Blocage dans le processus de mise en œuvre de l’accord de paix et de réconciliation : Le colonel Abass Ag Mohamed Ahmad et ses hommes du CJA, s’opposent à la mise en place des autorités intérimaires à Tombouctou

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Après Kidal, Gao et Ménaka, c’est Tombouctou qui a été le théâtre d’une opposition du groupe armé, le CJA, à la mise en place des autorités intérimaires dans la cité des 333 Saints. Les raisons de cette opposition ne sont pas à chercher loin, elles découlent du sentiment d’abandon et d’être des laissé-pour-compte de la République, qui dans sa volonté d’imposer des autorités intérimaires non issues du sérail, semble mépriser bien  des acteurs importants du processus. C’est eux qui ont décidé de se faire entendre. Des patrouilles mixtes, à la mise en place des autorités intérimaires en passant par le MOC, l’Accord est-il en train de prendre de l’eau de toutes parts ?  La responsabilité du blocage n’incombe-t-elle pas à l’Etat qui souffle le chaud et le froid ? Que font la MINUSMA et Barkhane pour imposer la paix à ces groupuscules armés ?

Signé en grandes pompes devant toute la communauté internationale, pour permettre une sortie durable de la crise, l’Accord est aujourd’hui dans l’impasse et sa mise en œuvre se fait cahin-caha. Cette progression à pas de tortue dénote du manque d’inclusivité et de consensus autour de l’Accord, d’où l’hostilité des uns et le scepticisme des autres quant à sa mise en œuvre. Pour rappel, le premier acte du long et fastidieux chemin vers la paix devrait être d’abord le Désarmement, la Démobilisation et la Réinsertion des combattants. Cela pour non seulement se faire une idée du nombre des combattants qui pullulent dans le vaste désert du septentrion malien, mais aussi et surtout récupérer leurs armes. Cette opération a été un échec. La seconde étape devrait être les patrouilles mixtes. Là également, la montagne aura accouché d’une souris. Les patrouilles à peine entamées ont été sérieusement endeuillées par un attentat meurtrier faisant une centaine de morts. Cet attentat a non seulement sapé le moral des troupes, mais aussi jeté le pavé dans la marre du gouvernement et des forces étrangères qui, par négligence, n’ont pas vu venir le monstre. La mise en place des autorités intérimaires devrait être la quatrième activité. Mais comme les trois précédentes, cette activité a elle aussi connu ses avatars. Si les autorités intérimaires ont été installées, non sans peine à Kidal, Gao et Ménaka, la région de Tombouctou reste plongée dans une incertitude imposée par un nouveau groupe qui est devenu le creuset de tous les combattants qui seraient frustrés, lésés et brimés. Il revient désormais au gouvernement de relire l’Accord, qui ne peut point avoir la sacralité et l’immuabilité de  la Bible ou du Coran, afin qu’il soit le plus inclusif et consensuel possibles. Cela permettrait que sa mise en œuvre se poursuive sans heurts. Le gouvernement devra plus que jamais tirer les leçons du passé récent pour éviter les multiples couacs pour l’avenir.

En définitive, gouverner étant prévoir, l’anticipation et la promptitude doivent être les deux armes les plus redoutables pour des gouvernants vigilants.

Youssouf Sissoko

youssouf@journalinfosept.com

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