Parvenir à un consensus national autour de l’accord pour la paix et la réconciliation reste un pari osé pour la conférence d’entente nationale. L’heure est au plaidoyer même si le consensus reste difficile.
Après un long moment de léthargie, la communication autour de l’organisation de la conférence d’entente nationale a démarré sur l’ensemble du territoire. Plus qu’un défi, c’est un impératif pour les organisateurs de mener une course contre la montre pour faire adhérer l’ensemble des sensibilités à la question et dégager une position commune sur le Mali de demain.
À l’intérieur du pays, les participants aux différentes rencontres organisées, qui s’attendaient à de véritables questions de dimension nationale, ont plutôt assisté à une vulgarisation de l’accord. Or, pour l’équipe de Baba Akib Haïdara, l’équation devrait consister à faire fédérer l’ensemble des Maliens, à tout le moins, une bonne partie autour du processus de paix. Cette mission semble être délicate au regard de l’attente des populations à la base qui ont soulevé des questions de fond, qui n’appariassent pas dans les termes de référence de la conférence d’entente nationale.
Du côté des acteurs, pour arriver à s’entendre sur le principe de l’organisation de la conférence d’entente nationale, le gouvernement du Mali et la médiation internationale étaient obligés de jouer franc jeu avec la Plateforme et la CMA.
Par ailleurs, de la rencontre avec la commission d’organisation, il ressort que la volonté de trouver une solution est réelle, nous dit-on, mais que des discussions de fond sont obligatoires pour dégager un vrai consensus autour des termes de référence. Ici, la notion ‘’Azawad’’ constitue un point de désaccord et de blocage.
Pour leur part, la société civile et la classe politique tentent de donner du crédit à la volonté de la communauté internationale à mettre en œuvre l’accord pour la paix et la réconciliation. À ce propos, la conférence d’entente nationale revient dans les débats notamment au sein des travaux du conseil de sécurité des Nations unies. Seul bémol, certains partis politiques ne souhaitent pas se joindre aux discussions.
C’est le cas de l’ancien Premier ministre Soumana Sacko, qui a émis de sérieuses réserves sur la portée de l’organisation d’une conférence d’entente nationale. Pour Zou, cette question est loin de convaincre. Et pour cause, «la CNAS-Faso Hèrè et l’ADPS n’ont été associées à aucune des étapes ayant débouché sur l’Accord d’Alger. Or, elles ont fortement insisté sur la nécessité d’observer scrupuleusement le principe d’appropriation nationale du processus de sortie de crise…».
En revanche, Soumana Sacko plaide pour «la convocation d’un Congrès extraordinaire du peuple malien, lequel Congrès extraordinaire n’a rien à voir avec la Conférence d’entente nationale, d’autant moins que cette dernière est destinée, entre autres, à légitimer la fantasmagorique notion ‘d’Azawad’ que l’Accord antinational d’Alger définit déjà comme étant une nation». Des raisons objectives qui constituent un blocage au démarrage d’une activité qui est inscrite dans l’accord pour la paix et la réconciliation nationale.
Moumouni Sacko