Commission vérité justice et réconciliation : Les erreurs à éviter

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Ousmane Oumarou Sidibé
Ousmane Oumarou Sidibé

La commission vérité justice et réconciliation est enfin en place en vue de restaurer la cohésion nationale. Cette commission doit être calquée  sur le modèle sud-africain. Elle doit s’enrichir de l’expérience de son aînée pour atteindre ses objectifs tout en corrigeant ses insuffisances.

Se parler, sans faux-fuyants, pour vivre, à nouveau, ensemble. Le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, a traduit en acte son désir de restaurer la cohésion nationale fragilisée par la crise de 2012. Il a créé à cet effet, une Commission vérité, justice et réconciliation dont les membres sont connus du grand public. Pour panser les plaies de cinquante ans du régime de l’Apartheid, une commission vérité et réconciliation (Cvjr) avait été instaurée en Afrique du Sud. Avec comme principe directeur que les auteurs de violations des droits de l’Homme confessent leurs crimes. Alors, s’ils apportaient la preuve que leurs actes étaient politiques, ils pouvaient, en échange  présenter des excuses publiques, demander l’amnistie. Si leurs témoignages étaient édulcorés, ils retombaient dans le système judiciaire classique. «  Nous avons pour mission de faire éclater la vérité sur notre sombre passé, d’enterrer les fantômes pour qu’ils ne reviennent plus nous hanter », déclarait son président, Desmond Tutu. En deux ans, plus de 7.000 auteurs de violences politiques ont demandé pardon, mais seulement 850 d’entre eux ont été amnistiés. La Commission vérité et réconciliation a été citée depuis comme un exemple de succès en matière de justice transitionnelle. Et, d’autres pays africains, comme, la Côte d’Ivoire, se sont inspirés  du modèle Sud Africain. Copier l’Afrique du Sud Cependant, plusieurs  analystes lui ont trouvé des insuffisances qu’il semble impérieux de relever afin de s’assurer toutes les chances de réussite à la Commission vérité, justice et réconciliation du Mali. Il est surprenant que la CVJR soit encore tant citée comme modèle de justice transitionnelle dans le monde. Les pays qui ont récemment fait part de leur intention de créer une commission semblable, devraient étudier plus attentivement les limites de ce modèle et tâcher d’en tirer des leçons.

La vérité est la base de toute réconciliation. C‘est un secret de Polichinelle de dire que la crise politico-militaire dans notre pays,  trouve son origine dans la crise lybienne. Pour bénéficier du pardon des Maliens, ils doivent enfin dire la vérité  sur les causes profondes de la crise . Il s’agit de :Amadou Toumani Touré, Amadou Haya Sanogo, Soumaila Cissé, Oumar Mariko, Mohamed Dieri et tous les autres sbires. Ils doivent témoigner, voire professer, en des termes clairs, qu’ils partagent  des responsabilités dans cette crise de 2012. Au lieu de continuer à jouer avec l’intelligence des Maliens en tenant des discours clairs-obscurs pour endormir le peuple.

En plus de la vérité, les coupables doivent reconnaître leur responsabilité personnelle. Ils ne devant pas s’agiter de chercher à se cacher derrière un prétendu commanditaire. Chacun est responsable de sa faute. En clair, ils devront faire leur mea culpa. En Afrique du Sud, il a été reproché à certains bourreaux de n’avoir pas affiché de remords lors de leur témoignage. Raison pour laquelle, les parents des victimes ou elles-mêmes ne leur ont pas pardonné. Or, pas de réconciliation sans pardon.

Quel sort sera réservé à ceux qui avoueront leurs crimes et demanderont pardon ? La question est essentielle dans la mesure où il est à craindre que les victimes ou leurs proches ne supportent pas de voir leurs bourreaux se pavaner dehors. L’une des  reproches faite à la Cvr Sud-Africainne est d’avoir voulu la réconciliation au prix du droit des victimes à bénéficier d’une réparation pénale. Une lecture approfondie des témoignages des victimes à la CVJR semble en effet montrer que beaucoup réclamaient la justice  au  sens plus traditionnel : la punition, plus que le pardon, relevait Kora Andrieu dans son article sur Mediapart. Qui cite Audrey Chapman, co-auteur d’un ouvrage récent sur la CVR : La CVR a mis en avant une conception instrumentale de la justice comme outil au service de la réconciliation, alors que les victimes réclamaient la justice comme droit à part entière. Pour ne plus vivre ce qui s’est passé, il est nécessaire de répondre à une question essentielle : pourquoi le Mali en est-il arrivé là ? Car, ce qui s’est passé est loin d’être le fait que le Président ATT voulait coûte que coûte organiser les élections dans un contexte assez tendu dans le septentrion malien. Tout comme en Afrique du Sud, des analystes ont critiqué la décontextualisation de l’Apartheid. Pour eux c’est plus un système pour dominer économiquement les Noirs qu’une manifestation de racisme. Ils estiment que cela continue puisque les Noirs sont toujours économiquement dominés, qui a eu pour conséquence la perturbation de la réconciliation. Il faut qu’au Mali les causes ethniques, religieuses, identitaires de la dégradation du tissu social soient abordées avec courage.

La question du dédommagement des victimes doit être sereinement analysée. Il faut éviter de faire de la surenchère. Ne pas leur faire des promesses que l’Etat ne pourra pas honorer. La frustration qui pourrait en résulter peut  avoir de graves conséquences sur la réconciliation. Au pays de Nelson Mandela, les promesses de dédommagement ont pris plusieurs années avant d’être satisfaites pour certaines victimes. Le gouvernement a été contraint de revoir à la baisse ce qu’il avait promis. Cet extrait de l’article de Kora Andrieu est éloquent : Kalukwe Mawila est une victime en colère. Venue témoigner à la Commission Vérité et Réconciliation (CVR) sud-africaine en 1996, elle a vu ses anciens bourreaux amnistiés et n’a jamais reçu un seul rond du gouvernement. L’apartheid était mauvais, dit-elle, mais ce qui me met encore plus en colère, c’est qu’ils m’ont forcée à pardonner. Autant de leçons à tirer pour que la Commission vérité justice et réconciliation (CVJR) réconcilie, effectivement, les Maliens.

Paul. N’GUESSAN

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1 commentaire

  1. Parmi les autres sbires n’oubli pas Tièblé Dramé, Modibo Sidibé, Iba N’Diagne, Kassim Tapo et surtout Alpha en premier qui voulait plus tôt une armée de développement et non une armée de guerre en temps de démocratie!!!

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