Le processus de paix dans lequel est englué notre pays ne cesse de révéler ses surprises et ses faiblesses. Loin d’étonner les observateurs attentifs, la paix concoctée tarde à venir et les acteurs, tous autant qu’ils sont, ne peuvent plus se voiler la face. C’est dans ce vacarme que les responsables de la Coordination des Mouvements de l’Azawad) ont rencontré un nombre restreint de journalistes pour dévoiler bien de choses accablantes contre le gouvernement et ses miliciens.
C’était à l’hôtel Kempeski, ce samedi, que la branche politique de la CMA, composée essentiellement du MNLA, du HCUA et du MAA, a échangé avec la presse nationale pour ajuster un certain nombre de choses qui lui sont imputées à tort ou à raison. La conférence de presse était animée par Bilal Ag Cherif, président, secrétaire général du MNLA, le Président de la CMA Sidi Ibrahim Ould Sidat, le porte-parole Ilad Ag Mohamed et Almou Ag Mohamed, membre de la cellule de communication.
Devant les confrères, les débats étaient déjà orientés. Sidi Ibrahim Ould Sidat a mis les confrères à l’aise. C’est une rencontre qu’ils ont voulu faire dans un cadre très fraternel, pas comme une conférence de presse classique. Il s’agissait de rencontrer la presse pour discuter de tous les sujets sans tabou. La presse étant un vecteur doit avoir la bonne information afin de mettre l’opinion nationale malienne au même niveau d’information.
Qui empêche l’Etat malien d’être à Kidal ?
La CMA réfute toute accusation qui la cite comme responsable du blocage du processus. Après deux ans du processus, il est bien que la CMA fasse. Toute la gestion d’un pays ne peut pas se ramener à une région. Evitez de fixer tout sur Kidal jusqu’à sacrifier et à prendre en otages le reste des populations du pays. Pendant que le monde se focalise sur Kidal, les populations sont entrain de souffrir, elles vivent la misère et la précarité, et au bout du compte, on trouvera que Kidal est l’équation la plus simple à résoudre.
Si on doit se poser des questions aujourd’hui, les régions de Mopti, Gao et Ségou, est-ce qu’on peut parler de sécurité ? Il faut avoir une santé générale du pays dira Bilal Ag Chérif en ces termes : « les régions dont je viens de vous parler tout de suite, en réalité, il y a une présence symbolique de l’Etat à travers les gouverneurs, à travers les Famas. Même au niveau de Kidal, nous avons tendu la main. Nous l’avons plusieurs fois exprimé.
La CMA est prête à accueillir le gouverneur à Kidal et les Famas, nous sommes prêts à les accueillir dans le cadre du MOC à Kidal. Jusque-là, allez savoir pourquoi ça bloque. Qui empêche aujourd’hui le gouvernement d’arriver à Kidal ? Ce n’est pas du tout nous. Nous l’avons dit à l’armée, à la Minusma et même à l’imam Dicko. Le problème est qu’il faut que l’Etat prenne ses responsabilités pour faire la part des choses entre ses décisions administratives, les décisions de l’Etat et les décisions des milices qu’il utilise. La solution militaire ne peut nous faire avancer. Par contre, il y a des forces qui pensent que c’est par force qu’on peut régler tous les problèmes. L’accord, lui-même, il pose le meilleur cadre de dialogue. C’est avec ça qu’on peut aboutir. Même s’il y a des problèmes communautaires, on les régler dans ce cadre.»
Le rejet du projet de révision actuel
Nous tenons à préciser des choses. Certains disent que le referendum est initié pour l’application de l’accord. La CMA ne se reconnait pas dans ce projet. Sans être dans le clanisme du OUI ou du NON, la CMA accepte le principe référendaire mais ne se reconnait pas dans le projet de révision. Pour elle, depuis deux ans, les autorités ont trainé les pas et subitement, elles veulent mettre une application accélérée d’un processus qui connait trop de ratés. La CMA dit ne comprendre cette vitesse à laquelle on veut lui imposer un referendum qui ne prend aucun de leurs points. Elle refuse d’admettre que c’est pour la mise en œuvre de l’accord que la révision est initiée. La proposition de la coordination des mouvements de l’Azawad est d’opter pour un consensus et de ne pas fétichiser les dates que l’Etat donne. La révision est incontournable selon les responsables de la CMA, sur ce sujet, elle se dit sereine.
Les relations entre la CMA et Iyad ag Ghali
Le choix fait depuis le début est très clair dira Sidi Ibrahim Ould Sidat : « Depuis la signature de l’accord, la CMA s’est séparée des autres groupes qui ont d’autres exigences telles que l’application de la charia. Nous avons subi des attaques des mouvements qui ne se sont pas inscrits dans les dispositions de l’accord. Dans cette histoire, il y a un double jeu, une confusion délibérée avec certains pays étrangers. Nous n’avons aucune approche avec Iyad, les gens doivent comprendre cela.
Que les enquêtes au sujet des crimes soient sincèrement diligentées
La coordination des mouvements de l’Azawad prend le pas sur les autres. Elle recommande une enquête sérieuse sur les crimes commis depuis la crise jusqu’au maintenant. Ils ont même estimé que la venue de Fatou Ben Souda, procureur de la CPI en Juillet doit favoriser les enquêtes pour identifier les criminels. Commission-Vérité-Justice-Réconciliation n’est pas indépendante. Elle relève d’un ministre et pour cela, ses décisions laissent à désirer. On n’a pas de problème avec le peuple malien, on a un problème avec le gouvernement, avec un système. Nous portons les revendications du peuple de l’Azawad.» précise Bilal Ag Chérif.
Les responsables de la coordination nient toutes allégations sur l’utilisation d’enfants soldats. Elle jette l’accusation sur le Gatia. Elle affirme avoir pris 9 enfants prisonniers lors des derniers combats du 26 Juillet, des enfants mineurs. Ils ont été remis à la Minusma et l’UNICEF.
Ammi Baba Cissé