Mouvementée, chaotique…utilisez les mots que vous voulez, la visite du premier ministre Moussa Mara à Kidal samedi 17 mai 2014 est historique. C’est sans doute l’affirmation totale de la souveraineté nationale sur l’ensemble du territoire malien.
Tirs à l’arme lourde et automatique, scènes de guérilla, instrumentalisation des femmes et des jeunes, bref les bandits surarmés sans popularité ni légitimité politique avaient tout mis en œuvre pour empêcher le Premier ministre Mara de fouler le sol malien de Kidal. Mais c’était sans compter sur l’engagement et la détermination du chef du gouvernement qui tenait à s’y rendre en dépit de l’extrême gravité de la situation. C’est donc sous les balles des bandits armés que le Premier ministre, comme un chef de guerre, accompagné d’une forte délégation composée d’une dizaine de ministres, est arrivé samedi dans la mi-journée à bord d’un hélicoptère de la Minusma au Camp 2 de Kidal. Sans perdre du temps, le chef du gouvernement et sa suite prennent la direction du Camp 1 pour rencontrer les forces armées et de sécurité.
Selon des sources concordantes, les échanges ont duré environ deux heures au cours desquelles Moussa Mara a requinqué à bloc le moral des troupes dans leur mission de défense de l’intégrité du territoire national. Ensuite, il se rend au siège du gouvernorat. Devant le personnel de l’administration régionale, le jeune Premier ministre est apparu plus serein et confiant. « Nous sommes venus vous écouter, recenser vos difficultés et vos appréhensions et voir comment améliorer vos conditions de travail. La possession des armes ne constitue et ne constituera pas une pression sur l’Etat. Qu’on nous dise soit le Mali est un et indivisible ou qu’on nous dise le Mali est un et indivisible sauf Kidal ! Nous allons faire en sorte que cette situation cesse avec la main au cœur et s’il le faut avec les armes ». C’était sous l’alternance d’applaudissements nourris au bureau du gouverneur et les tirs d’armes automatiques des bandits
armés. Le chef du gouvernement et sa délégation prennent congé des agents de l’administration. Entre temps, les bandits armés soutenus par leurs alliés terroristes lancent une attaque contre le gouvernorat. Le dispositif de l’armée en charge de la sécurisation des lieux résiste à l’assaut des forces coalisées. Compte tenu de son infériorité numérique, il n’a pas pu tenir. Le Mnla et ses alliés terroristes prennent possession du bâtiment et séquestrent des agents qui étaient à l’intérieur. Des agents dont le secrétaire régional de l’UNTM de Kidal sont blessés.
Pour des raisons métrologiques, l’hélico du Premier ministre n’a pu décoller. Moussa Mara et sa délégation passent la nuit à Kidal avant de regagner Gao dans la matinée d’hier dimanche.
Un peu tard dans la soirée du 17 mai, le gouvernement de la République du Mali dans un communiqué a considéré « cette attaque inqualifiable et lâche comme une déclaration de guerre, qui ne lui laisse que le choix de la riposte. » Toujours selon le texte officiel, « une réponse appropriée sera apportée à cet acte.» Le ministère de la Défense et des Anciens combattants publie un communiqué dans lequel il tire un bilan des affrontements. Les Forces armées maliennes ont enregistré huit (8) morts et vingt-cinq (25) blessés tandis que vingt-huit (28) morts et soixante et deux (62) blessés ont été dénombrés du côté des agresseurs.
Le ministre de la Défense et des Anciens combattants a présenté les condoléances du gouvernement aux forces armées et de sécurité du Mali, ainsi qu’aux familles des disparus tout en souhaitant un prompt rétablissement aux blessés. « Nos forces ont repris le contrôle de tous les bâtiments administratifs à l’exception pour le moment du Gouvernorat où le MNLA et les terroristes détiennent une trentaine de fonctionnaires en otages.
Le ministre rassure nos concitoyens que conformément aux instructions du président de la république, chef suprême des armées, toutes les mesures conséquentes seront prises pour garantir la sécurité des personnes et de leurs biens à Kidal, consolider la souveraineté de l’Etat et protéger le processus de dialogue politique», conclut le communiqué.
De sources militaires, des renforts sont déjà partis à Kidal.
Par Daouda T. Konaté
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