Boîte postale : Paroles de sage

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«Envoyez les jeunes parler aux jeunes des groupes armés. C’est à IBK de dire à Hollande ce que le Mali attend de la France».

 

Le sage de Batal, le patriarche Kohénna  Issoufou, actuellement entre le Ghana  et le Bénin, pour les sacrifices annuels dans le Dendi Songhay, a bien voulu nous donner son impression sur la résolution de la crise au Nord du Mali et son apport personnel en tant que notable très crédible auprès de la majeure partie de la population.

 

 

Celui qui avait prédit la défaite des djihadistes, «sans que le Mali ne tire un seul coup de feu dans le Gourma (sud-est en langue songhay)», a indiqué clairement que toute solution «fabriquée à l’extérieur par des gens qui ne connaissent, ni l’histoire ni la culture de nos terres, sera vouée à l’échec. Nos terres, elles-mêmes, rejettent toutes solutions injustes. Car, la terre a un rapport avec les hommes et ceux qui ignorent ces rapports ne font que perdre leur temps. Ils peuvent avoir de courtes victoires illusoires mais, c’est à leur perdition que cela aboutira». Ces paraboles du vieux sage sont bien sûr à décoder.

 

 

Le sage de Batal a toujours été l’ennemi des extrémistes. Versé dans la plus pure tradition des Jimmaw (sorciers djerma-songhay), il s’est attiré dès les années 70 les foudres du Mollah de Kadji, Seydou Idrissa, dont les sbires projetaient déjà de le faire disparaitre. Il déclina l’offre du pèlerinage à La Mecque de son  ami, le  général Moussa Traoré alors président de la République et n’a, selon ses propres termes, jamais abandonné la voie de ses ancêtres.

 

 

Recherché par les djihadistes lors de l’occupation, Kohénna, comme l’appelle familièrement ses proches, n’a jamais été inquiété. Et, c’est en pleine occupation qu’il a déclaré à un de nos confrères la défaite imminente et la malédiction qui s’est déclenchée contre les hordes criminelles qui ont attaqué le Mali. Sacrificateur de plusieurs mouvements d’autodéfense et très écouté auprès des communautés Songhay de la sous-région, celui qui a son entrée auprès de presque tous les chefs d’Etat de la Cedeao, sait de quoi il parle.

 

 

Interrogé sur sa participation à une éventuelle réunion ou forum, sur l’avenir du Nord du Mali, le sage de Batal soutient qu’il ne comprend pas l’empressement des autorités à n’écouter que ceux dont la jeunesse porte les armes.  «Nous avons un pacte avec le Mali et avec notre Etat, mais notre avenir se discute chez nous et avec nous seuls. Ce n’est pas à nous d’aller voir qui que ce soit. Si des gens veulent vivre en paix sur la terre de nos ancêtres, il n’y a pas d’inconvénient. Lorsque des gens comptent sur leurs armes pour asseoir l’injustice sur nos terres, ils seront perdants et vaincus. Je ne suis, ni le Chef Songhay ni le Chef Arma. Mais, ils savent qu’ils ne seront pas suivis, s’ils se rabaissent à aller embrasser la main des assassins de nos enfants, sans qu’il n’y ait, ni justice ni pardon. Notre terre a une histoire et une identité qui ne peuvent être, ni falsifiées ni anéanties», rappelle-t-il.

 

 

Interpelé sur la présence française, le sage de Batal affirme que la France est notre amie, qu’elle est là pour nous aider à mettre en valeur et à sécuriser nos ressources mais que chacun doit parler avec la France pour mieux comprendre sa démarche.  «François Hollande est sage, mais il ne peut savoir ce que nous voulons si nous ne le lui disons pas clairement. C’est à IBK de dire à la France ce qu’attend le Mali», propose-til.

 

 

Kohénna prône d’envoyer les jeunes de même génération discuter de la paix avec ceux qui ont pris les armes. Les hommes de même génération, sachant qu’ils ont encore du chemin à parcourir ensemble,  ayant vécu les mêmes choses, ayant les mêmes émotions, seraient mieux enclin à se comprendre.

Isaac Théra

 

 

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2 COMMENTAIRES

  1. Je connais le sage Kohénna un guérisseur hors pair. Mais certains disent qu’il est plutôt nigérien ou béninois.

    • Nigérien, malien, béninois… quelle différence! Souviens toi que l’actuel chef des Diarra de Ségou est béninois! Prions et œuvrons pour le renforcement des liens entre nos peuples, tout le reste est superficiel!

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