C’est le mercredi 04 janvier 2012, juste quelques jours après sa visite au président de la République que nous avons rencontré le colonel Ewanzak qui a bien voulu nous recevoir pour une interview. Il y a lieu de rappeler ici qu’il est le porte-parole et l’officier supérieur du cantonnement d’Ammessous, non loin de Tessalit. Par ailleurs, il est le premier officier de l’armée libyenne à rentrer au Mali. Selon les autorités de Tessalit, le Colonel Ewanzak Ag Emakadey est reconnu pour être celui qui a encouragé ses «protégés» à regagner la mère-patrie et à se mettre, avec armes et bagages, sous l’autorité militaire compétente. Comme preuve de sa bonne foi, il n’a formulé aucune revendication ni demandé aucune faveur de quelque nature que ce soit.
Le Prétoire : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Le colonel Ewanzak: Moi je suis Ewanzak Ag Emakadey Ag Mohamed, Colonel de l ex-armée libyenne. Je suis né au Mali, dans la région de Kidal, précisément à Boureissa. Je suis originaire de la fraction des Iradjanatènes de Tessalit. J ai émigré en Libye en 1977 et je suis rentré dans l’armée en 1987 comme soldat et j’ai gravi les échelons jusqu’au grade de colonel.
Le Prétoire : Ou étiez-vous en Libye avant et au moment de la révolte ?
Le colonel: J’étais officier en poste dans la région de Sebha et Oubari avant et pendant la révolte. J’y suis resté jusqu’au moment où nous avons songé à revenir au pays.
Le Prétoire : Le bruit courait dans la presse nationale et internationale que les touaregs qui combattaient en Libye étaient des mercenaires à la solde du Guide. Que répondez-vous ?
Le colonel: Non, je n’ai pas eu connaissance de l’existence de mercenaires touaregs en Libye. Les combattants dont il s’agit ici sont des touaregs de Libye qui ont des papiers et qui sont dans l’armée libyenne. Donc ceci n’est pas fondé à ma connaissance.
Le Prétoire : Depuis quand êtes-vous rentré au Mali et quelles sont vos intentions ?
Le colonel: Je suis rentré au Mali le 03 octobre 2011. Je suis venu avec une dizaine d’hommes. Nous sommes venus dans notre pays comme des émigrés qui sont de retour au bercail. Le Mali reste notre terre natale. Nous sommes chez nous et nous sommes venus en paix. Nous n’avons nulle autre intention.
Le Prétoire : Depuis l’arrivée de tous les combattants revenus de Libye, il y a eu des groupes qui se sont formés ça et là. Qu’en dites-vous ?
Le colonel: Globalement, quand nous sommes arrivés, ce dont j’ai connaissance, c’est que nous sommes tous venus en paix comme je l’ai dit. Mais il se trouve que chacun a sa manière de voir les choses. Initialement, nous n’avons nul autre objectif que de revenir tranquillement chez nous et de contribuer au développement de notre patrie. C’est tout.
Le Prétoire : Quel message avez-vous transmis au chef de l’Etat lors de votre rencontre le 30 décembre ?
Le colonel: J’ai d’abord commencé par remercier le Président de l’accueil que les autorités maliennes nous ont réservé à notre arrivée au Mali. Nous en sommes vraiment reconnaissants. Ensuite, j’ai réaffirmé notre attachement à la paix et à la stabilité. Avant de préciser que nous nous mettons à la disposition de l’Etat pour la réalisation de cette paix dans notre localité.
Le Prétoire : Quel est votre message pour les Maliens ?
Le colonel: Je salue ici tous mes frères et sœurs du Mali. Mon message est un message de paix. Je dis à tous les Maliens que nous sommes venus en paix dans notre pays pour nous y installer et que nous n’avons aucune intention de nuire à qui que ce soit. Nous sommes venus construire notre Mali avec tous les Maliens.
Propos recueillis par
Mohamed AG ASSORY