Les rebelles qui avaient attaqué en mai 2006 les camps militaires de Kidal, Menaka et Tessalit ont rendu les armes le week-end dernier et sont revenus à de meilleurs sentiments grâce à la clairvoyance des plus hautes autorités qui ont signé l’Accord d’Alger au lendemain des attaques. L’histoire vient ainsi de donner raison au président de la République qui a privilégié le dialogue à l’affrontement, ce qui n’était pas du goût de certains représentants de la classe politique et de la société civile.
Le gouvernement avait été pris à partie pour avoir accepté de signer un accord avec les rebelles et surtout sur le territoire algérien. Les deux généraux Amadou Toumani Touré et Kafougouna Koné ont été traités de tous les mots, attaqués dans la presse. Alors, il était fréquent de voir des titres comme : “les généraux capitulent, ces généraux tirailleurs…”.
En signant l’Accord d’Alger, certains de nos compatriotes demandaient pourquoi le président de la République accorde des privilèges particuliers aux agitateurs de la bande de IIad Ag Ali, Hassan Fagaga et sa suite.
Rappelons que les insurgés, lors de l’attaque des camps de Kidal, ont emporté avec eux des armes et des munitions mais aussi des véhicules de l’Armée.
On avait reproché en son temps au Chef de l’Etat d’accepter l’accord d’adhésion proposé par les mutins, en excluant toute solution militaire à un problème qui relève du commandement de l’armée et de la discipline militaire.
L’ACCORD DE LA HONTE A PAYE
Après l’attaque des camps militaires par les insurgés, les autorités avaient deux hypothèses: soit organiser une riposte soit choisir l’option diplomatique. Après une analyse approfondie de la situation, le Général ATT a laissé tomber l’option militaire, puisque personne ne pouvait mesurer avec exactitude les conséquences d’une aventure militaire contre les rebelles.
Le président de la République , en signant l’accord, a voulu éviter un bain de sang à notre peuple. Il est parti du constat qu’à l’heure actuelle, il n’est pas normal que les fils d’une même nation prennent les armes pour s’entretuer. L’exemple ivoirien en est un parfaite illustration. L’histoire enseigne qu’après l’affrontement, les protagonistes sont obligés de recourir à la table de négociations, alors pourquoi ne pas opter directement pour les négociations?
L’Accord d’Alger qualifié par certains comme “l’Accord de la honte” a été signé en terre algérienne entre le 18 juin et le 4 juillet 2006. Les détracteurs estimaient que l’accord contrarie toute l’orthodoxie républicaine de même que l’arsenal juridique interne, le mécanisme institutionnel, en un mot la constitution. Ils n’avaient jamais prévu un retour rapide de la paix dans la zone nord du pays.
L’HISTOIRE DONNE RAISON A ATT
Le Chef Suprême des Armées, en décidant de rencontrer les rebelles pour trouver une issue favorable à leur problème, était sur la bonne voie. Heureusement, Hassan Fagaga et sa suite ont vite compris que leur salut passe par le retour à la paix et qu’ils ne seront jamais tranquilles dans un Etat autre que le nôtre.
Alors, les deux parties ont convenues d’un schéma de développement des régions du Nord. Aussi, le cantonnement était prévu. Les rebelles ont rendu les armes qu’ils avaient emportées. Ils étaient environ 600 éléments le week-end dernier à retourner dans la ville de Kidal et dont certains intègreront les rangs des forces armées et de sécurité.
D’autres seront réinsérés dans des projets de développement. Tout cela a été rendu possible avec l’implication des médiateurs algériens. On a l’habitude de dire ceci : la paix n’a pas de prix. Nous osons espérer que les uns et les autres ont compris cela et que la paix se consolidera dans les régions nord du pays pour le bonheur de tous les Maliens.
Mamadi TOUNKARA
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