Nous vous présentons nos excuses pour le retard, comme vous le savez nous avons eu une audience, laquelle audience a pris un peu plus de temps que prévu, mais mieux vaut tard que jamais. Nous sommes avec vous car comme vous le savez, depuis avant-hier, nous avons une délégation importante qui est dans nos murs. Elle est constituée de 15 membres du Conseil de sécurité des Nations Unies, qui sont venus nous rendre visite ici au Mali. Je me permets de les saluer et de les remercier pour cela.
Elle a eu à faire un passage à Mopti, elle est partie à Tombouctou et comme vous le voyez depuis hier, aujourd’hui, elle a rencontré tous les segments de la société malienne. On vient d’être reçu par le Président de la République et cette conférence a pour objet essentiel de vous permettre d’avoir la primeur de tout ce qui a été dit et donc, compte tenu des contraintes de temps, je vous demanderai d’être précis, concis et vous pouvez poser vos questions à Monsieur Ismaël qui est l’Ambassadeur de l’Angola, président en exercice du Conseil de sécurité pour le mois de mars, les Ambassadeurs de France et du Sénégal à New-York, tous les deux co-présidents de cette mission. Voilà le mot introductif que j’ai tenu à prononcer et nous sommes à votre disposition pour les questions que vous voudrez bien poser. Merci
Président du Conseil de sécurité :
Vous pouvez poser des questions, notre mission est presque à la fin et je pense que nous pouvons faire avec vous un petit bilan de ce que nous avons fait, pas seulement à Bamako mais également à Mopti et Tombouctou et spécialement notre audience ce soir avec son Excellence le Président de la République, avec qui nous étions un bout de temps qui nous a bien fait le point sur la vie politique du pays et comment aller de l’avant. Alors je pense que nous sommes ouverts, moi-même et mes deux collègues, l’Ambassadeur de France et l’Ambassadeur du Sénégal, en tant que co-présidents de cette mission. Alors nous sommes ouverts à toutes les bonnes questions (rires). Allez-y s’il vous plait.
Boubacar Sidibé du journal Le Prétoire :
Je voudrais savoir quel est l’objet de votre mission au Mali ?
Président du Conseil de sécurité :
Nous sommes venus ici pour d’abord, vous le savez le Mali est un pays sur l’agenda du Conseil de sécurité, le Conseil de sécurité accompagne de très près le processus de paix et nous sommes venus à ce moment où nous tenons à faire un peu le bilan, faire le point de comment ça marche, comment ça évolue, comment arriverons-nous à la paix et à la mise en application de l’Accord qui a été signé. Nous avons rencontré tous les participants à cet Accord, c’est-à-dire le Gouvernement même, les deux autres cosignataires et nous avons rencontré aussi la Société civile, pour voir comment cette société civile peut aussi faire en sorte que le processus de paix suive son chemin et qu’on arrive à cet objectif final : la paix et la consolidation du processus ici au Mali. L’objectif était exactement pour le Conseil de sécurité, de voir et de rencontrer directement, les principaux membres interlocuteurs pour l’application de cet Accord. Voilà, c’est bien cela.
L’Ambassadeur de France, co-président de la mission :
Bonjour Mesdames Messieurs et merci d’être venus si nombreux… En écho à ce que vient de dire l’Ambassadeur de l’Angola, en qualité de Président du Conseil de sécurité, en écho aussi à l’introduction de Monsieur Annadif, que je voudrais chaleureusement remercier pour, à la fois son accueil mais aussi la grande qualité de son travail, je voudrais vous dire que le Conseil de sécurité s’est rendu au Mali, suite à une initiative que nous avions prise conjointement avec mon ami l’Ambassadeur du Sénégal et avec un message, j’allais dire, central, qui est d’encourager l’ensemble des acteurs maliens, à ce moment charnière dans l’histoire du pays, de donner un coup d’accélérateur unanimement à la mise en œuvre de l’Accord de Paix.
C’était cela au fond le message central afin que cet Accord pour la Paix et la Réconciliation… afin que cet Accord trouve sa traduction dans l’ensemble des domaines de la vie des maliens, une traduction concrète, comme ce que vous appelez les « dividendes de la paix », afin que le processus de réconciliation et de retour de la confiance entre les uns et les autres trouve son rythme et devienne productif. Afin, enfin que ceux qui sont contre le processus de paix, les groupes terroristes, soient combattus le plus efficacement possible. Au fond, c’était ça le message central du Conseil de sécurité, c’est le message que nous avons passé à tous nos interlocuteurs et ce qui m’a frappé, je dois le dire sous le contrôle de tous mes autres collègues du Conseil, ce qui a frappé, je pense, nos collègues du Conseil de sécurité dans leur ensemble, c’est comment ce message-là, central, que nous avons décliné domaine par domaine, a trouvé un écho unanime auprès, j’allais dire, de la totalité de nos interlocuteurs. Nous sortons d’un entretien extrêmement utile, extrêmement approfondi, extrêmement riche avec le Président. Nous avons eu aussi comme l’a rappelé Ismaël avec le Premier Ministre, le Gouvernement avec également et l’opposition et la majorité présidentielle. Une rencontre également extrêmement importante que nous avons eue avec la CMA et la Plateforme qui étaient rassemblées autour de nous, avec d’autres acteurs que nous avons vu ici à Bamako, que nous avons vu à Mopti, que nous avons vu à Tombouctou.
Je dois dire à titre personnel que ces étapes et à Mopti et à Tombouctou, ont été très marquantes, pour moi-même c’est sûr mais pour tous les collègues du Conseil de sécurité. Tombouctou, ville symbole de ce pays, ville symbole de la tolérance, Tombouctou, ville martyre sous le joug djihadiste dans les conditions que l’on sait et Tombouctou, ville espoir aujourd’hui ! Ville symbole et ville espoir, pour ce Mali qui repart de l’avant, pour, encore une fois, la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation. Donc, c’était une étape importante comme l’a été celle de Mopti, pour de nombreuses raisons. Et donc mon message c’est que, ce propos central que nous avons tenu unanimement au nom du Conseil de sécurité, a eu un écho unanimement positif en retour.
Moi j’étais très frappé, le Président a été très clair dans son engagement, ainsi bien sûr que le Premier Ministre et les membres du Gouvernement, l’expression ‘’hâter le pas’’ a même été employée. Hâter le pas, accélérer encore le mouvement, autant qu’on le peut, pour la mise en œuvre pleine et entière de l’Accord de paix. J’ai été frappé aussi de voir combien, chez nos interlocuteurs, réunis pour l’occasion, ce qui était un symbole extrêmement fort de la CMA et de la Plateforme, combien pour eux aussi, tel qu’il nous l’on dit, et je ne veux pas parler à leur place bien sûr, mais la mise en œuvre de l’Accord, était une priorité.
Autrement dit, nous n’avons pas rencontré d’interlocuteurs, parmi tous ceux dans leur grande diversité que nous avons vu, qui ont émis un jugement négatif sur ce message central que nous avions : mettre en œuvre de façon pleine et entière, concrète et sur le terrain et au profit des populations maliennes, l’Accord de paix. Donc il y a un consensus-là qui est très fort et qui est une base de travail pour les semaines et les mois à venir, pour le Mali d’abord et les acteurs du Mali d’abord, qui sont les premiers naturellement concernés et qui ont leur destin en main mais aussi pour tous ceux comme la France et tous les membres du Conseil de sécurité, viennent en soutien de ces efforts du Mali, il y a là je le pense, une opportunité historique, à bien des égards, pour concrétiser , accélérer encore cette dynamique positive, fragile bien sûr, mais positive que nous voyons à l’œuvre dans l’ensemble des domaines et donc nous repartons les uns et les autres plus encouragés encore, plus engagés encore à soutenir les efforts du Mali.
Nous avons été frappés vraiment par la qualité des échanges que nous avons eus avec l’ensemble des interlocuteurs que nous avons rencontrés dans leur grande diversité et je crois qu’en termes d’appréciation de la situation au Mali, nous avons beaucoup, beaucoup appris et nous avons vu et, nous faisions la remarque avec nos collègues du Conseil de sécurité au terme de cette journée, qui n’était pas de tout repos, il faut quand même le dire, nous avons été impressionnés, impressionnés par ce mouvement unanime vers la mise en œuvre de l’Accord de paix. Impressionnés aussi par la qualité, la grande qualité des femmes et des hommes que nous avons rencontrés et qui forment la patte, le tissu de ce pays que nous aimons.
L’Ambassadeur du Sénégal, co-président de la mission :
Si je puis ajouter un mot, pour le sens de cette visite, il faut savoir que dans quelques jours, les Nations Unies vont envoyer ici une mission d’évaluation stratégique de tout ce que la MIUSMA est en train de faire, depuis son installation, son déploiement ici. Il va se passer au mois de juin prochain également, le renouvèlement, l’examen du mandat de la MINUSMA, dont beaucoup de nos interlocuteurs ici nous ont dit que beaucoup de maliens ne comprenaient pas le mandat réel de la MINUSMA, surtout face aux attaques terroristes. Cette mission se place également dans le cadre d’une visite en Afrique de l’ouest. Le Mali en est la première étape, si Dieu le veut demain, nous serons à Bissau et après-demain, nous serons à Dakar. Ça c’était un peu pour placer les deux visites dans leur véritable contexte, sachant que, ce qui se passe au Mali, le Président l’a rappelé tout à l’heure, concerne le Mali, l’Afrique de l’Ouest, le Sahel et toute la communauté internationale. Voilà donc pour préciser d’avantage le sens de cette visite du Conseil de sécurité, chez-vous, chez-moi, parce que je suis sénégalais, donc le Mali c’est mon pays
Célia D’Almeda du Journal du Mali l’Hebdo et Journal du Mali.com :
J’ai une double question. Messieurs les Ambassadeurs, vous avez dit que vous avez été marqués par la volonté de tous les acteurs d’aller plus vite, mais tous les acteurs vous ont certainement peut-être parlé des raisons pour lesquelles ça ne va pas vite. Est-ce que vous pouvez partager ces raisons-là avec nous ? Deuxièmement, vous avez évoqué la MINUSMA ici au Mali qui subit de lourdes pertes, malheureusement il y en a encore eu récemment, est-ce que justement, dans le cadre du réexamen du mandat de la MINUSMA, on pense à un peu mieux protéger les soldats de la MINUSMA et voir leur donner le droit de se défendre ? Merci
Président du Conseil de sécurité :
Je vais toucher à cette question de : « pourquoi on ne va pas vite ? ». C’est-à-dire, nous tous, les interlocuteurs que nous avons rencontrés, le Gouvernement naturellement, y compris son Excellence le Président, tout le monde, comme l’a indiqué notre collègue l’Ambassadeur de la France, tout le monde veut aller vite. Simplement, il faut aller prudemment aussi. Il ne faut exposer, ni la MINUSMA, et vous savez la MINUSMA, c’est une force qui a lourdement été frappée déjà. C’est peut-être la Mission de Maintien de paix qui nous a couté le plus de vies. Il faut créer toutes les conditions de façon à ce que tout le monde soit bien d’accord sur le besoin de faire de sorte qu’en allant vite, nous allons prudemment. Le Mali, bien qu’étant un pays avec une longue vie démocratique et tout le reste, est comme un enfant. Quand un enfant commence à marcher et vous, c’est une dame qui m’a posé la question, vous savez, quand votre enfant vient d’apprendre à marcher, il ne faut pas le faire courir, autrement, il va se faire mal. Alors là, nous pensons que si nous sommes tous intéressés à ce que ça aille plus vite mais avec prudence de façon à ce que le résultat soit aussi bien obtenu et bien incarné, comment dirais-je ? Il faut que tous les maliens se sentent bien concernés, qu’on veuille atteindre un bon résultat, on ne veut pas pleurer les morts, on veut saluer les victoires ! C’est cela que nous pensons être la raison pour laquelle nous sommes un peu plus prudents sur les pas à donner, mais je pense que cela va se faire mais plus vite encore.
Cette fois-ci au contraire, on nous a aussi fait part des accords passés qui ont été signés mais malheureusement pas mis en œuvre. Nous voulons que cet accord et nous avons trouvé une confiance élargie à tout le monde, que cette fois-ci c’est pour faire, c’est pour avancer, c’est pour vaincre et pour reconquérir la paix du Mali et le développement surtout dans cette région du nord du Mali qui n’est pas encore tout à fait dans une situation de paix. Voilà, c’est cela que je voulais dire, je ne sais pas si mes collègues veulent aussi ajouter autre chose. C’est la prudence, plutôt que le doute, il n’y a pas de doute mais il y a de la prudence.
Ambassadeur de France
Sur le premier point, la première question que vous avez posé Madame, je crois que l’unanimité que nous avons senti chez nos interlocuteurs, unanimité pour considérer que l’avenir du Mali appartenait dans la mise en œuvre de l’accord de paix et de réconciliation et qui, sous le contrôle de mes collègues nous a frappée. Cette unanimité est la base, la condition, le socle de tout ce qui rend possible le processus de réconciliation, le développement bien sûr qui est la priorité, le développement économique y compris du Mali.
La condition est réunie, ce qu’il faut c’est sur ce socle entretenir une dynamique positive et elle commence cette dynamique, elle a commencé, on le sent. Il faut l’entretenir, lui donner ce que j’appelle un coup d’accélérateur et y compris sur ce coup d’accélérateur, j’ai senti une très forte convergence de l’ensemble de nos interlocuteurs.
Quelques exemples des progrès que nous avons mentionné : la question de la décentralisation, la question du désarmement des anciens et de leur réintégration, la question du redéploiement de l’Etat malien au nord du Mali. Voilà quelques têtes de chapitres parmi bien d’autres, qui doivent permettre d’alimenter cette dynamique positive que j’évoquais à l’instant. Parmi les éléments de ce contexte, il y a bien sûr la sécurité, il y a bien sûr la menace terroriste et un contexte qui on le sait tous, est difficile.
De ce point de vue, je souhaiterais rendre hommage une nouvelle fois à la MINUSMA pour son travail sur tous les fronts, pour avoir versé le prix du sang au service du Mali, au service de la paix dans ce pays et dans la région. Et je souhaiterais rendre hommage encore une fois à Monsieur Annadif pour son leadership et à toutes ses équipes dont plusieurs membres sont avec nous aujourd’hui.
Alors la MINUSMA, elle a l’un des mandats les plus robustes comme vous le savez qui n’ait jamais été donné à une mission de maintien de la paix. C’est naturel plus qu’elle est dans un environnement qui comporte une menace terroriste. Et bien ce mandat pour qu’il soit pleinement mis en œuvre, il est important et je crois que c’est un message que j’ai reçu, que nous avons reçu aujourd’hui de différents interlocuteurs, que la MINUSMA ait vraiment les moyens de le remplir à fond. Et encore une fois et sous le contrôle de chacun ici, nous avons bien reçu le message qu’en terme par exemple de formation, qu’en terme d’équipement la MINUSMA devait être à mesure de remplir un mandat qui encore une fois à bien des égards est exceptionnel par sa robustesse. Voilà ce qui résume un peu nos conversations.
Questions groupées :
Adama Diarra, Reuters
Qu’est-ce que le Conseil de sécurité attend pour mieux équiper les soldats de la MINUSMA plus précisément les contingents africains ? On note que la plupart des soldats qui sont tombés au nord ce sont des contingents africains ? Est-ce que vous êtes dans cette logique de mieux les équiper ?
Mame Diarra, MIKADO FM
Vous faites une visite de 48 heures très intense et je pense que vous avez été à Mopti et Tombouctou, qu’est-ce que vous avez pu ressentir comme préoccupation la plus urgente parmi les autorités régionales, traditionnelles et tous ceux que vous avez pu rencontrer qu’est-ce qui vous a semblé urgent dans leurs attentes et dans leurs préoccupations ?
Baba Dembélé, Canard Déchainé
Vous avez dit Monsieur l’Ambassadeur afin de combattre les terroristes, moi j’aimerai savoir s’il y a une stratégie qui est élaborée pour ce combat ?
Boubacar Sidibé, Le Prétoire
C’est peut-être la même question mais je voudrais donner plus de précisions. Les ambassadeurs ne sont pas sans savoir que s’il y a un obstacle majeur auquel le processus de mise en œuvre de l’accord est buté, c’est le regain des activités terroristes dans le septentrion. Est-ce que vous avez en projet dans le cadre du renouvellement du mandat de la MINUSMA de donner plus de moyens à la MINUSMA afin de lutter efficacement contre les terroristes ?
Ambassadeur du Sénégal
Je vais commencer par la question la moins difficile sur les contingents africains. Le Sénégal a un contingent ici et nous étions à Kidal, où on a subi des pertes, nous sommes en ce moment au sud et au centre avec des forces de police. Cela tient au sous-équipement des armées africaines en général. Comme vous le savez une opération de maintien de la paix est complexe à monter. Nous, nous pouvons contribuer avec des hommes et des femmes parce qu’il y a beaucoup de femmes également. Maintenant on n’a pas tout le temps tous les moyens qu’il faut adaptés aux différents théâtres. On engage des troupes et les Nations Unies les acceptent. Maintenant selon la configuration du terrain, voir avec quels pays qui peuvent équiper les contingents qu’ils demandent surtout que malheureusement, il est apparu tout au long de nos discussions que le mandat de la MINUSMA, qui a été établi dans un contexte totalement différent de ce que nous vivons aujourd’hui, n’est plus tellement adapté. Parce qu’à l’époque c’était pour stabiliser, il y avait des mouvements qui revendiquaient, qu’il y ait indépendance, qu’il y ait beaucoup plus d’autonomie et maintenant nous avons à faire à tout autre chose. C’est la raison pour laquelle toutes les informations que nous avons recueillies ici pourraient, je mets tout cela au conditionnel parce que le groupe que vous voyez ici et qui va se réunir à New York si Dieu le veut dans quelques temps pour voir, comment et quelles améliorations apporter si nécessaire au mandat de la MINUSMA. Cela c’est pour la question des contingents africains et surtout le manque de matériel et de formation pour certains.
S’agissant des populations du Nord, ce qu’elles nous ont dit Madame hier, la principale préoccupation c’est qu’elles ne sentent pas encore que l’Etat malien est vraiment réellement présent à tous les niveaux. Cela s’explique également de tous les entretiens que nous avons eus l’insécurité quasi-totale dans le nord fait que tel juge, tel enseignant, tel sagefemme ne peut pas. Les maires aussi nous l’ont dit hier, les maires de Tombouctou qu’ils ne sentaient pas l’autorité de l’Etat.
Tout à l’heure le Maire de Gao parmi les hommes politiques nous a dit qu’ils se sentent abandonnés.
Nous, vu du Conseil de sécurité depuis New York nous pensons que ce n’est pas un abandon. Quel pays, quel état et quel état ne voudrait pas exercer la plénitude de son pouvoir sur son territoire ? Mais le Mali revient de loin. Progressivement l’Etat malien reprend ses positions et c’est en cela que nous regardons avec beaucoup d’optimisme en priant que le prochain forum réussisse et qui va se tenir à Kidal.
Les mouvements que nous avons rencontrés ce matin, les femmes également placent beaucoup d’espoir dans ce qui va se passer les 27, 28 et 29 mars prochains à Kidal.
En dernier mot et pour conclure mon propos les lenteurs dans l’application du processus de paix, Madame c’est vous qui avez posé la question. Nous pensons que les femmes en général, les jeunes en particulier ne sont pas encore pleinement impliqués dans la mise en œuvre effective du processus. Nous l’avons dénoté dans les différents comités, les différentes commissions, il n’y a pratiquement pas de femmes. Or sans les femmes en Afrique très peu de choses se feront.
Ambassadeur de France
Peut-être un mot portant sur la menace terroriste. Inutile de vous dire que la menace terroriste est au premier rang de nos priorités. Et là je sais que je parle pour l’ensemble des membres du Conseil de sécurité. C’est dans cet esprit que la France avait lancé dans le contexte que vous connaissez l’opération Serval, je ne reviens pas. C’est dans cet esprit que la MINUSMA aujourd’hui a pour mission et c’est même une de ses missions principales, la protection des civils. Et qui dit protection des civils, dit bien sûr protection des civils contre en particulier la menace terroriste.
Et puis le troisième étage, bien sûr l’opération Barkhane. Et là, je voudrais tirer parti de ce bref moment pour rendre hommage à nouveau aux hommes et aux femmes qui, au nombre de 3500, composent cette opération unique déployée sur cinq pays du Sahel en particulier ici au Mali. C’est l’opération par son ampleur géographique la plus large que la France ait menée depuis la seconde guerre mondiale, qui couvre un territoire plus large que l’ensemble de l’Europe de l’ouest et qui a pour objet de casser les routes, les voies de circulation, la capacité de manœuvre en particulier des groupes terroristes qui au-delà même du Mali cherchent à agir sur l’aire géographique du Sahel.
Donc en réponse à votre question, à travers ces trois étages en particulier, oui la lutte contre le terrorisme est et reste plus que jamais au premier rang de nos priorités.