Pour sa première visite après sa mise en place, la Commission Vérité Justice et Réconciliation est allée à la rencontre de la presse malienne au cours d’une conférence tenue le jeudi dernier à la Maison de la presse qui a regroupé autour de son président, M. Ousmane Oumarou Sidibé, la presque totalité des commissaires. Une occasion pour le président de définir le rôle et les missions de la commission aux médias sur lesquels il compte beaucoup dans l’accomplissement de sa mission.
Le président de la Commission Vérité Justice et Réconciliation, M. Ousmane Oumarou Sidibé, a animé le jeudi 29 octobre dernier à la Maison de la presse, une conférence de presse principalement axée sur les missions de ladite commission. Première du genre après sa mise en place, cette rencontre avec la presse a été l’occasion pour lui de faire l’historique de la création de la commission. Qui est une recommandation de la défunte commission dialogue et réconciliation.
En effet, lors de leurs différentes missions de prises de contact, organisées par les membres de cette commission, un besoin pressant d’introduction des notions de vérité et de justice a été exprimé par l’ensemble des populations. C’est ainsi qu’après les élections de juillet 2013, un Ministère de la Réconciliation et du Développement des Régions du Nord a été crée et a eu pour objectif la restructuration de l’ancienne CDR en commission vérité, justice et réconciliation.
Créée par l’ordonnance N° 2014-003/P-RM du 15 janvier 2014, la Commission Vérité Justice et Réconciliation est composée de quinze (15) membres nommés par décret pris en Conseil des Ministres parmi les personnalités faisant autorité pour leur compétences, leur intégrité intellectuelle et leur attachement sincère aux valeurs d’équité, de justice et de paix.
Aux dires du président de la Commission, M. Ousmane Oumarou Sidibé, il était très utile et nécessaire d’accorder la première rencontre avec la presse après la mise en place de la commission. Ensuite, la série de rencontres avec les autres membres de la société civile, la classe politique, etc. va se poursuivre.
Après ces rencontres, la commission visitera les trois régions du nord qui furent l’épicentre des crimes. Il s’agit de Tombouctou, Gao et Kidal. Ces visites permettront à la commission de présenter les grandes lignes élaborées après un séminaire de trois jours tenus à Bamako. Ce qui sera suivi de l’élaboration d’un plan d’action pour toutes les régions du Mali.
Le président s’est penché sur les missions de la commission qui demeurent inclusives dans la modestie, l’humilité et en toute responsabilité. Car, il y a eu des cas de crimes qu’il faudrait soigner d’abord. Ce qui demanderait un travail de reconstruction, de recoudre le tissu social très fragile depuis 2012.
« La commission n’est pas un tribunal, les commissaires ne sont pas des juges. Nous avons une justice sociale principalement axée sur les victimes. Notre vérité n’est pas la vérité du tribunal. Nous avons un pouvoir de recommandations », a déclaré le président de la commission.
Il faut noter que la Commission Vérité Justice et Réconciliation est chargée d’enquêter sur les cas de violations graves des droits de l’homme individuelles et/ou collectives commises dans le pays et spécifiquement à l’égard des femmes et des enfants ; mener des enquêtes sur les cas d’atteinte à la mémoire individuelle et au patrimoine culturel ; d’établir la vérité sur les violations graves des droits de l’homme et des atteintes aux biens culturels tout en situant la responsabilité et proposer des meures de réparation ou de restauration ; créer des conditions et de la réinsertion sociale des personnes réfugiées et déplacées ; favoriser le dialogue intra et inter communautaire, etc.
Au cours de cette rencontre, le président de la commission a demandé l’accompagnement de la presse dans l’accomplissement de sa mission car les ententes sont énormes vu les graves crimes commis au Mali. La commission a une mission de trois ans.
Les travaux de la Commission Vérité Justice et Réconciliation couvrent la période de 1960 à 2013 et portent sur l’ensemble des causes des conflits ayant affecté le nord du pays. Le président de la commission a été nommé le 17 août 2015 et les autres commissaires le 14 octobre.
Youssouf Sangaré