Concertations militaires contre l’islamisme armé :Les chefs d’état-major des pays de la bande sahélo- saharienne en conclave à Bamako

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Dans les milieux politiques et diplomatiques africains comme européens, les craintes pour la succession de Ben Laden sont nombreuses. L’Algérien Abdel Maleck, l’Egyptien Al Zawhary ou encore le Libyen Abu Yahya sont des candidats sérieux à la succession du Saoudien à la tête de la Centrale internationale du terrorisme. Cela n’est pas forcément de bon augure pour la sous- région déjà éprouvée par Al Qaïda qui dispose de plus grandes bases militaires en Afrique.Les ministres des Affaires étrangères d’Algérie en la Personne de M. Abdel Kader Moussaer, de Mauritanie, M. Ould Hamadi, du Niger, M. Mohamed Bazoum et du Mali, M. Soumeylou Boubèye Maïga se sont réunis, vendredi 19 mai 2011, au Blu Radison Hôtel sis à l’ACI 2000 pour évaluer la situation sécuritaire dans la Zone sahélo- saharienne.

La rencontre des ministres des Affaires étrangères a été précédée par celle des chefs d’état-major des pays concernés. Ces concertations entre chefs des armées des quatre pays semblent marquer un changement de stratégie dans la lutte contre le terrorisme dans la bande sahélo- saharienne, une convergence de vue qui reste à être confirmée sur le terrain face à une recrudescence possible des actes terroristes dans la sous région. En effet, Al Qaïda, en difficulté en Afghanistan, au Moyen- Orient comme au Maghreb, pourrait tenter des coups d’éclat pour faire pièce à la campagne de presse sur son affaiblissement, et la zone sahélo- saharienne semble toute indiquée pour ces actions à but publicitaire. Reste à savoir si les pays ont réellement dépassé leurs divergences pour aujourd’hui faire face à une telle menace. Les partenaires au développement comme l’homme de la rue attendent de voir avant de croire au changement de cap dans la lutte contre le terrorisme.

Le dernier communiqué de Ben Laden a valeur de testament pour Abdel Maleck
La guerre de succession de Ben Laden concerne directement l’Afrique et notre sous- région. En effet, si Abdel Malek Droukdel, cet Algérien qui s’est battu pour que l’ex- GSPC (le Groupe Salafiste Pour la Prédication et le Combat) soit mis sous la coupole d’Aqmi, succédait Ben Laden à la tête de la Centrale internationale pour le terrorisme, le mouvement risque de se radicaliser. Droukdel pourrait se lancer dans une campagne tous azimuts aux fins de se légitimer davantage sur le terrain. Or, le terroriste algérien, que son pays a aidé à transporter la guerre sur le territoire malien, a quelques chances, même maigres, de prendre le fauteuil prestigieux laissé vacant par Ben Laden depuis quelques semaines. La reconnaissance tant recherchée par Abdel Maleck est arrivée à travers un communiqué de Aqmi justifiant le rapt, à Arlit (Niger), des 16 expatriés français, togolais et malgaches accompagné d’une demande de retrait des Français d’Afghanistan. Acte insignifiant aux yeux de tous, mais qui a valeur de testament pour un terroriste en quête de publicité. Et on peut compter sur l’ambition démesurée de cet homme qui croit avoir une chance unique de marquer l’histoire de son pays et du monde. Mais, même si le fauteuil revenait au médecin égyptien Ayman Al-Zawhari ou au Libyen Abu Yahya al Libi, les terroristes africains s’en enorgueilliraient malgré tout et tenteraient, quoiqu’il arrive, de le justifier par des actes fous sur le terrain.

Cinq milliards de francs CFA de don pour effacer les soupçons d’hégémonisme ?

En outre, on voudrait croire l’Algérie qui, désormais, jure la main sur le cœur que sa vision du problème a changé. Cela reste à prouver. En effet, si l’instabilité des régions nord du Mali et du Niger a été au départ l’oeuvre du Colonel Kadhafi, à l’arrivée, c’est bien l’Algérie qui a transféré sur les territoires malien et nigérien sa guerre de religion et ses élections bâclées et finalement annulées- et qui avaient été remportées par le Front Islamique pour le Salut (FIS). Voulant acquérir une zone d’influence en Afrique au Sud du Sahara (ce qui était le cas avec le Mali sous Moussa Traoré), l’Algérie n’avait pas trouvé mieux que d’envoyer et d’aider au nord du Mali des seigneurs de guerre comme Abdel Hamid Abou Zeid et Mokhtar Belmochtar. C’est vrai parce que bon nombre de ces chiens de guerre en quête de terre d’accueil ont pris femmes au Mali et se considèrent maliens désormais, ce qui ne change rien à leurs réalités de soldats perdus dans le désert. L’Algérie, contre l’évidence (de sa propre incapacité à contrôler son territoire), continuait d’exiger la fermeture de soit- disant bases françaises et américaines au Mali. Aujourd’hui, il est établi que, malgré les élans nationalistes, nos frères d’Algérie, comme nous d’ailleurs, n’ont pas tous les moyens requis pour surveiller et renseigner correctement leur armée sur les mouvements terroristes, les trafiquants de drogues et autres contrebandiers du désert. Il y a des gens qui ont les moyens techniques de le faire et qui sont prêts à le faire. Nécessité faisant loi, il faut aller avec ces gens pour pacifier la sous- région. En tout cas, c’est ce que le Mali propose depuis longtemps. M. Soumeylou Boubèye Maïga, le nouveau ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, l’a encore réitéré au cours de sa récente tournée dans la région. Gageons qu’il a cette fois-ci trouvé des oreilles plus attentives à sa stratégie.
Housseyni Barry

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