Conclusions de la Réunion consultative ministérielle sur le processus de paix malien et sur la mise en œuvre de l’Accord de paix

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Jan-EliassonLe 1er octobre 2015, les Nations Unies ont tenu, en marge du débat général de la 70ème session de l’Assemblée générale, une réunion ministérielle consultative sur le processus de paix au Mali et sur la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation. La réunion a été ouverte par le Vice-Secrétaire général des Nations Unies, M. Jan Eliasson, et co-présidée ensuite par le Ministre d’Etat, Ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale de l’Algérie, M. Ramtane Lamamra, le Ministre des Affaires étrangères du Mali, M. Abdoulaye Diop et le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. Hervé Ladsous. L’événement a rassemblé les membres de la médiation internationale – l’Algérie, l’Union africaine, le Burkina Faso, le Tchad, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’Union européenne, la Mauritanie, le Niger, l’Organisation de la Coopération islamique et les Nations Unies – les membres du Conseil de sécurité ainsi que le Gouvernement du Mali, afin de dresser le bilan des progrès accomplis et des défis à venir entourant la mise en œuvre de l’Accord. Ont également assisté à la réunion en tant qu’observateurs plusieurs pays contributeurs de contingents et d’effectifs de police à la MINUSMA.

  1. Les participants ont reconnu que le Mali avait atteint une étape cruciale de son histoire à la suite de la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation par le

Gouvernement du Mali et la Plateforme le 15 mai 2015, à Bamako, ainsi que par la

Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) le 20 juin 2015. Ils ont félicité les parties maliennes, et en particulier le Président Ibrahim Boubacar Keita, pour leur engagement renouvelé en vue de parvenir à une paix durable au Mali. Les participants ont remercié la médiation internationale, notamment l’Algérie, pour son soutien aux pourparlers de paix d’Alger. Ils ont souligné le fait que la signature de l’Accord constituait une première étape vers la restauration de la stabilité et de la sécurité, l’amélioration des conditions de vie des populations et la réconciliation aux niveaux local et national au Mali. Ils ont exprimé leur profonde préoccupation face aux multiples obstacles entravant les progrès dans l’application de l’Accord, en dépit du large soutien dont il fait l’objet au sein de la population.

  1. Dans ce contexte, les participants ont condamné les récentes violations de l’Accord et des arrangements de cessez-le-feu par les mouvements politico-militaires signataires et les ont exhortés à mettre pleinement et sincèrement en œuvre l’Accord. Ils ont également condamné fortement les attaques continues, en particulier de la part de groupes terroristes, contre le personnel humanitaire, les forces de défense et de sécurité maliennes, la MINUSMA et les forces françaises. Ils ont exprimé leur profonde préoccupation quant à l’extension des activités terroristes vers les régions du centre et du sud du Mali.
  2. Les participants ont exhorté les mouvements politico-militaires de la Plateforme et de la Coordination à adhérer immédiatement au cessez-le-feu et à exécuter pleinement leurs engagements dans le cadre de l’Accord. Ils ont exhorté la Plateforme et la Coordination à cesser immédiatement les hostilités, à se retirer sur les positions qu’elles occupaient lors de la signature de l’Accord et à coopérer pleinement avec la MINUSMA. Ils ont pris note, dans ce contexte, de la volonté du Conseil de sécurité, dans sa résolution 2227 (2015), de considérer des sanctions ciblées à l’encontre de ceux qui feraient obstruction ou menaceraient la mise en œuvre de l’Accord et violeraient le cessez-le-feu.
  3. Les participants ont loué les efforts du Président Ibrahim Boubacar Keïta et de son gouvernement pour mettre en œuvre l’Accord et les ont exhorté à maintenir cette dynamique afin de parvenir, avec l’ensemble des parties signataires, à la mise en œuvre intégrale des dispositions de l’Accord. Ils ont demandé à toutes les parties au Mali de coopérer pleinement avec la MINUSMA afin qu’elle puisse s’acquitter de son mandat et pour soutenir, suivre et superviser la mise en œuvre de l’accord de cessez-le-feu et des mesures de confiance par les signataires de l’Accord. Les participants ont rappelé que le Conseil de sécurité des Nations Unies, conformément à sa résolution 2227 (2015), a autorisé la MINUSMA à prendre toutes les mesures nécessaires pour s’acquitter de son mandat, dans la limite de ses capacités et de ses zones de déploiement, y compris, en soutien aux autorités maliennes, afin de stabiliser les centres densément peuplés et autres zones ou les civils sont en danger, notamment dans le nord du Mali, en vue de dissuader les menaces et prendre des mesures actives pour prévenir le retour d’éléments armés dans ces zones. Ils ont aussi rappelé la demande du Conseil de sécurité adressée au Secrétaire général visant à permettre à la MINUSMA d’atteindre sa pleine capacité opérationnelle sans plus tarder. Ils ont de plus rappelé la demande du Conseil à la MINUSMA d’améliorer davantage son interaction avec les populations civiles, ainsi que sa communication avec les forces de défense et de sécurité maliennes, afin de faire mieux connaître et comprendre son mandat et ses activités.
  4. Ils ont aussi appelé les Etats membres et le Secrétariat des Nations unies à continuer de fournir à la MINUSMA le soutien nécessaire à l’exécution efficace de son mandat. Ils ont souligné le besoin urgent de mettre en œuvre les dispositions relatives à la défense et la sécurité, y compris le cantonnement, le désarmement, la démobilisation et la réintégration des groupes armés ; le redéploiement progressif sur tout le territoire national des institutions maliennes de défense et de sécurité reconstituées, et la réforme générale du secteur de la sécurité ; le lancement immédiat de patrouilles conjointes pour renforcer la confiance entre les parties ; et la mise en place intégrale des mécanismes de suivi.
  5. Les participants ont souligné le rôle essentiel que le Représentant spécial du

Secrétaire général pour le Mali et la MINUSMA devraient continuer de jouer pour soutenir

et superviser l’application de l’Accord par le Gouvernement du Mali, la Plateforme et la

Coordination, notamment en assumant un rôle de premier plan dans la coordination de la mise en œuvre de l’Accord, en supervisant le Comité de suivi de l’Accord (CSA), ainsi qu’ en assistant les parties maliennes à définir les priorités dans la mise en œuvre de l’Accord.

  1. Les participants ont noté l’importance que revêt une large participation au processus de paix et à ses mécanismes de suivi, en particulier de la part des organisations de la société civile, y compris les groupes de femmes et de jeunes ainsi que des chefs traditionnels. Ils ont souhaité que l’ensemble des acteurs concernés puissent participer au processus de paix par afin de renforcer son appropriation par la population. Ils ont souligné en particulier le besoin d’assurer une meilleure participation des femmes dans les mécanismes de suivi prévus par l’Accord. Ils ont aussi appelé le Gouvernement du Mali, avec le soutien des partenaires internationaux, à contribuer rapidement à l’instauration d’un climat propice à la réconciliation aux niveaux national et local, y compris par la mise en œuvre de réformes prévues par l’Accord notamment dans les domaines de la décentralisation, de la justice, de l’éducation et

de la sécurité. Ils les ont invités également à s’efforcer rapidement de générer des dividendes de la paix aux populations, en particulier dans les régions du nord. Ils ont en outre appelé les autorités maliennes à poursuivre leurs efforts pour lutter contre l’impunité.

  1. Enfin, à la lumière des problèmes de sécurité persistants auxquels la région du Sahel fait face, les participants ont noté la nécessité pour les pays de la région, notamment via le

Groupe des Cinq pour le Sahel et le processus de Nouakchott sur le renforcement de la coopération en matière de sécurité, de renforcer leur coopération pour combattre les menaces récurrentes dans le Sahel, y compris le terrorisme ainsi que la criminalité transnationale organisée.

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  1. Le Ministre des Affaires Etrangeres a obtenu de bonnes recommandations a cette reunion du Conseil de Securite presidee par le Secretaire General Adjoint.Sur la base de ces conclusions et recommandations,il convient d’etablir maintenant une Feuille de route axee sur trois objectifs principaux:
    Le cantonnement ,le desarmement,la demobilisation et les affectations des rebelles aux lieux et aux activites selectionnes.2) Le controle et la prise en charge de tout le territoire national par l’armee Malienne ,et l’administration Malienne.3) Collaborer avec la Cour Penale Internationale pour traduire en justice les auteurs de crimes de genocide,de crimes contre l’humanite et les crimes de guerre.Il est illogique de s’evertuer a eviter les confrontations entre les parties adverses aussi longtemps qu’elles seront armees.Seule l’armee du Mali doit etre armee.Tracer des lignes de demarcation,des zones d’affectation des forces legales et des forces rebelles,est une absurdite dans un pays souverain.Nous ne sommes pas dans un cas ou deux pays souverains s’affrontent.Le gouvernement du Mali doit mettre fin a cette procedure absurde et exiger la demantelement des troupes rebelles.Les obstacles a l’extension du pouvoir souverain de l’Etat sur l’etendue du territoire doivent etre leves.Les forces qui ont soutenu les forces rebelles doivent etre remplacees ,soit en totalite ,soit par le remplacement de leurs chefs.La force Barkhane doit devenir une force multinationale confiee a un pays neutre.Il faut mettre a la tete de la MINUSMA un General au Sud du Sahara,Tchadien par exemple.La Feuille de route doit etre preparee avec un calendrier précis.Le refus d’adherer au calendrier doit declencher l’imposition de sanctions .Quand ces trios activites majeures seront accomplies une Conference Generale sera organisee pour traiter non seulement la reconciliation,mais aussi la repudiation de la corruption,la bonne gouvernance basee sur la laicite de l’Etat,le rejet de toutes les discriminations possibles,raciales,religieuses,geographiques , de sexe,etc.
    Les Autorites de l’Etat doivent affirmer les interets superieurs de la Nation et non se ranger du cote de ce qu’on appelle la Communaute Internationale.
    C’est grace aux interactions franches que l’on ira vers la paix.

  2. Enfin le peuple commence à comprendre que la MINUSMA n’est pas là pour le MALI mais pour les interets sordide des politiiens bâtards et voleurs de la France.

    Il faut organiser une gigantesque mobilisation et s’attaquer à tout ce qui ressemble aux nations unies pour les faire réflechir encore sur leur rôle trop partisan dans la crise qui sévit au Mali.

    Le monde entier est témoin de leur injustice…

  3. Il faudrait maintenant fixer un calendrier pour la mise en application de l’accord .
    Il serait très important de donner une date précise pour le commencement du désarmement , du cantonnement , de la démobilisation et la réintégration des groupes armés .

    Une date butoir devrait être donnée également pour le commencement du redéploiement progressif des FAMA sur tout le territoire national .

    Le fait de ne pas fixer de calendrier ni donner de dates butoirs pour les différentes opérations dans le cadre de la bonne application de l’accord de paix , favorise l’installation d’un climat de doute et de suspicion .

    Il est totalement incompréhensible qu’après plus de cent jours (100) de la signature de l’accord par tous les belligérants , que rien ne soit encore entrepris dans le cadre de l’application du même accord .

    Plus le temps passe sans l’application de l’accord , plus le doute , la méfiance et la suspicion s’installent dans l’esprit de la population .

    Les missions de la MINUSMA sont connues .
    L’incompétence et la mauvaise foi des responsables de la MINUSMA sont connues également .

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