Bert Koenders,chef de la Minusma : «Je comprends très bien ce qu’a dit le Tchad… Nous en discutons»

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Bert Koenders,chef de la Minusma :  «Je comprends très bien ce qu’a dit le Tchad… Nous en discutons»
Hommage rendu aux 5 Casques Bleus tchadiens tombés sur le champ d’honneur au service de la paix au Mali (Photo: MINUSMA/Fred Fath)

« Pourquoi n’y a-t-il pas de mort français, malien ? pourquoi seulement les Tchadiens ?, Saleh Kebzabo, chef de fil de l’opposition politique tchadienne

 

S’il ait une chose sur laquelle s’entendent opposition et gouvernement tchadiens, c’est bien le sort réservé au contingent du pays déployé au Mali. Et ce n’est pas une bonne nouvelle ni pour la MINUSMA, encore moins pour Bamako.

 

Dans un communiqué rendu public en début de semaine et consécutif à la mort de dix soldats à Aguelhok, N’djamenah a quelque peu élevé le ton.   On peu y lire ceci :

 

«Le Tchad constate avec regret que son contingent continue à garder ses positions au Nord-Mali et ne bénéficie d’aucune relève. Pire, notre contingent éprouve des difficultés énormes pour assurer sa logistique, sa mobilité et son alimentation… le contingent tchadien est utilisé comme bouclier aux autres forces de la Minusma, positionnées plus en retrait.

 

« Le Gouvernement interpelle les responsables de la  Minusma et les invite à un traitement juste et équitable de tous les contingents mobilisés dans cette opération (…). Un délai d’une semaine est accordé à la Minusma pour opérer les relèves nécessaires et mettre à la disposition du contingent tchadien tous les moyens destinés à l’accomplissement de sa mission. Passé ce délai, le Tchad se réserve le droit de prendre les mesures qui s’imposent»

 

Auparavant, c’est la classe politique, par la voix de Saleh Kebzabo, chef de file de l’opposition qui s’exprimait en ces termes aux medias.  «Où sont les autres contingents ? Pourquoi n’y a-t-il pas de mort français, malien ? Pourquoi seulement les Tchadiens ? Il nous faut des réponses» (sourcehttp://www.journaldutchad.com).

 

Sur le terrain au nord du Mali, des officiers du contingent en question se sont également adressés aux medias dont l’AFP :

«Nous en avons marre ! La Minusma considère nos troupes comme du bétail pour les jihadistes. Ils nous considèrent vraiment comme des ‘moutons à sacrifier… À Aguelhok, nos troupes dorment souvent dans leurs voitures… À la date du 24 août, il n’y avait même pas une radio à Aguelhok pour communiquer avec les autres localités. C’est grave. Nous nous demandons si c’est parce que nous sommes des Noirs que nous n’avons pas droit aux mêmes mesures de protection que les autres troupes » (…) «Même la manière d’annoncer la mort des Tchadiens est différente de l’annonce des autres morts. Les blessés de la dernière attaque jeudi ont été “trimbalés entre Aguelhok et Tessalit sans aucune coordination… Si ça continue, nous allons plier bagages».

 

En réaction, M.  Bert Koenders, chef de la MINUSMA tente d’apaiser la tension : «Je comprends très bien ce qu’a dit le Tchad. C’est le pays qui a fait, je crois, le plus pour le pays. Ils ont perdu beaucoup d’hommes. J’étais vraiment attristé et je voudrais présenter mes condoléances aux familles. J’ai aussi beaucoup de respect. Ce sont des troupes qui connaissent bien le terrain, qui ont montré beaucoup de courage. Ils ont aussi payé de leurs vies pour ça

 

«C’est pour eux très difficile de voir de nombreux Tchadiens être victimes de ce qui s’est passé, et c’est pour ça qu’on va voir ensemble comment les positions des forces tchadiennes peuvent être renforcées…Il faut les soutenir»… Et d’ajouter à propos de l’ultimatum : «Nous en discutons».

 

Pourquoi le Tchad ?

On la sait redoutable et efficace. Mais ceci ne semble pas être la seule raison des pertes de l’armée tchadienne au Mali.

Les occupants semblent ne pas pardonner à Idriss Deby la mort de leurs leaders. Souvenez-vous-en : le Tchad a annoncé au mois d’avril dernier, la mort de deux responsables d’Aqmi, dont  Abou Zeid et Mokhtar Bel Mokhtar. Le président tchadien, Idriss Deby, a en effet déclaré que son armée avait bien tué les deux combattants islamistes. L’information n’a jamais été confirmée ni par le Mali ni par la France. Mais le Tchad persistait. En tout état de cause, l’on n’entendit plus parler de ces deux personnes, du moins, jusqu’à ce jour.

 

En clair, même si ce constat est loin d’une preuve formelle, les déclarations du président tchadien sont de nature crédible. Et la mort  probable d’Abou Zeid et de Mokhtar Bel Mokhtar peut expliquer l’acharnement contre le contingent tchadien.

 

Aussi, quand bien même le Tchad ne fasse partie de la Cédéao (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest), il possède cependant sur le terrain, un contingent de plus de 2.000 hommes dont 1.800 en première ligne. Et parmi ces hommes, le propre fils du président tchadien Mahamat Idriss Déby Itno qui assure le commandement.

Pour la plupart issus de l’ethnie du président Deby, les Zaghawa, ces combattants aguerris ont participé à plusieurs opérations militaires au Tchad même, au Darfour soudanais et  plus récemment en Centrafrique. En clair, il faut plus qu’une pression des jihadistes du Nord Mali pour les faire craquer. Leurs revendications et reproches n’en sont  pas moins justes.

 

La «discrimination» de la MINUSMA

« Le gouvernement [du Tchad] ne peut pas accepter que le contingent tchadien serve de bouclier pour les autres contingents placés plus en arrière». Le reproche est clair. Plus poignantes encore les expressions «négligence», «précarité» «discrimination», «moutons de sacrifice», «boucliers»,« bétail pour jihadistes »,  etc. Avouons-le : le dispositif de la MINUSMA s’avère en effet troublant.

 

Pour rappel, les  effectifs militaires sont fournis par les  pays contributeurs de troupes : l’Allemagne, le Bangladesh, le Bénin, le Burkina Faso, le Cambodge,  la Chine, la Côte d’Ivoire, le Danemark, l’Estonie, les États-Unis d’Amérique,  la Finlande,  la France, la  Gambie, le Ghana,   la Guinée, la Guinée-Bissau, l’Italie, la Jordanie, le  Kenya,  le Libéria, la  Mauritanie,  le Népal, le Niger, le Nigéria, la Norvège, les Pays-Bas, la République dominicaine, le Royaume-Uni,   la Grande-Bretagne, le  Rwanda, le Sénégal,  la  Sierra Leone,  la Suède, la Suisse, le Togo, le Yémen, et, bien sûr le Tchad.

 

Quant au personnel de police, il  provient de: Allemagne, Bangladesh, Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Côte d’Ivoire, Égypte, France, Ghana, Guinée, Jordanie, Madagascar, Niger, Nigéria, Pays-Bas, République démocratique du Congo, Rwanda, Sénégal, Suède, Suisse, Tchad, Togo, Tunisie, Turquie et du  Yémen (source : MINUSMA).

 

La CEDEAO avec ses 15 pays, avait promis 8.000 hommes à déployer. Elle n’en a aujourd’hui que 3.500. Et l’essentiel de ces troupes n’est pas mobilisé sur la ligne défense. Mais bien ailleurs !

 

Le Tchad qui n’est pourtant membre de la CEDEAO dispose de plus 2.000 hommes dont 1.800 en première ligne. Edifiant ! Et dire qu’ils ne bénéficient pas de soutien approprié est tout simplement injuste et effectivement  discriminatoire. Un dysfonctionnement à corriger !

 

 

L’armée malienne doit se sentir interpellée

Les questions soulevées par l’opposant tchadien Saleh Kebzabo  doivent interpeller les FAMA (l’armée malienne), non qu’un soldat malien ou français doive être nécessairement tué.  Mais parce qu’il s’agit d’abord d’une affaire malienne avant toute chose. On le sait : c’est au nom de l’apaisement que l’armée malienne est interdite de déploiement dans la zone. Il n’est cependant pas militairement correct de laisser les autres faire seuls le boulot. Par ailleurs, faut-il rappeler que c’est le contingent tchadien qui a minimisé la perte côté malien lors de la débâcle de Kidal ? Ce sont, en effet les tchadiens qui sont allés à la rencontre des FAMA lors de leur repli pendant que les troupes de la MINUSMA s’abstenaient de participer aux combats.

Aujourd’hui que les FATIM (forces tchadiennes au Mali) évoquent vertement la question, l’armée malienne se doit d’avoir un sursaut d’orgueil.

B.S. Diarra

 

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3 COMMENTAIRES

  1. Une armée républicaine est dirigée par son Président ce qui n’est pas le cas actuel au Mali car nous sommes sous protectorat. Le sursaut national ne doit pas faire l’apanage de l’armée seulement mais de tout le peuple malien.

  2. Nos condoleances les attristees aux familles des victimes et au peuple Tchadien. Le peuple malien reste reconnaissant Envers le peuple tchadien en ce moment difficile de l’histoire de notre pays, le Mali.

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