Cité administrative : Trois minutes avec l’ex-chef rebelle Mahamadou Djéri Maïga

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Le vice-président du MNLA, Mahamadou Djéri Maïga, après la signature de l’accord de paix : «Le Mali a tenté sans succès de se fédérer avec le Sénégal, le Niger, le Burkina. Pourquoi pas avec l’Azawad?»
, Mahamadou Djéri Maïga

Un pur hasard m’a amené à partager un court instant (moins de trois minutes) avec un ex-chef rebelle du Nord, Mahamadou Djéri Maïga, présentement vice-président du MNLA et un des acteurs de la mise en œuvre de l’accords de paix au Mali.

Lundi 17 octobre 2016, vers 16 h 15, je sors d’une réunion au 3e étage du ministère de la Solidarité et de l’Action humanitaire. Pressé d’aller récupérer au jardin d’enfants mon petit garçon, je décide d’emprunter l’ascenseur. Je ne suis pas seul devant la machine. Deux hommes font le piquet et conversent en français.

Mon regard est attiré par l’un d’eux. Je le regarde et l’identifie immédiatement : c’est Mahamadou Djéri Maïga, le vice-président du MNLA du prétendu “Mouvement national de libération de l’Azawad”. Quand nos regards se croisent, d’une voix calme et polie, il me salue : a salam aleykoum. Par respect, je réponds : “Bonjour, vous allez bien ?”. “Alhamdoulillah”, répond-il.

Moins d’une minute après ces amabilités, l’ascenseur s’ouvre. Il s’y engouffre… et j’en fais de même. Son interlocuteur, en boubou marron, reste à quai. Nous sommes seulement deux à emprunter la machine pour le rez-de-chaussée. L’exiguïté de l’espace nous oblige à faire face-à-face. Je fixe du regard l’homme, engoncé dans un demi-boubou en Bazin de couleur bleu-ciel, coiffé d’un bonnet, deux téléphones portables en main. Le silence est pesant.

Cependant, certaines images taraudent mon esprit : la mort au quotidien de Maliens (civils et militaires) au Mali, les exécutions sommaire de 153 militaires maliens du camp d’Aguelhok, égorgés ou tués d’une balle dans la tête, le viol de nos sœurs à Gao et Tombouctou, l’occupation des villes du Nord, le coup d’Etat de 2012… Au fait, je fais une réminiscence de toutes ces monstruosités dont mon pays a été victime ces derniers temps.

Je ne cesse de regarder cet homme en face de moi. Cet homme, contre lequel le procureur de la République du Mali d’alors, Daniel Tessougué, a lancé un mandat d’arrêt international pour “terrorisme, sédition, crimes portant atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat, à l’intégrité du territoire national, l’emploi illégal de la force armée, la dévastation et le pillage publics, crimes et délits à caractère racial, régionaliste et religieux, trafic international de drogue”.

Cet homme, souvenez-vous-en, avait été arrêté le 16 juillet 2015, puis relâché quelques heures plus tard, à l’aéroport international Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan par Interpol en possession de 600 millions de F CFA. Cet homme, arrêté aussi en octobre 2015 à Ouagadougou pour un “supposé” lien avec les putschistes de septembre au Burkina Faso.

Réflexe de journaliste, je ne peux m’empêcher cependant de m’adresser à l’homme. “Et l’application des accords de paix, c’est à quel niveau”. “C’est difficile, mais nous y arriverons. Bientôt, il y aura la paix inch Allah”, me répond-il calmement juste avant que l’ascenseur n’arrive au rez-de-chaussée.

D’un pas mesuré, il sort en premier. Contre toute attente, il me suit et me demande si nous étions en réunion avec le ministre de la Solidarité et de l’Action Humanitaire Hamadou Konaté. Je dis non. “Il m’avait pourtant dit qu’il serait là…”, ajoute-t-il.

Avant de reprendre ma voiture, je le vois ouvrir de loin, avec sa clé automatique, la portière d’une grosse et rutilante Toyota V8, couleur marron. Le temps que ma “charrette à gasoil” ne chauffe et démarre, je ne cesse de le regarder. Un dernier coup d’œil, je quitte la Cité administrative avec un sentiment de colère, de haine, de vengeance ; mais aussi de pardon.

En tant que simple citoyen malien, je viens de rencontrer un homme qui a pris les armes contre le Mali, qui a fait de la partition du Mali un fonds de commerce, qui plus est, circule librement et j’imagine, bénéficie de tout le confort nécessaire. Qu’Allah veille sur le Mali !

Sory Ibrahim Guindo

Ancien correspondant Agence Panapress

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22 COMMENTAIRES

  1. Le Mali ne gagnera jamais ce combat le mandat d’arrêt n’a pas été respecté par des lâches qui nous gouverne maintenant la sécurité des maliens sont en danger ce fils de puits qui surcule dans notre pays librement un terroristes qui a pris des armes contre l’état en tuant des maliens franchement ce qui nous gouvernement n’on pas de cœur ce sont des lâches

  2. La lecon Mr. Sory Ibrahim Guindo: La rebellion paie, vraiment plus que tu ne peux l’imaginer. la preuve, par le nombre ohh combien eleve “des Djeri ” qui circulent ainsi insolament au Mali. Meme on remettait en un seul jour tout son salaire a un prof Malien, il ne peut se “pavaner’ ainsi en V8.

  3. “a salam aleykoum” ????? C’est quelle langue ca encore? SVP adoptez une de nos langues, on n’est plus une Colonie

  4. jery maiga, encore un cousin maiga comme sbm….ils se servent bien…bons eleves des ABRAHAMIQUES

  5. M. le journaliste,
    Je prie Dieu de ne pas subir le même sort que toi! Moi je ne pourrais jamais supporter ce que tu as supporté! Dans le même ascenseur que ce Chimpanzé! Je ne m’en souhaite pas du tout, car je craquerai! Chacun a sa personnalité, j’en ai le mien!

    • – Mais c´est de l´”Ascension d´une Paix Assurée au Sortir d´un Ascenseur”…
      – Il faut s´en réjouir plutôt de cette Paix des Braves signée entre M Djéri et M Ibrahim Guindo!

  6. 1- Si M Maiga a le loisir de se pavaner partout ainsi, il sait pertinemment que cette histoire de rébellion, d’autonomie ou d’indépendance d’un azawad n’a jamais été un projet qui a été le leur!

    2- Que lui et bien d’autres au sein du Mnla n’ont jamais été convaincu du bien-fondé d’une telle aventure. Ils ont été simplement transportés par le flux d’un vaste plan colonial dit de “remodellage du monde”.

    3- Une banalité de le dire que c’est les grandes puissances qui régissent l’ordre du monde et comme elles ont décidé d’éviter de se faire mal entre elles, elles utilisent des mandataires qui sont ceux qui battent pour elles. Les USA traduiront par “Proxy wars”.
    – Une révolte “séculaire” Touareg dans le Sahel est simplement récupéré, comme toutes les révoltes dans le monde, par des “intellectuels” dits surperpuissances pour exécuter les projets des dessous de tables depuis la chute du mur de Berlin. On oublie de rappeler qu’en 2003 M Bush, donc l’année de la guerre contre l’Irak, a remis à l’agenda le remodellage du Grand-Moyen-Orient, c’est à dire l’imposition de la démocratie, on allait imposer la démocratie, on allait ouvrir des marchés et faire d’une pierre plusieurs coups: Islamistes tantôt anges et démons et entre les deux ceux dits modérés utilisés comme passerelle diplomatique, donc légitime.

    4- Un projet qui a été poursuivi par des débats, repri par les Européens qui l’ont reformuler de son nom intitial “remodellage” par partenariat pour le Moyen Orient, puis introduit dans le G8 et enfin dans l’OTAN. Et de fait quand on regarde ce qui s’est passé en Tunisie, en Egypte en passant par l’irak, la Libye, la Syrie et aujourd’hui le Sahel notamment au Nord du Mali, on se rend compte que le programme de M Bush fut simplement mis en oeuvre!

    Donc, rien à faire d’un M Djéri Maiga dans un ascenseur. Seulement pour avoir partciper volontairement ou non à l’éxécution de ce plan sur son territoire et contre ses consanguins, les faits se chargeront d’eux-mêmes de le faire vivre le dénouement de ce que l’on peut qualifier de trahison!

  7. il fallait crier au voleur pour quon lui fasse article 320 cet traitre de merde, la prochaine fois n oubblie pas sa ####////////”::::######

  8. Mr. Guindo, vous avez une plume à lire avec plaisir; alors, un barry, qui porte le nom maiga, cousin, vous dis “merci pour ce moment”. cette phrase banale est à mettre entre guillaume car elle est titre d’un brulot de l’ex-campagne de François Hollande, président français.

  9. c’est vraiment révoltant, mais je suis sure que tous ces apatrides finiront très mal

  10. @Sory Ibrahim Guindo.Ne l’enviez pas : il faut attendre comment ils finiront ces apatrides qui ont du sang de maliens sur leurs mains.S’ils ne le payent pas de leur vivant, c’est leurs enfants (qui n’ont pourtant rien fait) qui le payeront: TOUT SE PAYE sur cette terre mon cher!

  11. un pays sans valeur tout est permis,sinon ce connard de merde,traître ne peut pas faire ça dans pays soucier de ce valeur à respecter,si j’etait à ta place il fallait descendre ce merde au nom du peuple Malien .

  12. Très belle rédaction !
    Vous maîtrisez le contenu de votre texte dans la moindre nuance et du début à la fin .

    Au Mali , on remercie les criminels et les fauteurs de troubles en leur accordant des droits que le citoyen lambda n’a pas .Il y a de quoi craquer !

  13. Le monde est simplement injuste. Il a toujours été ainsi. Les bourreaux d’hier sont les rois, les puissants, les chefs de village, d’aujourd’hui. Là, je parle des valets de la colonisation.

  14. Quelle douleureuse expérience pour un patriote de surcroit journaliste. Ca c’est le Mali de tous les contrastes , de toutes les contradictions…..Une poignee de criminels qui narguent le peuple malien avec la benediction dde IBK le traitre, incompétent, inconscient, soulard, ivrogne, maudit, vaurien, paresseux, complice de Aya, aux origines douteuses, “gueulard, nous fumes”…..

    • Nous ne pouvons pas tout demander à IBK ou au gouvernement. Quand ce traitre s’est rendu dans sa ville de Gao, il a échappé de peu au lynchage. À chaque fois que les autorités Maliennes se rendent à Kidal, des gens sortent pour manifester. Si les Bamakois n’ont pas de problèmes avec les bourreaux de leurs enfants, ce n’est pas à IBK de s’engager à leur place.

      • En tout cas IBK va faire quoi ? Celui qui raconte son histoire a fait quoi ? Il pouvait l’étrangler dans l’ascenseur.

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