Presqu’une année après sa signature, l’Accord pour la Paix et la réconciliation au Mali issu du processus de paix d’Alger ne connait aucune avancée significative. Le comité de suivi de l’accord (CSA), chargé de sa mise en œuvre, est encore à l’étape embryonnaire. Après huit réunions, seules deux questions, qui pouvaient d’ailleurs être évacuées depuis lors de la première séance de travail du comité, ont pu être tranchées. Il s’agit de la question de la représentativité et celle relative au budget de fonctionnement du comité. La 8e réunion du comité de Suivi de l’accord s’est achevée, le mardi 26 avril, en queue de poisson. Les travaux ont encore buté sur la mise en place des autorités intérimaires et les mécanismes sécuritaires dont l’opérationnalisation du Mécanisme opérationnel de coordination (Moc).
Les différentes parties signataires de l’accord siégeant dans le comité du suivi de l’accord continuent à se regarder en chiens de faïence. Le gouvernement malien et les groupes armés n’ont pas pu s’attendre, lors de la dernière session tenue à Bamako, sur les questions prioritaires à savoir : la mise en place des autorités intérimaires et les mécanismes sécuritaires. Et si le gouvernement malien opte pour une accélération des questions relatives à la sécurité, les groupes se focalisent sur la mise en place des autorités intérimaires. L’Algérie, le chef de file de la médiation internationale, qui s’est toujours abstenue d’évoquer ouvertement les retards accusés par le comité, a vertement mis les différentes parties devant leur responsabilité lors de cette session du CSA. Les deux points cités plus haut, selon Ahmed Boutache, le président du Comité de Suivi de l’Accord, continuent « d’empêcher tout progrès substantiel dans le processus de mise en œuvre de l’Accord ». Sans détour, le diplomate algérien a exprimé ses regrets. « Je le dis sincèrement avec beaucoup de regrets, cette question a conduit quasiment à une impasse quant à la mise en œuvre du processus de paix de l’Accord… Aujourd’hui donc force est de constater que la réalité est tout autre que celle que nous attendions. Nous sommes dans une situation aujourd’hui dans laquelle des questions très simples telles que le plan humanitaire d’urgence n’ont pas encore pu être prises en charge. Ceci nous interpelle davantage sur l’urgence qu’il y a à agir avec beaucoup de bonne volonté, avec la plus grande des sincérités et avec le plus grand des engagements », c’est par ces mots lourds de sens que le président du CSA a fait le bilan de la mise en œuvre de l’accord de paix lors de l’ouverture de la 8e réunion du Comité de Suivi de l’Accord de paix. Le chef de la Minusma, le tchadien Mahamat Saleh Annadif, soutiendra, à la même occasion, que les défis restent nombreux.
Le 22 avril passé, quatre jours après la rixe entre des manifestants et la Minusma à Kidal qui s’est soldée par deux morts, Paul Fomsbee, l’ambassadeur des Etats Unis au Mali, lui aussi, rappelait aux différentes parties impliquées dans la résolution de la crise malienne, la nécessité de se « réunir autour de la paix et de la mise en œuvre de l’accord» dont la « mise en œuvre effective requiert l’engagement sincère de chacun et de tous ». Le diplomate américain a, ainsi, appelé à un sursaut d’orgueil pour « relever les grands défis qui tendent à rendre incertain l’avenir de vos populations et à mettre en péril vos valeurs sociétales, tout en affectant dangereusement vos croyances religieuses basées sur l’islam tolérant. »
Ces diplomates ont surement compris que la méfiance et le manque de sincérité entre les groupes armés et le gouvernement au sein du comité de suivi de l’accord sont en train de prendre en otage tout un peuple.
Et en attendant que les différents protagonistes de la crise prennent conscience de l’urgence de la situation pour se mettre ensemble afin de relever les grands défis, l’insécurité gagne du terrain, les attaques jihadistes continuent de plus belle, les refugiés attendent toujours, dans des conditions déplorables dans les camps, une résolution de la crise pour rentrer chez eux.
Madiassa Kaba Diakité
On s’en fou tout le monde a compris qu’on a déjà perdu le nord
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