Likrakar, dans la région de Tombouctou, ainsi que Fafa et Ineggar à Gao, sont les 3 sites dont les travaux de construction devraient être lancés, mardi, par la mission onusienne au Mali. C’est du moins ce qui ressort de l’interview que le Directeur de l’unité Réforme du secteur de la sécurité/ Démobilisation, désarmement et réintégration de la Minusma, Samba Tall, a accordée à nos confrères de Mikado-FM.
Si le patron de la Minusma, Mongi Hamdi (désormais sur le départ), avait récemment annoncé le démarrage du cantonnement ce 15 décembre, c’est à cette date que les travaux devraient être entrepris sur 3 sites sur les 7 validés à ce jour, selon Samba Tall. «Ces travaux seront lancés respectivement dans la région de Tombouctou sur le site de Likrakar et dans la région de Gao sur les sites de Fafa et Ineggar», a affirmé le responsable onusien, confessant par ailleurs que le processus accuse du retard par rapport au chronogramme défini dans l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. Si l’on en croit M. Tall, les sites en question ont été choisis d’un commun accord avec la Plateforme, la CMA, le Gouvernement et les autres membres de la Commission technique de sécurité (CTS). En effet, sur les 24 sites proposés par les deux parties rebelles signataires de l’Accord, en l’occurrence la CMA et la Plateforme, 13 ont fait l’objet de reconnaissance et 7 ont été validés.
Se prononçant sur la durée de ces travaux, Samba Tall a laissé entendre que la construction d’un site dure entre deux et trois mois. Cela dépend, dit-il, de la position géographique du site, donc de son accès. «La première étape que nous ferons dans chaque site de construction, c’est vraiment le forage, c’est d’amener l’eau, d’abord en priorité», a-t-il précisé, indiquant que chaque site doit accueillir 750 combattants. Le cantonnement, de l’avis de l’interlocuteur de Mikado-FM, devrait contribuer à améliorer de façon significative la situation sécuritaire du Mali, surtout quand on sait que des individus en armes circulent partout dans le Nord du pays. Sauf qu’au moment où M. Tall exprime cet espoir, d’autres sources affirment que le processus de cantonnement bute notamment sur des questions d’interprétation. A les en croire, si des mouvements signataires de l’Accord acceptent d’aller au cantonnement, d’autres mettraient plutôt en avant les patrouilles mixtes, menées par les forces armées maliennes, la Plateforme et la CMA. Les mêmes sources estiment par ailleurs que des détails importants restent encore à régler avant le démarrage du processus, notamment l’entretien des hommes qui seront cantonnés. D’ailleurs, sur la question du cantonnement, il faut dire que le fossé semble de plus en plus se creuser entre le gouvernement et les mouvements armés signataires de l’Accord, notamment la Plateforme qui ne cache plus sa méfiance vis-à-vis de l’Etat malien. En effet, à la faveur de la conférence débats organisée par le Parena, le samedi 12 décembre 2015, Me Harouna Toureh de la Plateforme avait été on ne peut plus clair. «Si nous cantonnons nos hommes, personne ne nous écoutera encore au niveau du pouvoir», avait laissé entendre le porte-parole de la Plateforme qui, dans un passé récent, était pourtant considéré comme un ‘’allié’’ du gouvernement malien. D’autres mouvements, ceux de la Compis 15 notamment, pensent pour leur part que le processus sera voué à l’échec si certains aspects relatifs à «l’inclusivité» de l’Accord ne sont pas réglés avant. Or, la Compis 15 qui compte six mouvements armés, se bat toujours pour cette inclusivité. C’est ainsi dire que le plus difficile est bien à venir pour le processus du cantonnement des ex-combattants rebelles.
Bakary SOGODOGO