Choguel Maiga sevré de visite à Bourem et Ansongo : Les dessous d’un abandon par-dessus bord

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Annoncée comme un événement historique et promise à un exploit rarement atteint par un chef de gouvernement – depuis le règne de l’insécurité dans le septentrion -, la visite de Choguel Maiga en sixième région aura été d’une saveur en demi-teinte. Les lauriers attendus au bout du périple ont été considérablement élagués avec la suppression de deux étapes sans lesquelles il était difficile d’en faire des gorges chaudes.

Le périple laïusse du coup un goût d’inachevé alors qu’il était bien parti pour se hisser à la hauteur des efforts déployés pour le rendre plus savoureux. En plus d’un tapage médiatique exceptionnel, le ban et l’arrière-ban ont été mobilisés pour l’accompagnement et l’accueil à la fois du PM et du fils du terroir dans la pure transition songoï. Tam-tams et aires de Takamba ont ainsi exceptionnellement résonné à son honneur, tandis que les attroupements de foules ont bravé l’insécurité dans une contrée toujours en proie à la psychose de surprises désagréables.

C’est une atmosphère bon enfant, somme toute, qui a rythmé l’accueil de la délégation primatoriale à Gao où Choguel Maïga a observé la prière du vendredi dans le mythique Tombeau des Askia, non loin de la maison paternelle de l’ancien PM mort en détention sous la Transition, Soumeylou Boubeye Maiga. Auparavant, l’illustre visiteur avait pris soins de bien camper le décor de son séjour en insistant, devant un auditoire très enthousiaste, sur les motivations personnelles ainsi que la portée de sa présence à Gao. Par-delà l’expression d’une gratitude envers les siens pour leur compassion à sa maladie, il s’agissait aussi de marquer le retour effectif de la sécurité depuis que ce secteur prise s’est affranchi de toute dépendance extérieure. Sous les acclamations d’une foule drainée et chauffée à blanc par  les agitateurs du M5-RFP local, Choguel Maiga s’est dit ainsi comblé de pouvoir atteindre sa destination sans le concours de forces étrangères et y voient, par ailleurs, une nette amélioration de la situation sécuritaire depuis qu’elle est souverainement revenu dans l’escarcelle des forces endogènes. Il est redevenu possible de sillonner en toute quiétude les localités naguère inaccessibles, clame le Premier ministre en langue locale, faisant des gorges chaudes des succès engrangés par l’armée malienne. Au nombre des localités figurent notamment Ansongo, son propre terroir, puis Bourem, deux contrées à équidistance de Gao que le PM s’apprêtait à fouler avec la même allure triomphaliste. Là également, les populations des différents villages environnants rivalisaient d’ardeur à défier le péril sécuritaire à coups de caravanes et de cavalcades, de manifestations festives et de décors féeriques, etc. Bref, tous les ingrédients d’une symbiose entre un homme public et le peuple, qui ne sera finalement plus au rendez-vous à cause de l’annulation des deux étapes par les hautes autorités. En cause, le lâchage du PM par la même sécurité finir il louait tantôt les merveilles au point de reléguer l’insécurité à une époque révolue à coups d’envolées lyriques. Le facteur sécuritaire est du moins le motif qui circule sur toutes les lèvres alors que la missive d’annulation des deux étapes n’en pipe mot et se limite a instruire les préfets des localités concernées de transporter leurs conférences des cadres respectives au chef-lieu de région. Quant aux cellules locale de mobilisation déployées pour la circonstance, c’est avec un regret à peine contenu qu’ils devraient se charger de ranger l’impressionnant dispositif matériel apprêté pour l’accueil d’un Premier ministre sevré de protection sécuritaire alors qu’il est persuadé «qu’aucune portion du territoire national» n’échappe désormais au contrôle des forces maliennes.

De quoi alimenter les interprétations, supputations et interrogations sur les dessous les plus plausibles du bouleversement survenu dans la grande boucle septentrionale. Ce que d’aucuns perçoivent comme un cinglant démenti – voire un pied-de-nez aux fausses assurances sécuritaires données par le chef du Gouvernement – cache pour d’autres des motivations beaucoup plus profondes. Il n’est pas exclu, en clair, que la menace sécuritaire ne soit qu’apparente et un subterfuge tout trouvé pour freiner les ardeurs politiques que sous-tend une visite de terrain qui prenait les allures d’une descente musclée du visiteur dans l’arène politique. En plus des scènes de liesse aux relents de campagne électorale, l’exploitation politique n’était pas moins perceptible dans la revendication d’une complicité acquise des colonels ainsi que d’une soudaine sympathie des populations locales à l’endroit du PM. Et si ces convoitises politiques lui étaient discrètement disputées par les mêmes employeurs dont il implore la caution, il y a de quoi lui briser les ailes au moyen d’un épouvantail sécuritaire là où les forces de l’ordre ont su récemment relever le défi de la couverture d’événements similaires.

Quoi qu’il en soit, pour un séjour aussi inédit parmi des populations longtemps délaissées, sa teneur et considérations politiciennes l’auront inopportunément emporté sur la portée politique du contact d’une si haute autorité avec la réalité du terrain. La mise en exergue de la situation sécuritaire était certes parlante, mais elle aura mis sous le boisseau la perception qu’en ont les composantes locales les plus directement concernées.

 

A KEÏTA

 

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