Charte pour la paix, l’unité et la réconciliation nationale : Le document remis au président de la république

1

Elle servira de référence à l’engagement moral entre les composantes de la Nation et entre l’Etat et les collectivités, a expliqué Baba Akib Haidara, président de la commission spéciale chargée de la rédaction de la Charte et de l’élaboration d’une cartographie des terroirs de la République 

En recevant hier la Charte pour la paix, l’unité et la réconciliation nationale, le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, a eu une pensée pieuse pour toutes les victimes civiles et militaires, maliennes et étrangères de « l’agression lâche et barbare, jour après jour, en différents points du territoire national depuis près de cinq ans ». Cette marque de déférence pour la mémoire des victimes de la barbarie, dite en des termes émus, caractérise à elle seule le contexte particulier dans lequel le Médiateur de la République, président de la commission spéciale, a dirigé les travaux de l’élaboration de la Charte pour la paix, l’unité et la réconciliation nationale.

À la Villa des hôtes, devant un parterre de leaders politiques et religieux, diplomates et acteurs de la paix, Baba Akib Haïdara a remis le précieux document au chef de l’Etat. Avant, il avait présenté le contenu de la Charte et l’esprit qui a prévalu à sa rédaction. Rédigé sur la base des conclusions de la Conférence d’entente nationale, le texte de la Charte reconnaît les causes profondes des crises qui ont marqué l’évolution de notre pays depuis l’indépendance et qui ont contribué à le conduire dans la situation qu’il connaît aujourd’hui, a déclaré Baba Akhib Haïdara. Le texte, a-t-il poursuivi, reconnaît aussi les changements de toutes natures qui s’opèrent dans la société malienne et qui expriment une forte aspiration à transcender les épreuves. Enfin, il met en exergue la volonté de toutes les composantes de la Nation à construire un nouvel avenir fondé sur une vision commune et des valeurs partagées.

« La Charte vise à servir de référence à l’engagement moral entre les composantes de la Nation et entre l’Etat et les collectivités », a résumé le Médiateur de la République qui a tenu à préciser que le texte a fait l’objet de concertation tous azimuts. En effet, des missions ont été envoyées dans toutes les régions et plusieurs pays où nos compatriotes résident ou sont réfugiés pour partager son contenu et mettre tous d’accord sur les éléments qu’il contient. « Ce travail de fourmi a été fait dans différents domaines par des experts dont la moralité et l’intégrité ne souffrent d’aucune contestation », a soutenu Baba Akib Haïdara.

Le chef de l’Etat a dit, sans ambages, toute sa satisfaction. « La rigueur, la sagesse et l’humilité avec lesquelles notre aîné Baba Akib a conduit les travaux de la commission spéciale chargée de la rédaction de la Charte et l’élaboration d’une cartographie des terroirs de la République méritent toute notre reconnaissance », a-t-il dit. Le train de la paix avance, a souligné le chef de l’Etat, ajoutant « qu’il avance avec assurance et confiance et en dépit des difficultés inhérentes à tout processus du genre ». Autant la Charte dégage un avenir fondé sur une vision commune et des valeurs partagées, la cartographie des terroirs concoure à la représentation de notre pays dans sa profondeur et sa pluralité. « Ces documents m’engagent », a déclaré Ibrahim Boubacar Kéita, en annonçant qu’au moment venu, il s’en inspirera pour faire « adopter des mesures législatives et réglementaires nécessaires en vue de consolider la paix, pour construire l’unité nationale, pour mettre fin aux dissensions héritées des tumultes de notre histoire récente, pour ouvrir la voie à une concorde nationale rédemptrice ».

Toujours à l’écoute de ses compatriotes, le président de la République refuse cependant de céder à la démagogie, à la surenchère et aux outrances. C’est une nouvelle étape qui s’ouvre, a-t-il dit avec bonheur, en faisant au passage référence au 2è anniversaire de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. Le président Kéita s’est dit « fier » de cet Accord qui préserve notre pays dans « son unité nationale, son intégrité territoriale, sa souveraineté et son caractère laïc et républicain » et dont il est le garant. Un des avantages de l’Accord, a noté le chef de l’Etat, est bien le fait que depuis sa signature, il n’y a eu aucun affrontement entre nos forces de défense et de sécurité et les combattants des groupes signataires. Aussi, des régions nouvelles ont été créées et leurs gouverneurs installés. Plus encore, les Autorités intérimaires ont été mises en place et ont même commencé à travailler. De même, la commission DDR et la commission d’intégration sont toutes les deux opérationnelles.

Par rapport au développement social et économique, le président de la République a mis le paquet en lançant un plan d’urgences sociales et de relèvement dont le coût total se chiffre à plus de 222 milliards de Fcfa. Ce plan couvre l’éducation, la santé, la sécurité alimentaire, l’hydraulique, l’énergie, les personnes déplacées et les réfugiés. Et ce n’est pas tout. L’Etat a également mis en place des Agences de développement régional dans toutes les régions et signé des contrats plans Etat-Régions. Sans oublier la commission Vérité et réconciliation dont les membres sont portés de 15 à 25 commissaires.

En dépit de ces résultats jugés honorables, tout n’est pas rose. Le chef de l’Etat a reconnu que de gros efforts restent à faire pour arriver au bout du tunnel. Mais les défis sont faits pour être relevés, a-t-il dit en appelant à une « une union sacrée » des Maliens autour de l’Accord afin d’en accélérer la mise en œuvre et de faire bénéficier les populations « des dividendes de la paix ».

Enfin, le président Kéita s’est dit très préoccupé par les tensions et les affrontements intercommunautaires dans la Région de Kidal. Il a invité les chefs politiques et militaires de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et de la Plateforme à faire preuve de retenue en épargnant la vie d’innocentes populations civiles sans défense.

Ahmadou CISSE

Commentaires via Facebook :

1 commentaire

  1. Comment une communauté d’une contrée empêche les autres communautés de cette même contrée d’y accéder au vu et au su d’une institution internationale appelée MINUSMA? C’est dommage de voir cette faiblesse notoire des Nations Unies dans sa gestion de la crise malienne. De toutes les façons que le plus fort emporte et cela permettra de revoir les rapports de force qui redéfinira la situation sur le terrain. Les Touareg ténors de la région de Kidal exagèrent trop, trop et trop au vu et au su de la communauté internationale, ils peuvent circuler partout sur le territoire malien, mais personne ne peut se rendre à Kidal, quelle bêtise de leur part? Quelle ignominie de leur part? Quel comportement éhonté de leur part? Quelle indignité de leur part? Ils sont sans conscience, ils sont insouciant et sans respect pour les autres maliens.

Comments are closed.