Bamako-Sévaré, d’habitude sans trop de problèmes, est devenu un parcours de combattant. Des difficultés assimilables à des tracasseries policières y ont vues le jour.
Tous ceux ou celles qui veulent quitter Bamako pour se rendre à Sévaré, doivent se prémunir d’une très bonne dose de patience. En dehors de l’Etat de la route qui vous enlève toute envie de voyager, vous aurez à affronter les nombreux postes de sécurités qui se transforment en postes de contrôle à la bonne volonté des agents de sécurité.
Première difficulté, les déviations sur le Bamako-Zantiguila. D’une distance d’environ 80 Km, le tronçon en réfection est devenu la croix et la bannière pour les véhicules et leurs passagers. Quand vous avez des doutes sur la qualité du système de suspension de votre véhicule, il ne faut pas risquer de vous jeter sur la route, parce que vous n’irez pas loin, tant il n’y a pas de route. Mais, à supposer que vous parveniez à faire ce tronçon sans que votre véhicule ne signale de bobos graves, vous n’êtes pas pour autant, à l’abri de surprises désagréables.
Les nids de poules qui écument la route, pratiquement de Fana à Sévaré, vous enlèvera toute envie d’apprécier le beau paysage que dame nature dans un volontarisme vous propose pour casser la monotonie du bruit du moteur. Si avant Ségou, les agents de sécurité ne s’intéressent qu’au chauffeur et aux documents du véhicule, au poste de contrôle à l’entrée de la capitale de 4ème région, en plus du véhicule et du chauffeur, les passagers doivent montrer pattes blanches. A ce poste, après un contrôle dont l’objectif n’est pas du clair, si ce n’est celui de soutirer quelques billets de francs CFA aux paisibles citoyens, l’on n’en voit pas un autre.
En tout cas tous ceux ou celles qui y arrivent sans carte d’identité ou avec une carte d’identité périmée, doivent systématiquement payer la rançon : cinq cents francs CFA pour tout ceux qui n’exigent pas la quittance qui prouve que les sous encaissés vont dans la caisse du trésor public. Et, seul Dieu sait combien de millions de FCFA sont encaissés à ce poste-là par mois sur le dos de l’Etat, mais pour le bonheur des poches des agents de sécurité. Le même scénario est imposé aux passagers aux différents postes que sont : sortie de Ségou, entrée et sortie de Bla, entrée de San, le poste de Sienso, le poste de Somadougou et enfin le poste à l’entrée de Sévaré. Mais, pire qu’aux autres postes, à l’entrée de Sévaré, en plus de la carte d’identité, la carte de vaccination est exigée pour les Maliens résidents à l’extérieur et tous les bagages sont défaits et contrôlés sous l’œil distrait des agents, dont certains ne sont intéressés que par les colis qui peuvent leur rapporter quelques sous.
Malgré sa facture d’achat délivré par son fournisseur à Bamako, un commerçant de chaussure en plastique, qui n’avait pourtant qu’un seul colis d’à peine cent paires, a été contraint à payer la somme de 10 000 francs CFA pour éviter le dédouanement. Tous les maliens en provenance de la Côte d’Ivoire et qui ne sont pas détenteurs de la carte de vaccination, ont été contraints à payer 1000 FCFA, sans pour autant recevoir une goutte de vaccin. Pire le jeu est clair, soit vous payez 3000 francs CFA, avec quittance à l’appui, soit vous payez 1000 FCFA pour la poche des agents de sécurité. Et en cette période de vache maigre, le choix est vite fait. Même s’ils ont la conscience qu’en payant 3000 FCFA contre la quittance, les caisses de l’Etat se porteraient mieux, les citoyens en infraction préfèrent payer les 1000 francs CFA qui vont directement dans la poche de l’agent. En cette période de crise, au nom de la sécurité des populations et de leurs biens, l’Etat a pris des dispositions exceptionnelles sur tous les postes de contrôle et de sécurité.
Mais, si on ne prend pas garde, l’on risque de passer à côté de l’objectif, tant certains éléments des forces de sécurité sont portés sur le gain facile.
Assane Koné