Le Parti pour la renaissance nationale (Parena) a organisé les 10 et 11 décembre à l’hôtel Laïco de l’Amitié, la concertation sur les crises au sahel. Le thème principal en était: quels rôles pour les élus, les partis politiques et la société civile ?
Faut-il rappeler que cette rencontre s’inscrit dans la logique des colloques, en l’occurrence, celui de septembre 2009 organisé par le Parti pour la renaissance nationale (Parena) sur la vulnérabilité du sahel, les questions de sécurité et de gouvernance démocratique par lesquels le parti s’était déjà illustré. En effet, le parti dirigé par l’ancien ministre des Affaires étrangères, Tiebilé Dramé reste toujours convaincu que la résolution des multiples crises du sahel ne saurait être l’apanage des seuls gouvernants, services et diplomates.
C’est pourquoi, il a réitéré son appel des partis et organisations de l’Algérie, du Maroc, du Niger, du Burkina-Faso, du Tchad, du Sénégal, de la Libye, de la Mauritanie, de la Côte d’Ivoire, de la Guinée et des personnalités provenant d’Allemagne, des Etats-Unis, d’Espagne et de France. Etaient aussi conviés, des députés du Nord-Mali et du sahel occidental, des élus locaux Parena du Nord et du Sahel occidental, le réseau de plaidoyer, des partis politiques, des structures étatiques, le corps diplomatique, les organisations internationales, la société civile, des personnes ressources, la presse nationale et internationale.
Parmi les participants, au niveau national, figuraient, entre autres, l’ancien Premier ministre Ousmane Issoufi Maïga, le président de l’Assemblée nationale, Dioncounda Traoré, le ministre des Affaires étrangères et de coopération internationale, Soumeylou Boubèye Maïga, le premier vice président du Parena, Me Amidou Diabaté, le secrétaire général du Parena, Djiguiba Kéita, le modérateur Sidy El Moctar Kounta… Cette importante concertation se justifie, aussi, par les évènements survenus au cours des deux dernières années.
Comme l’a indiqué le président du Paréna, Tiébilé Dramé, la persistance des difficultés de cohabitation entre communautés, le narcotrafic entraînant l’enrichissement d’un cartel comprenant une mafia locale dont le sahel est la plaque tournante, Aqmi, les enlèvements d’otages, les opérations d’armées étrangères sur le sol malien et les combattants revenus avec des armes, suite à la crise libyenne, constituent aujourd’hui un conglomérat de menaces transnationales qui doit attirer l’attention sur l’enjeu que représente un espace sahélo saharien mal surveillé et aux proportions gigantesques. De ce fait, il a fustigé l’abandon de souveraineté d’un Etat en déficience de stratégies appropriées et qui a montré ses limites, des populations fragilisées par une insécurité alimentaire et le chômage de ses jeunes.
C’est pourquoi, a-t-il fait remarquer, ces concertations avec des structures nationales et internationales, des élus, la société civile, les partis politiques révèlent toute leur pertinence dans le rôle fondamental à jouer dans cette géopolitique des espaces. Le sahel, a-t-il ajouté, est notre cadre de vie à reconquérir, malgré nos défaillances politiques et économiques. Il convient d’explorer, a-t-il dit, les voies, notamment celle de la riposte internationale.
Il a attiré l’attention sur les perspectives d’avenir de notre pays, après juin 2012. Il faut, selon lui, réfléchir à la situation que tout cela va engendrer demain, pour notre terre commune, la sécurité de nos enfants, de nos voisins, en somme la sécurité globale. Les élus et personnalités du Nord ont exprimé leurs inquiétudes face aux nouvelles menaces, à l’emprise de la drogue et dénoncé l’absence de l’Etat. Almouzar Maïga a même parlé de démission de l’Etat, de corruption généralisée et d’insécurité alimentaire.
Le maire d’Ansongo et certains élus ont exprimé leurs préoccupations, car leurs enfants, a dit le maire, sont avec Aqmi. Mahmoud Ag Hattabo dit Aklinine, Président du conseil de cercle d’Ansongo, a fustigé le manque de coordination dans la lutte au sahel.
De ce fait, il a martelé qu’Aqmi est préfet de certains cercles du Mali. Boubacar Moussa Bâ, vice président de l’Union des forces de progrès de Mauritanie, a félicité la concertation qui démontre que la société civile a un grand rôle à jouer dans la crise du sahel. C’est pourquoi il a préconisé le retour des militaires dans les casernes et fustigé la gestion solitaire de la crise par le président de la République mauritanienne. Les représentants du Niger, en l’occurrence le colonel Mohamed Abou, ont décrit les particularités de leur pays, dans la gestion de la crise du sahel. A cet effet, ils ont expliqué les structures créées, les différences de configuration géographique entre notre pays et le Niger et l’intégration plus poussée, selon eux, des communautés nigériennes. Ils ont toutefois indiqué que dans l’ensemble, les problèmes sont identiques, notamment ceux engendrés par la présence d’Aqmi et les réseaux de trafiquants de drogues.
Baba Dembélé