Si le Mali le veut bien, il brillera à nouveau d’un éclat pur après le temps éprouvant des cyclones, le temps des chutes et des humiliations. Temps où il a appris les limites de ses mythes légitimateurs mais surtout la faiblesse du réel bâti par ses efforts. La dynamique crisogène et sa poussée belligène ont enrichi le Livre du Mali avec ce que tout désir de projection doit au trésor mémoriel quand “hier”, “aujourd’hui” et “demain” se tiennent dans l’étrange surgissement du Temps.
Même sous des tas de ruines, les grandes nations trouvent au sein d’elles-mêmes quelques filles et fils travaillés par l’Esprit de Sacrifice pour porter le Destin collectif. Insensé qui croit que le Mali est fini. Même affaibli, même à terre, cette vieille nation a d’immenses ressources dans son tréfonds pour honorer le Serment “trahi”, porter le Flambeau “tombé”, élever la Conscience “humiliée”, ouvrir le champ des Possibles pour un autre Horizon nouveau. Il n’y a pas une seule grande nation au Monde qui n’ait pas connu un cycle sombre, un moment de désespoir et d’humiliation. N’est-ce pas que c’est bien dans des moments tragiques que les nations s’étonnent de leurs propres capacités de résistance ?
En dépit de la mangercratie ambiante et des égos dithyrambiques, il existe un Esprit-Mali comme Idée supérieure de ce qui fonde un parcours millénaire et complexe. Dans ce pays humilié, il existe encore d’insoupçonnées possibilités de reconquête d’une Dignité nationale. Et l’on voit bien l’augure de cette flamme, cette clameur, même latente, qui commence à donner de la Voix à Bamako pour aller planter le Drapeau du Mali à Kidal, Kidal, le Malien, Kidal, notre 8ème corps administratif, Kidal, là où le Mali divers se fait esthétique de la nation tissée par les brassages séculaires. Là où le touareg tout comme le bambara est chez lui. Ce Mali pluriel, divers, interpénétré et indivisible n’est pas une fiction. Il est un irrépressible désir d’Avenir collectif. Ce Mali, même faible mais si altier, est ce qui ne meurt pas. Il survivra à ses serviteurs loyaux et à ses traitres passagers.
Plus que force du Verbe, il est ce qui permet le déferlement de l’Action au nom de ce qui pose la Sécurité, la Stabilité et l’Unité comme Triptyque stratégique, préalable à tout progrès socio-humain dans l’Écosystème interne et ses déclinaisons géopolitiques et géostratégiques. Loi du continuum où l’entremêlement, en dépit des antagonismes, invite les peuples à un minimum de coopération afin que la Paix ne soit pas un concept vain. Cet Esprit-Mali est ce qui fait revenir la force de continuer le Combat chaque fois que l’on croyait tout perdu. Souffle d’une nation qui refuse de disparaître, désormais informée et instruite de ses propres faiblesses, de ses propres fragilités.
De la mémoire cette crise profonde, l’Intelligence collective puise les vertus du Volontarisme et surtout de l’Humilité de celui qui aura appris de ses erreurs et de ses fautes pour penser, dire et faire l’Histoire. Histoire, œuvre des hommes quand le Temps et l’Espace s’offrent comme possibilités d’invention d’un Destin, solide parce que collectif dans la beauté de la tolérance et de la fraternité.
Yaya TRAORE