Profitant des cérémonies de célébration du cinquantenaire et la " Flamme de la Paix " à Kidal, le président ATT a lancé un vibrant appel à tous " ceux qui sont sur les montagnes " à descendre se confondre à la communauté nationale afin, qu’ensemble, on bâtisse le pays. Un message fort qui sonne comme un hymne à la paix et à la concorde. En cette année du cinquantenaire de notre pays, où l’heure doit être consacrée plutôt à l’unité et au développement qu’à la violence et à l’incompréhension.
Ayant passé 48 heures dans cette localité, le président ATT a voulu d’abord montré à la communauté nationale et internationale que Kidal respire, aujourd’hui, la paix et la quiétude. Dans ces conditions, que certains des fils de cette localité continuent à errer avec armes en bandoulière dans le désert, cela paraît incompréhensible voire inacceptable.
Que le président de la République s’y rende pour lancer un appel au retour de tous les enfants qui sont dans cette situation, cela est un signal fort dans le sens de la paix que tout le Mali souhaite. En effet, il y a quelques années de cela que la seule évocation du nom de Kidal donnait des sueurs froides à ceux qui ont connu la rébellion et ses affres.
Dans son adresse aux populations de Kidal voire au-delà, le président ATT a, d’abord, tenu à saluer " tous les Maliens qui y ont contribué, où qu’ils soient, de la Commission de bons offices, des notables, des militaires ou des fonctionnaires anonymes et des pays amis et frères, notamment l’Algérie et la Libye ". Car, poursuivra le président de la République, " Si la paix est Ie socle de la stabilité sociale, la sécurité est celui du développement économique et social. Depuis de longues années, nos insuffisances en matière de développement et de gouvernance ont été exploitées par des sources opportunistes et nuisibles.
Profitant de la faiblesse de nos capacités d’investissement et de la précarité de nos économies locales fragilisées par la sécheresse dont nous sortons à peine, elles ont tenté de nous déstabiliser, pour déstructurer notre société, pour nous imposer de nouvelles valeurs qui n’ont jamais été les nôtres.
Vous constatez comme nous, l’absence de nos partenaires au développement expatriés résidant à Kidal. Vous mesurez l’impact négatif de leur absence sur le développement local. Vous voyez tous les jours l’image et le poids de cette menace qui plane sur votre région et sur notre pays. Cette menace est beaucoup plus dangereuse que les séquelles d’une alternance démocratique au détour d’élections locales."
Pour le président ATT, il est temps que cessent de couler le sang et les larmes. Qui ont coulé depuis des décennies. Il faut que cela cesse, dira le président de la République dans un appel pathétique en s’adressant aux populations rassemblées à l’occasion de la " Course de chameaux " du Cinquantenaire. Et au président de la République d’appeler à la responsabilité de chacun et de tous " Arrêtons de nous voiler la face et revenons à nos valeurs cardinales profondes, qui ont toujours fait la fierté du guerrier touareg, à savoir : l’honneur, la dignité, la bravoure qui est physique et le courage qui est moral. Nous ne pouvons plus accepter que Kidal soit identifié comme une zone d’insécurité et de menaces terroristes, de trafic de drogue et d’êtres humain.
Kidal ne peut et ne doit pas refléter cette image. L’action néfaste de quelques marginaux ne doit en aucune manière salir la saine réputation de toute une région.
L’Adrar des Ifoghas est riche de son patrimoine et de sa culture exceptionnelle incarnés par des " hommes braves " et des " femmes dignes ", de sa jeunesse et de son potentiel humain qui occupent une place de choix dans notre communauté nationale. Cette richesse incarnée par la diversité de ses populations (blanches et noires) dans un brassage harmonieux.
La région de Kidal est riche aussi de son potentiel agro-pastoral et surtout de ses ressources minières qui peuvent être source de convoitise. Cependant, au-delà de ces richesses, nous devons être riches de l’essentiel : la paix et la sécurité. Nous devons nous départir du doute du passé en nous ouvrant à un avenir radieux pour notre jeunesse, pour les générations futures. "
Seul le développement constitue une réponse appropriée
Sachant que l’oisiveté est mère de tous les maux, le président ATT a beaucoup insisté sur les actions de développement qui vont concerner la région. Mais reconnaissons avec le chef de l’Etat que cela s’avère impossible sans la paix. C’est ça qu’il faudra, dira le président, " compter, d’abord, sur nous même. Notre rôle doit se résumer en la défense de la paix et de la sécurité.
Compter ensuite, sur le Mali car nous allons accroître nos efforts au profit des régions du nord. Compter enfin, sur nos voisins car la lutte contre les menaces transfrontalières qui nous assaillent, nécessite une réponse transfrontalière. J’insiste encore, s’il était encore besoin, seul le développement peut constituer une réponse appropriée à ces différentes menaces.
Contre l’insécurité, le terrorisme et l’usage de la violence comme moyen d’expression politique ou comme moyen de production, nous avons toujours dit non ! Non, parce que nous connaissons les limites de la violence et ses conséquences sur ce tissu social national fraternel qui demeure le ciment de notre Nation. Non, parce que nous avons fait le serment de préserver ce lien. Non, parce que sa valeur n’a d’égale que la profondeur du ressentiment de sa perte, et Non, parce que nous connaissons et vivons un Islam tolérant, solidaire et respectueux de la vie humaine. Nous ne doutons pas, un seul instant, que les populations de la région de Kidal, dans leur très grande majorité sont conscientes de ces menaces, comme nous sommes conscients des vulnérabilités de la région de Kidal.
C’est ensemble, dans la stabilité et dans la paix sociale, que nous pourrons relever les défis de la lutte contre la pauvreté et la précarité qui demeurent nos principales priorités pour le Mali tout entier. Je vous exhorte à consacrer toute notre énergie au développement local, rien qu’au développement social et économique. Agissons de manière, à ne pas nous laisser distraire par d’autres projets, quelle que soit la valeur de la rhétorique et du plaidoyer qui les défendent. "
Dans cette adresse à Kidal et au pays tout entier, le président ATT, chef suprême des Armées, a exprimé la reconnaissance de la nation aux forces armées et de sécurité tout en les invitant à plus de vigilance et de rigueur. Il n’a pas manqué de remercier, lors de son intervention, les communautés religieuses, les chefs de fraction et les élus de la région de Kidal pour les efforts qu’ils déploient au quotidien en faveur de la paix et de la concorde dans le Septentrion.
Mamadou FOFANA
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