Colère, honte et tueries sauvages au Nord : Le long silence de nos candidats

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Chronique d’une rébellion annoncée… Les populations de nos cités du Nord sont en proie à des frayeurs. On peine à dépasser le sujet de la question sécuritaire au Nord. Elle devient une menace sérieuse pour la stabilité du pays. Dans la capitale nous remontent des bruits de représailles et d’autres informations alarmantes.

Modibo Diarra : le leader du Parti du Rassemblement pour le Développement du Mali (RPDM) pourrait parler ainsi au nom des autres candidats à la présidentielle de 2012. Dans la région de Mopti, revenant sur les problèmes qui sévissent actuellement au Nord, il disait l’autre jour : « La sécurité n’est pas l’affaire du seul gouvernement ni de la seule armée nationale. Nous devons tous nous mettre débout comme un seul homme pour défendre l’intégrité du territoire national ». Qu’il soit entendu ou pas, ils sont tous pareils en ce moment nos candidats déclarés. Ils font tous campagne sans l’assumer. Surtout sur ce sujet brûlant de l’heure où ils se sont invités  d’eux-mêmes, chacun du haut de son piédestal, dans toutes les localités du pays, revient sur les événements du Nord. Tout est reparti de Ménaka et nous n’étions pas en l’an 40. Pour les plus avertis, la technique employée par d’autres libyens en son temps et en d’autres lieux n’est pas étrangère aux multiples attaques sur le sol national. Le problème essentiel, le cordon ombilical à couper autour de cette nième rébellion est communicationnel. Nous n’y reviendrons jamais assez…S’agit-il d’une attaque venue de l’extérieur impliquant des nationaux ? Cette nouvelle affaire maliano-malienne s’exporte donc. Nous ne connaissons pas, pour l’heure, les tenants et aboutissants de la réunion parlementaire intercommunautaire devant se tenir à Kayes. Nous nous interrogeons. Concernant nos prétendants à Koulouba 2012, nous nous retrouvons en face d’un défoulement ludique qui permet une critique frontale de nos gouvernements pour tout ce qui a été entrepris jusqu’ici.                                         

Verbatim. Ces mots gravés sur les marches de Koulouba.                               

A les entendre, aucun de nos candidats ne laisserait à personne le privilège d’inaugurer une autre politique en la matière. Pas de tour de passe-passe, le charme étant rompu avec le déchirement du voile de ces nouvelles attaques. Ibrahim Boubacar Keïta, le premier de nos « phraseurs » reconvoque une « Nation du Nord au Sud ». La remise en cause de notre intégrité territoriale est inadmissible et on ne peut se faire l’illusion de diviser ou d’amputer le Mali. Nous sommes tous des frères, et nous sommes vus comme une Nation paisible, dit-il. IBK sait ce qu’il veut et ce qui lui commandera de faire. Ne nous assure-t-il pas qu’il a été 6 ans durant chef de gouvernement, non pas impunément ? Zoumana Sacko, en son Pacte Refondeur global avec 25 recettes prêtes à gouverner et un seul mot d’ordre «Retrouvons ce qui nous grandit ». Il préconise « une décentralisation territoriale à repenser dans le meilleur sens d’une meilleure adéquation entre gouvernance et développement ».

Un point 16 devance un point 17 pour « renforcer l’unité et la cohésion nationales ». Par la concorde nationale (si chère au président Modibo Keïta. NDLR : c’est Zoumana Sacko qui le dit. Il préconise « l’Organisation d’un processus du genre Vérité, Justice, Dialogue et Réconciliation ». Le point 21 veut « restaurer l’autorité d’un Etat qui sera fort non pas de sa force mais de sa capacité humaine et intellectuelle… ». Zoumana Sacko nous rappelle à souhait ce point 24 : « ne pas céder à la lassitude, au pessimisme, au défaitisme face aux défis ». Le PARENA de Tiébilé Dramé lance un appel au MNLA et préconise un dialogue. Le SADI de Oumar Mariko  est sur une ligne dure : « Si la crise éclate, c’est parce que le pays est loin de la préoccupation des populations ». Pour Mariko, la situation au Nord mettra la Nation en cause.  Aguibou Koné,  ex-AEEM et président alors de la commission spéciale sur le conflit du Nord dans les années 1992, n’avance rien pour le moment. Le CNID de Me Tall propose un Pacte social et républicain. Pour lui, avec cette élection présidentielle, il y a lieu de rendre chacun des Maliens décideurs de l’avenir et du devenir du pays. Il veut « une sécurité rétablie… accompagnée de mesures administratives et de développement ». De leur côté ; ADEMA et URD  ont chacun rendu un communiqué sur la situation au Nord. Le président du CODEM, Housseïni Amion Guindo disait à Koutiala que les attaques dans le septentrion risquaient d’hypothéquer la tenue des élections générales. Le CARE de Cheick Boucadry Traoré investi le 28 Janvier dénonce une démocratie confisquée par une certaine classe politique. Il veut une vraie révolution des mentalités et des pratiques politiques pour venir à bout de nos difficultés endémiques. Tous les discours que nos candidats tiennent résisteront-ils à l’épreuve du réel ?

Croient-ils pouvoir solder les comptes en arrivant aux affaires ? La fuite en avant guette  une intelligence, une impuissante sur le moment.

Nous nous inquiétons de la tournure prise par les événements à la suite des manifestations de colère des femmes des camps de Kati. Aucune certitude ne résiste à la  corrosion et on ne peut parler avec compétence que de l’aspect artisanal de son travail. Des masques risquent de tomber et se lever un autre jour sur de nouveaux masques. Au moment où les massacres continuent au Nord, nos candidats auraient pu nous aider à tenir une autre exigence minimale. Ils l’ont fait, certes, sur l’indivisibilité du territoire. Mais sans agenda, sans plan B. Savoir ce qui se passe là-bas sur les conditions des prisonniers, la sauvagerie des tueries. Ce travail n’a pas été fait par nos prétendants. Pourquoi mettent-ils la sourdine de ce côté quand le feu brûle dans les voix de femmes qui déchirent l’air, avec leurs poitrines nues de douleur par la perte des leurs ? L’embarras a changé de camp. Ce sont eux qui seront attendus demain sur ce dossier du Nord, non plus ATT. Les candidats sont là à parler et ils pèsent leur mot. Le mot héroïsme par exemple. D’un autre côté, ils ne nous montrent aucune profondeur, et ce n’est pas à la suite de leur pression que nos gouvernants vont décider de la création d’une commission d’enquêtes sur des faits supposés tels. Tout ce qu’ils savent faire, c’est jouer à l’analyseur sensible plongé dans une situation confuse.     Que leur restera-t-il à nos politiques sinon qu’ils seront condamnés à « bricoler » une fois arrivés à destination.       

S.Koné

 

 

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