim de la commission juridique du collectif, la dimension ” mémorielle “, mentionnée dans l’accord, fait appel à une construction basée sur une entité historique et territoriale de l’Azawad ainsi qu’une martyrisation de son peuple. Pour lui, dans ce document, l’identité imaginaire de ” l’Azawad ” est ” politiquement façonnée sur la base d’une essence qui détermine un être idéalisé vivant dans la souffrance de l’occupation du Mali ” et qui prétend à l’indépendance. ” La vraie identité de l’Azawad est alors imaginée comme une communauté homogène, une communauté morale adoptée à la volonté de l’indépendance du nord “, a-t-il poursuivi.

Pour le COREN, il est clairement établi que l’appellation ” Azawad “, citée parmi les trois fondements et règlements du conflit, se trouve acter par l’Accord pour la paix et la réconciliation. Chose qui, aux yeux de cette organisation de la société civile, ” ouvre voix royale au MNLA et autres pour l’utilisation efficiente des mêmes méthodes que les mouvements indépendantistes “. Et Me Malick Ibrahim, citant un écrivain, d’ajouter que dans les camps de réfugiés des mouvements indépendantistes, la mémoire et l’identité sont liées dans la perspective de l’indépendance. Cette réalité mémorielle reconnue aux indépendantistes dans le cadre de l’Accord issu du processus d’Alger est, aux yeux du COREN, un enjeu fondamental. Car façonnée par divers instruments comme les symboles, les discours etc. Curieusement, constate le collectif, le MNLA et ses partisans disposent d’un drapeau dont le design ressemble à celui de certains mouvements indépendantistes qui poussent comme des épines à travers le monde.

Pire encore, le MNLA enseigne ” l’histoire imaginaire de l’Azawad dans ce qui reste de l’école contrairement aux rébellions passées qui ont toutes épargné l’école “, déplore le COREN. De d’avis de la commission juridique du collectif depuis mars 2012, il n’y a pas d’école à Kidal ; par contre les jeunes gens sont quotidiennement endoctrinés par les indépendantistes.

Ces derniers sont confortés dans cette démarche par les ambiguïtés lexicales qui se trouvent dans l’article 21 des Accords préliminaires d’Ouagadougou et le préambule de l’Accord pour la paix et la réconciliation. ” Pendant que le Pacte national indique clairement que les régions du nord sont appelés 6ème, 7ème et 8ème région par le gouvernement du Mali et ” Azawad par les mouvements et fronts unifiés de l’Azawad, ces deux Accords (celui de Ouaga et d’Alger, ndlr) parlent du ” Nord du Mali appelé par certains  ” Azawad” “, regrette-on du côté de la principale association des ressortissants du nord.  Dès lors, il y a lieu de se demander pour qui le mot ”certains” est mis dans ces deux Accords. Selon le COREN, ” Les ambiguïtés entourant ce glissement syntactique et lexical, ajoutées à la reconnaissance actée de l’Azawad par le Mali, lui conférant tous les attributs d’une nation ” méritent une attention particulière.               Aboubacar DICKO

 

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