Réunis à Alger, les groupes armés du Nord-Mali et les autorités maliennes tentent de se mettre d’accord sur une feuille de route commune pour la suite des négociations de paix.
Ils se sont de nouveau assis autour de la table. Après de longs mois de blocages et de tensions, les groupes armés du nord du Mali et le gouvernement ont renoué le dialogue le 16 juillet à Alger. Ces discussions, rendues possibles grâce à la médiation algérienne, visent à remettre les négociations de paix sur les bons rails. Jusqu’au 24 juillet, les belligérants tenteront de s’accorder sur la feuille de route à tenir jusqu’à la signature d’un accord de paix définitif.
Le gouvernement malien, affaibli depuis la défaite de son armée à Kidal et dans plusieurs localités du Nord à la fin mai, est représenté par une importante délégation. Menée par le ministre des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, elle est composée de quatre autres ministres (Intérieur, Réconciliation Nationale, Solidarité, et Décentralisation) et d’une trentaine d’officiels.
Mic-mac malien
Face à elle sont présents six groupes armés du Nord : le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA), la Coalition du peuple pour l’Azawad, les Coordination des mouvements et forces patriotiques de résistance (CM-FPR) et une dissidence du MAA. Au milieu de ce mic-mac malien, une batterie de “facilitateurs” est déployée, avec des représentants des pays du “G5 du Sahel” (Tchad, Niger, Burkina, Mauritanie, Mali) et d’organisations régionales et internationales (ONU, UA, UE, Cedeao, OCI).
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Ces derniers n’ont pas empêché des mésententes notoires entre les groupes armés, les principaux mouvements du Nord (MNLA, HCUA, MAA) accusant les trois autres (CPA, MAA-dissident, CM-FPR) d’être “trop proches de Bamako”. Les trois premiers sont logés au même endroit que les représentants du gouvernement, au grand hôtel El-Aurassi, tandis que les autres sont installés à l’ancien Saint-Georges.
Encore 8 à 9 mois de négociations ?
Quant aux membres de la délégation malienne, ils préfèrent insister sur “l’esprit positif” qui règne à Alger. “Malgré leurs divergences, les groupes ont un message constructif, basé sur le respect de l’intégrité territoriale du Mali et un règlement pacifique de la crise”, se félicite Abdoulaye Diop. Autre signe d’apaisement entre les deux camps, que les médiateurs qualifient de “mesure de confiance” : l’échange, le 15 juillet, juste avant l’ouverture des négociations d’Alger, de 86 prisonniers – 45 militaires et policiers d’un côté et 41 rebelles touaregs de l’autre (voir le détail de l’opération dans l’infographie ci-contre).
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Dans un document de plusieurs pages publié le 17 juillet, le MNLA, le HCUA, et le MAA ont proposé une période de négociations en quatre phases dans un “pays neutre”, pour une durée totale de 8 à 9 mois. Cette feuille de route précise, mais qui ne mentionne pas les trois autres groupes, a été saluée par les experts internationaux. De son côté, le gouvernement a d’abord été critiqué pour son absence de feuille de route. À tel point que le Premier ministre lui-même a du monté au créneau, affirmant le 18 juillet devant la presse que le projet gouvernemental avait été transmis à la médiation algérienne pour qu’il soit confrontée à celui des groupes. Mais que ce soit à Alger ou Bamako, difficile d’en savoir plus sur les grandes lignes du plan malien.
Une chose est sûre, le gouvernement n’acceptera pas qu’un accord de paix définitif soit signé dans un autre pays que le Mali. D’après plusieurs diplomates, une feuille de route à minima pour la poursuite des négociations devrait être signée par les différentes parties d’ici le 24 juillet. Le cas contraire signifierait l’échec de cette reprise du dialogue inter-malien et un nouveau blocage dans le processus de paix.
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Benjamin Roger
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